L’équipe Garmin fait partie des équipes qui montent dans le peloton. A l’image d’Orica GreenEdge ou Katusha, la formation américaine s’appuie sur un effectif varié ou les plus vieux encadrent les jeunes. Cependant, un homme se détache clairement, et il faut faire attention à ne pas tomber dans la Daniel Martin dépendance. En 2013, l’Irlandais a rapporté plus de la moitié des points de l’équipe de Jonathan Vaughters…

Des jeunes prometteurs…

Ce n’est plus un secret, la Garmin de Vaughters a l’habitude de former de très bons jeunes. Avec un garçon qui impressionne plus que les autres : Andrew Talansky, l’un des plus grands espoirs du pays de l‘Oncle Sam sur les courses de trois semaines. Après avoir terminé septième de la Vuelta en 2012, il n’était pas évident pour lui de confirmer sur le Tour de France. Malgré tout, sa dixième place à Paris permet d’entrevoir l’avenir avec de beaux espoirs. D’autant qu’il ne faut pas oublier sa démonstration sur Paris-Nice, où il remporta une étape, et n’échoua qu’à 23 secondes du vainqueur Richie Porte. Plus que prometteur. Et l’équipe peut en plus compter sur d’autres hommes.

Mention spéciale à Ramunas Navardauskas, qui a montré qu’il n’était pas qu’un rouleur. Malgré son grand gabarit, le Lituanien s’est imposé en costaud sur une étape difficile du Giro, prouvant sa réelle envie d’aller de l’avant après sa victoire tel un puncheur sur le Tour de Romandie. On peut aussi citer Rohan Dennis qui après avoir débuté sa carrière sur la piste, s’étend sur la route avec brio. Découvert sur le Dauphiné, où il a défendu bec et ongle son maillot jaune acquis lors du chrono, il a finalement terminé huitième. Un diamant à polir. Sans oublier Lachlan Morton (vainqueur sur le Tour de l’Utah) et Michel Kreder (sur les Quatre jours de Dunkerque), qui font grimper le total de succès. La seule petite déception vient de Peter Stetina, impressionnant sur le Giro 2012 et transparent cette saison. Malgré tout, globalement, c’est une saison positive qui s’est achevée pour la jeune garde de Garmin-Sharp.

…mais des cadres vieillissants…

L’ex TIAA-CREF a su par le passé briller avec des coureurs expérimentés : Christian Vande Velde a souvent montré de belles qualités sur les grands tours, tout comme Tom Danielson, sur le tard. On a même parlé chaque année de “Surprise Garmin” avec les cas de Wiggins et dans une moindre mesure Hesjedal. Mais pour sa dernière saison professionnelle, Vande Velde n’a pas retrouvé ce statut de leader. Plus capitaine de route qu’autre chose, il restera l’une des figures de l’épopée Garmin en World Tour. A 37 ans, et en multipliant les blessures, Vande Velde se retire après une carrière bien remplie (qui l’aura vu terminer 4e du Tour 2008) et quelques aveux au sujet d’un certain Lance Armstrong…

Cependant, il y a bien une grosse déception chez Garmin, et elle s’appelle Hesjedal. Pour le premier Canadien à s’être adjugé une grand tour, il n’a pas été simple de confirmer en cette saison 2013. Contraint d’abandonner en Italie, second couteau sur le Tour de France, Hesjedal s’est concentré sur les classiques. Troisième du GP de Montréal à l’automne, on l’aura en fait plus remarqué pour ses lunettes très “kitsch que pour ses performances, bien insuffisantes pour un coureur de son calibre. D’autant qu’il y a quelques semaines, l’ancien vététiste avouait publiquement s’être dopé il y a dix ans. Une ombre au tableau d’un coureur qui semble avoir eu une apogée très courte. Car il semblerait que le déclin soit déjà là.

Et le Canadien n’en est pas la seule victime au sein de son équipe. Jamais considéré comme un réel meneur d’hommes, Tom Danielson n’a eu le leadership que sur les tours d’une semaine en 2013. A maintenant 35 ans, il semble difficile pour lui de rester régulier sur les grands tours. Malgré tout, Danielson termine la saison avec une belle victoire sur le Tour de l’Utah, une quatrième place sur le Tour de Romandie et une dixième place du Tour de Catalogne. Ce qui en fait le quatrième meilleur pourvoyeur de points pour Garmin. Tyler Farrar, David Millar et Robert Hunter, bien loin de leurs meilleures années, prouvent eux aussi que les anciens mettent le clignotant petit à petit. Heureusement que la jeunesse est là pour prendre la relève.

…et un Dan Martin impérial !

Entre les jeunes et les anciens, il y en un qui ne se pose pas de question, et qui donne le sourire à tous le monde. Avec plus de la moitié des points de son équipe engrangés, Daniel Martin est LE coureur de l’année 2013 pour la formation américaine. Le symbole d’une progression constante. A l’aise en montagne mais encore plus sur les montées courtes et difficiles, il a enfin goûté à la victoire après de multiples places d’honneurs les années précédentes. Et ça a commencé rapidement. Au printemps, il remporte le Tour de Catalogne ainsi qu’une étape devant des pointures comme Nairo Quintana ou Bradley Wiggins. De bon augure pour la suite puisque lors des classiques ardennaises, il s’adjuge Liège-Bastogne-Liège devant Rodriguez. Une victoire de prestige pour une équipe en pleine expansion. Et ce n’était pas terminé.

Dans un Tour de France en demi-teinte sur le plan du classement général, Daniel Martin s’échappe en montagne et s’impose en solitaire à Bagnères-de-Bigorre : héroïque. A ces victoires s’ajoutent des places d’honneurs qui remplissent le palmarès : quatrième de la Flèche wallonne, deuxième du Tour de Pékin, quatrième du Tour de Romandie et huitième du Tour de Suisse, Martin est, à 26 ans, inarrêtable ou presque dans sa progression. S’il est un peu illusoire de continuer d’espérer de lui une victoire sur un grand tour, l’Irlandais fou demeure un excellent puncheur, et une vraie plus-value pour une équipe Garmin-Sharp qui a terminé la saison avec quinze victoires au compteur.

Etienne Jacob

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