Après un peu plus d’une semaine de course, rien ne s’est véritablement décanté sur le Giro. Contador, malgré une épaule endolorie, est encore en rose, avec Aru et Porte à quelques secondes. Gianni Savio, manager d’une équipe Androni pas vernie jusqu’à maintenant, livre ses impressions.
Androni à l’attaque, mais Pellizotti défaillant
Malheureusement, on n’a pas eu de chance. C’est une constante cette saison, et c’est assez symbolique que les problèmes soient arrivés à notre leader Pellizotti. Mais il s’est relevé, il est reparti de l’avant et est parvenu à se glisser dans une échappée. C’est ça qui compte ; avoir le bon esprit. D’ailleurs, nous avons établi un record, en étant présent sept jours de suite dans l’échappée. C’est quelque chose que nos supporters apprécient. Sans oublier que pour le moment, Marco Bandiera est leader du classement des sprints intermédiaires. Il avait gagné dans ce classement l’an dernier, ce qui lui avait permis de monter sur le podium de Trieste, et on espère qu’il sera capable de faire aussi bien cette année.
Pour Franco Pellizotti, j’espère qu’il va pouvoir se reprendre dans cette deuxième partie de Giro, mais ça, va dépendre de ses capacités physiques. Après sa défaillance, je lui ai dit que les vrais hommes se voient dans la difficulté, qu’il avait eu un mauvais jour mais qu’on devait l’oublier. Comme je l’avais dit en début de Giro, il y avait plusieurs possibilités : le top 10 au général, le maillot bleu de meilleur grimpeur, ou la victoire d’étape. Désormais, il va donc tenter de décrocher un succès, et on l’attendra notamment en montagne.
Un chrono pour éclaircir le général
Après le chrono de Valdobbiadene, on aura une idée plus précise du classement général. Le contre-la-montre fait 60 kilomètres, il y a une première partie, sur trente kilomètres, totalement plate, avant deux petites bosses de cinq kilomètres, roulantes et finalement pas très dures. Même si ce n’est pas totalement plat, ça reste donc pour des spécialistes. Ce sera du coup très important de voir comment Aru va limiter les écarts avec Porte et Contador, qui roulent bien mieux que lui. S’il perd deux ou trois minutes, ce sera très difficile de les rattraper. Mais on l’a vu cette semaine, il a une grande condition. Il n’a pas cessé d’attaquer. J’attends juste de le voir en haute montagne, où il faut attaquer et ensuite être capable de tenir. Ce sera différent de ce qu’on a vu jusqu’à maintenant.
Il n’en reste pas moins que dans mon pronostic initial, Aru a remplacé Uran. Il a du talent, on le sait, et il a déjà gagné sur des grands tours, que ce soit sur le Giro ou la Vuelta. Il a du caractère, il est très jeune et très enthousiaste. Sans oublier qu’il a une équipe très forte. Il n’a pas pris le maillot rose, et je pense que c’est mieux pour lui. C’est normal qu’il le veuille, avec l’enthousiasme du moment, les supporters, etc. Mais il faut se méfier, car dans une course aussi dure que le Giro actuel, ça signifie faire dépenser beaucoup d’énergie à tous ses coéquipiers. Pour le moment, les Astana n’ont pas cette obligation et ils laissent faire Tinkoff. C’est la meilleure position pour Aru.
Uran en méforme, Porte en embuscade
Uran n’était pas en très bonne condition physique, il avait un peu d’embonpoint. J’ai discuté avec lui et je m’en suis rendu compte. C’est pour ça qu’il n’a pas été au niveau attendu. Il a perdu du temps, mais je pense qu’il va revenir, surtout en troisième semaine. Le problème, c’est qu’avec des adversaires aussi forts que le trio de tête, ce sera très compliqué de refaire son retard. Au contraire, Porte lui, a roulé très intelligemment jusqu’à maintenant. Il est toujours dans l’attente, mais toujours présent.