Ce samedi, la Vuelta retrouvait la haute montagne avec les Pyrénées. Et alors que l’on comptait quatre potentiels vainqueurs ce matin, il n’en reste plus que deux : Vincenzo Nibali, toujours solide maillot rouge ; et un dernier challenger : Chris Horner.
Une élimination progressive
Deux places gagnées en une seule journée, c’est la bonne opération réalisée aujourd’hui par l’Américain Horner. Quatrième à l’aube de cette étape arrivant en Andorre, le garçon de 41 ans est désormais deuxième, et le seul à moins d’une minute du leader qu’est Nibali. En effet, Nicolas Roche et Alejandro Valverde, qui complétaient le podium jusque là, ont lâché prise. L’Irlandais, victime d’une grosse défaillance, a perdu plusieurs minutes et se retrouve désormais 6e. Le Murcian, lui, a du faire face à un froid qui l’a frigorifié dans la descente, et n’a pas pu refaire tout son retard dans la montée. Toujours troisième au général, il pointe cependant à 1’42’’. Les deux hommes, que l’on annonçaient comme animateurs de la dernière semaine pour faire tomber le grand favori transalpin, ne viseront désormais plus que le podium.
La faute, on a pu le constater avec les retransmissions, à des conditions climatiques dignes du dernier Giro. Froid et pluie au programme, les abandons ont été nombreux, et pas des moindres. Ivan Basso, notamment, a baissé pavillon malgré un très bon début d’épreuve. Les autres ont eu du mal, et personne n’a pu suivre le duo Nibali-Horner dans l’ultime ascension. Le coureur de la Radioshack, qui a fait le plus gros du travail dans les derniers kilomètres, a cédé quelques longueurs dans les tout derniers mètres, mais demeure à 50 secondes au général. Une performance dont on ne l’imaginait pas capable avant le départ de cette Vuelta. Lui, l’homme qui n’avait jamais fait mieux que neuvième sur une épreuve de trois semaines se retrouve en position de jouer la victoire. Le tout à presque 42 ans. De quoi forcément étonner.
Nibali intouchable ?
Malgré tout, durant toute la semaine, Horner n’a fait que perdre un peu de temps chaque jour, dilapidant ainsi le matelas qu’il avait acquis dimanche dernier à la suite d’un numéro incroyable vers l’Alto de Hazallanas. Maillot rouge avec 43 secondes d’avance sur le Squale lors de la journée de repos, la tendance s’est inversée lors du chrono de Tarazona, et confirmée ce samedi en Andorre. Le Sicilien semble bien être le plus fort, tant physiquement que tactiquement. L’Italien a notamment parfaitement joué le coup ce samedi, parvenant à s’économiser et à faire travailler un Horner qui aurait plutôt dû se concentrer sur son véritable objectif, à savoir lâcher le maillot rouge de sa roue. Au lieu de ça, il a roulé pour creuser l’écart sur ses poursuivants, faisant le jeu de Nibali qui n’a eu qu’à lui passer devant dans les derniers hectomètres.
De quoi nous laisser penser que le vainqueur du Giro en mai dernier est intouchable. S’il ne nous a pas encore gratifié de numéros solitaires comme il avait pu le faire sur la course rose, le leader d’Astana semble gérer la course à la perfection, comme si tout fonctionnait à merveille. A huit jours de l’arrivée, il est plutôt confortablement en tête et n’a déjà plus qu’un adversaire à surveiller. Un rival dont l’inconnue plane toujours au dessus de la tête, puisqu’on se demande encore s’il tiendra à ce niveau jusqu’à Madrid. Nibali, lui, est programmé pour les Mondiaux, et va inéluctablement monter en puissance lors de la dernière semaine. Horner va donc devoir s’accrocher. L’homme de 28 ans est en route pour le doublé, et on a de plus en plus de mal à l’imaginer autre part que sur la plus haute marche du podium à Madrid…