Le choix d’ASO d’inviter sur la Grande Boucle Europcar, Cofidis et Sojasun a laissé sur le bord de la route la formation d’Emmanuel Hubert, Bretagne-Séché-Environnement. Pleine d’ambition, la structure bretonne est cependant consciente qu’elle doit encore s’améliorer pour participer au Tour de France. Après un début de saison difficile, les coéquipiers de Jean-Marc Bideau – seul coureur de l’équipe à avoir levé les bras cette saison – commencent à relever la tête. Suite à un Paris-Roubaix réussi et avant un Dauphiné qu’ils espèrent tout aussi bon, les Bretons nourrissent des ambitions légitimes. Leur ascension est déjà très nette, et ils ne comptent pas s’arrêter là.
Bonjour Emmanuel. Pour commencer, comment ne pas évoquer ces fameuses invitations pour le Tour de France. On a appris samedi que vous n’étiez pas retenu avec votre équipe Bretagne-Séché-Environnement, comme avez-vous vécu cette nouvelle ?
Je l’ai vécu de la manière qui se doit. Je suis bien obligé d’être un minimum fataliste. Il y a des sélections, on n’y est pas, donc c’est aussi à nous de nous remettre en question. On n’a pas effectué un très bon début de saison, je pense que ça a joué. Après il y a de belles épreuves qui arrivent comme les Quatre jours de Dunkerque, le Dauphiné, le Tour de Norvège, où on a des objectifs à atteindre et où j’espère que les coureurs seront plus à la hauteur qu’ils ne l’ont été jusque là.
C’est vrai que vous avez eu un tout début de saison poussif, mais vous étiez plus à votre avantage ces dernières semaines. Vous pensez qu’ASO n’a pas tenu compte de vos derniers résultats ?
Non, je pense qu’on doit être dans la performance tout au long de l’année. Mais c’est sûr que moi j’ai un effectif de 17 coureurs quand Europcar, Cofidis et Sojasun en ont 23. Ça reste donc compliqué, le turn-over est réduit. Mais je reste persuadé que si les coureurs avaient effectué un meilleur début de saison, la donne aurait été différente.
Comme vous l’avez noté, les trois équipes sélectionnés sont de plus grosses structures, et avec seulement trois wild-cars à attribuer, vous ne partiez pas favoris. Avez-vous été surpris par les choix de l’organisation ?
Non, je m’y attendais, je suis pas non plus maso. Quand on regarde les résultats… Après c’est vrai que chez Cofidis aussi, les performances sont en deçà de ce qu’elles devraient être. Sauf que là, on peut se dire que sur le Tour de France, des coureurs comme Taaramae ou Coppel auront un réveil. Mais c’est sûr que chez eux non plus, le début de saison n’est pas tonitruant.
On remarque dans vos propos que vous être très déçus…
Bien sûr que je suis déçu, mais je reste aussi dans le réalisme. Ce Tour de France aurait pu être très compliqué. Je n’ai pas forcément toutes les armes pour effectuer une aussi grande et exigeante épreuve. Alors bien sûr que c’est décevant mais il faut qu’on se remette en question, qu’on aille de l’’avant et qu’on soit encore plus actifs.
Vous dites que vous n’auriez pas les armes pour faire un grand Tour, mais sur les grandes épreuves auxquelles vous avez participé (Omloop Het Nieuwsblad et Paris-Roubaix notamment), on a vu vos coureurs se montrer à leur avantage. Il y a une motivation particulière ?
Bien sûr, et si on avait été au départ du Tour de France, mes coureurs se seraient transcendés, c’est certain. Mais il faut procéder étape par étape, et c’est vrai qu’être démuni de garçons comme Romain Hardy, Laurent Pichon ou Johan Le Bon, ça me fait boiter un petit peu en début de saison. En plus de ça, j’ai eu aussi un effectif renouvelé à près de 50%, donc le temps de retrouver un collectif, une bonne osmose, ça prend du temps… En puis, on n’a pas forcément de chance. Clément Koretzky marchait très bien sur le Tour de Turquie et il s’est cassé la clavicule, donc on n’est pas vraiment vernis depuis le début de saison…
Vous venez de l’évoquer, il y a eu sept nouveaux arrivants à l’intersaison. L’adaptation a été longue ?
Effectivement, l’adaptation a été longue, et puis l’équipe a un fonctionnement et ce n’est pas forcément évident de s’adapter à ça pour les coureurs. Ça se fait petit à petit, ça prend du temps.
Il y a aussi eu le changement de sponsor cet hiver, quel rôle a-t-il eu ?
Que Séché nous rejoigne est de très bonne augure puisque c’est un partenariat de trois ans qui s’inscrit dans la durée. Mais après il faut être à la hauteur de ces sponsors, et après notre début de saison pas très fleurissant, il va falloir se rattraper.
Vous l’avez dit, il va y avoir les Quatre jours de Dunkerque, le Dauphiné, mais aussi de nombreuses autres occasions de vous montrer…
Oui, il y a surtout les Championnats de France en Bretagne qui sont pour nous très importants. J’espère qu’on sera tout près du vainqueur si ce n’est le vainqueur.
A propos de votre équipe, il y a une très bonne osmose entre les jeunes et les plus anciens. Les relations sont-elles importantes entre eux ?
Oui, j’ai toujours voulu que ça se passe comme ça, que les jeunes ne se sentent pas laissés pour compte mais qu’ils soient – à leur demande – plus facilement intégrés à l’équipe par les anciens.
Geoffroy Lequatre est l’un de ces anciens, très importants. Il était en fin de contrat en fin de saison dernière, comment s’est déroulé le renouvèlement ?
Il n’avait pas vraiment envie de partir donc on est retombé sur un accord ensemble. Et après c’est sur que ce sont des garçons comme Geoffroy, Jean-Marc Bideau, Florian Guillon, Florian Vachon ou Arnaud Gérard qui intègrent les jeunes du mieux qu’ils peuvent. C’est nécessaire dans une équipe pour avoir la meilleure osmose possible.
Pour terminer sur vous, vous souhaitez toujours poursuivre avec Bretagne-Séché, et emmener l’équipe le plus haut possible, jusqu’au Tour l’an prochain ?
Oui c’est toujours mon souhait, mais il faut qu’on progresse partout. Que ce soit financièrement, sportivement ou sur le plan structurel, il y a plein de choses où l’on doit s’améliorer pour être opérationnel en 2014 pour participer au Tour de France.
Propos recueillis par Robin Watt