Ces derniers jours, l’Espagnol et l’Italien ont livré quelques indices sur leur programme de la saison prochaine, avec pour les deux hommes une petite surprise : ils seront au départ du Giro avant de disputer la Grande Boucle. Le doublé, que l’on sait terriblement difficile à réaliser, sera donc leur grand objectif. Mais même pour eux, est-ce réalisable ?

Leur expérience

Contador et Nibali sont des habitués des courses de trois semaines, ils y ont chacun levé les bras cette année, et historiquement, en comptent neuf à eux deux. Si certains peuvent se permettre de tenter le doublé sans revoir à la baisse leurs ambitions, ce sont donc bien eux. Mais leur statut ne rendra pas plus facile cet improbable enchaînement, qu’ils ont tous les deux déjà tenté. Pour le Squale, c’était en 2008, quand il n’avait encore que 23 ans. A l’époque, il n’était presque personne, et s’était montré plutôt à son avantage sur la course rose (11e) avant d’être légèrement plus en retrait en juillet (20e). Une expérience que le Sicilien n’a pas rééditée, et qui ne veut pas dire grand chose tant elle remonte… Pour le Pistolero, pas vraiment un habitué du Giro (deux participations), l’enchaînement n’est pas non plus une constante. Il ne l’a réalisé qu’une fois, en 2011. Et après une victoire éclatante sur les routes italiennes, il avait clairement marqué le pas sur la Grande Boucle, relégué bien loin d’Evans et des Schleck, qui se disputaient la victoire. Pourtant, à l’époque, l’Espagnol semblait au sommet de sa forme, et si quelqu’un avait dû réussir le doublé, ça n’aurait pas pu être quelqu’un d’autre…

Les conditions

Marco Pantani est le dernier coureur à avoir réussi à remporter Giro et Tour de France la même année, c’était en 1998. Et avant lui, il fallait remonter onze ans plus tôt, avec Stephen Roche. Très clairement, l’enchaînement est devenu quasiment impossible. Pour qu’il le redevienne, il faudra d’abord que la lutte sur le Giro ne soit pas trop féroce, ce qui malgré tout, avec les deux larrons au départ de Sanremo, paraît bien difficile. Mais surtout, il faudra que le Tour de France propose un parcours qui favorise Nibali ou Contador. Avec trop de chrono, à n’en pas douter, Froome serait avantagé, et sa fraîcheur physique par rapport à ses rivaux (il axera lui tout sur le Tour) fera indéniablement la différence. A l’inverse, si la montagne est la seule à l’honneur, Quintana pourrait rafler la mise… En bref, il faudrait un parcours similaire à celui de cette année, sauf qu’A.S.O a sans doute prévu d’apporter des changements, pas de quoi rendre plus faisable ce fameux doublé. Pour garder un infime espoir, les deux hommes devront arriver au départ de l’épreuve transalpine le plus frais possible, et sans doute courir le moins possible avant le Tour. Leur préparation n’aura rien à voir avec celle de cette année…

Il faut y croire

En 2015, le Tour d’Italie ira redécouvrir la station de Madonna di Campiglio, là où Pantani avait été exclu de l’édition 1999 maillot rose sur le dos. Un petit signe du destin qui nous fait repenser au Pirate, et donc forcément à son exploit de 1998. Mais surtout, la saison 2014 doit nous laisser un petit peu d’espoir. Contador a été capable de se préparer à la Vuelta en quelques semaines seulement après sa chute sur le Tour de France, et Nibali s’est montré plein de maîtrise lorsqu’il a fallu gérer son avantage décisif sur les routes hexagonales. A bientôt 32 et 30 ans, les deux hommes arrivent à maturité, même si cela peut surprendre tellement on semble les connaître depuis bien longtemps déjà. Une chose est donc certaine, si le doublé est réalisable, c’est par eux, et c’est maintenant. Et puis dans le pire des cas, s’ils passent à côté de leur Tour de France, on peut imaginer qu’on aura au moins eu un Giro particulièrement intéressant, avec deux des plus meilleurs coureurs de grands tours. Pour une fois, le spectacle passera donc avant tout.

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