Le baroud fantastique du coureur de la Movistar a relevé le niveau d'une étape somnolente - Photo Gazzeta
Le baroud fantastique du coureur de la Movistar a relevé le niveau d’une étape somnolente – Photo Gazzeta

Peu d’attaques, des coureurs au ralenti. L’étape du jour qui s’annonçait mythique n’a pas tenu ses promesses. Au bout de l’ennui, un Visconti résistant remporte enfin sa première victoire sur le Giro. Vincenzo Nibali n’a absolument pas été inquiété par ses concurrents directs qui montrent des signes de fatigue. Dans ces conditions difficiles, le Giro semble déjà plié pour le leader de la formation Astana clairement au dessus du lot, qui sans contrôler excessivement s’est imposé comme le patron au cours d’un week-end escamoté.

Quand la montagne accouche d’une souris…

Après un début d’étape excessivement lent et neutralisé, compréhensible du fait que les meilleurs tenaient à s’économiser pour ne pas terminer dans le même état qu’hier au sommet d’un Galibier enneigé, on pouvait logiquement s’attendre à une grande bagarre sur les pentes du col français. Mythique de part sa longueur, son histoire et sa difficulté, il devait être le théâtre d’une grande offensive menée par des favoris déjà distancés par Nibali au général et qui n’avaient rien à perdre. La réalité de la route en a décidé autrement, le classement général restera figé.

Des coureurs nettement décrochés de la course au maillot rose, tels que Samuel Sanchez et Robert Gesink ont bien tenté de faire la différence – en partant dès l’ascension du Télégraphe dans le cas du Néerlandais – mais leurs efforts resteront vains. Mal organisé, le groupe de contre-attaque chassant l’échappée « matinale » menée par Visconti n’a jamais été en mesure de grappiller du temps, pire, un peloton dirigé mollement par l’équipe Astana n’en a fait qu’une bouchée. Les coureurs représentant encore une « menace » pour Nibali se font rares, techniquement, seuls Evans, Uran, Santambrogio et Scarponi sont dans les temps pour espérer recoller avant l’arrivée finale à Brescia. Restés stoïques tout au long de la montée, ils ont envoyé un signe fort à Nibali qui sait désormais qu’on ne tentera pas de le déloger de son fauteuil confortable de leader. Michele Scarponi a effectivement placé un démarrage à quatre kilomètres de l’arrivée, mais ce coup manquait cruellement de punch et n’a fait que sonner comme un aveu d’impuissance. En recherche de souffle à l’arrivée, le leader de la Lampre symbolise parfaitement l’état global dans lequel se trouvent les challengers du Giro.

Betancur pimente un final quelque peu soporifique 

Dans tout ce paysage morose, un nom tranche avec celui des attentistes : Carlos Betancur. Puce électrique, le Colombien de l’équipe AG2R n’en finit plus de surprendre ! Alors que la chute de Pozzovivo l’a freiné dans ses possibilités d’attaque anticipée, il a finalement attendu que son coéquipier récupère sa position et sa condition au sein du groupe maillot rose pour enfin placer son accélération. Tranchant, volant sur le bitume, Betancur a suivi la tentative des Polonais Majka et Niemiec avec une grande aisance. Voyant Visconti assuré de remporter l’étape, il a toutefois préféré temporiser au sein de ce groupe pour s’assurer la deuxième place. Dommage, car avec ses belles facultés de grimpeurs qui se révèlent au fil de ce Tour d’Italie, Betancur aurait eu les moyens de poursuivre son effort pour grignoter de nouvelles secondes par rapport à ses concurrents du top 10, dont il occupe la 7e place. Une remontée formidable pour un coureur qui, après le contre-la-montre de Saltara, était relégué au delà du 25e rang.

Après ce week-end en partie gâché par les intempéries et l’attentisme des leaders, le Giro retrouvera des routes plus calmes jusqu’à vendredi prochain. La journée de repos salutaire permettra aux organismes fatigués de récupérer quelque peu, puis deux étapes le long de la vallée laisseront aux baroudeurs l’opportunité de se mettre en évidence. Mais méfiance sur cette fameuse 16e étape qui sera propice aux attaques des favoris un peu courts en montagne mais très bons puncheurs, Cadel Evans et Michele Scarponi. L’équipe Astana cherchera certainement à se préserver pour le grand final montagneux qui interviendra deux jours plus tard, et ce sera une bonne occasion de renverser le scénario de ce Giro qui, quoi qu’il puisse encore se passer, gardera l’empreinte d’un Vincenzo Nibali plus que jamais maître de son destin.

Louis Rivas


 

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