Sa saison était axée sur le Tour de France, qu’il comptait bien remporter une deuxième fois de suite. Malheureusement, la première semaine fut fatale au Britannique, victime de plusieurs chutes et contraint à l’abandon. Il s’est donc fixé un nouvel objectif : la Vuelta. Reste à voir s’il sera en mesure d’y briller autant qu’il l’espère…
Pourquoi il gagnera la Vuelta
Il sait se préparer comme personne. Bradley Wiggins, après sa victoire sur les routes de juillet et aux Jeux de Londres, avait comme « disjoncté ». La préparation de la Sky était trop minutieuse pour que l’homme aux rouflaquettes ose s’y remettre pour une année supplémentaire. Il l’a fait à moitié, quelques mois, pour finalement connaître l’échec sur le Giro. Déjà à l’époque, le nouveau patron de l’écurie était Chris Froome. Lui n’a aucun problème pour s’infliger d’énormes charges de travail, même après avoir connu le sacre et la gloire. Pour 2014, il avait donc été aussi pointilleux qu’en 2013, même si par moments, son dos avait dit stop. Il se pointait par conséquent au départ du Yorkshire plus préparé que tous ses concurrents. Son abandon et son changement d’objectif n’est donc qu’un petit contretemps pour Froomey. Cela fait un mois et demi qu’il met tout en place pour remporter la Vuelta, celle-là même où il avait terminé deuxième à treize secondes de Cobo en 2011. Et à n’en pas douter, sa préparation paiera.
Il sera « tout neuf » à Jérez. Au départ du Tour, certains pensaient l’Anglais un peu court. Sa chute sur le Dauphiné et ses résultats largement moins impressionnants qu’en 2013 ne laissaient pas forcément présager une victoire facile. Mais plus d’un mois et demi plus tard, à n’en pas douter, Froome aura pleinement récupéré de ces journées où il a goûté au bitume, et aura pu perfectionner son état de forme. Il n’a pas couru depuis son abandon, mais n’a pas lâché l’entraînement depuis qu’il a pu remonter sur un vélo. Au départ de Jérez, il sera donc dans un état de fraîcheur bien plus avancé que ses concurrents, exception faite à un Contador dans une situation similaire mais dont on doute cependant du complet rétablissement. Quand on se rappelle qu’il avait réussi à terminer quatrième en 2012, alors qu’il était complètement cuit après un Tour de France éprouvant, la victoire semble à portée de main.
Il a battu tous ses rivaux. Pour cette 69e Vuelta, ses rivaux sont clairement identifiables. Nairo Quintana d’abord, que Froome avait dominé l’été dernier sur le Tour de France. Alberto Contador, ensuite, n’avait rien pu faire non plus sur la centième Grande Boucle, tout comme Joaquim Rodriguez, sur la boîte à Paris mais jamais véritablement dangereux, et Alejandro Valverde, relégué plus loin encore au général. Le dernier, Rigoberto Uran, était jusqu’à l’hiver dernier un coéquipier du natif de Nairobi, plus souvent à son service que contre lui. Alors pourquoi le leader de l’équipe Sky douterait-il de lui, ou craindrait-il l’un de ses challengers ? En forme, il a toujours été le patron incontesté, alors si comme on l’imagine, il se pointe au départ du dernier grand tour de l’année avec la forme escomptée, il sera évidemment l’homme à abattre. Celui que l’on verra vainqueur avant même le début des hostilités.
Pourquoi il ne gagnera pas la Vuelta
Il est très difficile de déplacer un pic de forme. Depuis près d’un an, Chris Froome visait le Tour 2014. Tout était mis en place, chez Sky, pour que le Britannique arrive au top en juillet. Et au sein de l’équipe anglaise, on sait que rien n’est laissé au hasard, que tout se joue parfois au jour près. Dans ces conditions, il paraît difficile de déplacer un pic de forme de plusieurs semaines pour permettre à Froome de briller sur les routes hispaniques. Car le protégé de Nicolas Portal a finalement chuté au moment où il était censé être au top, et une participation à la Vuelta n’était absolument pas au programme avant cet abandon très mal vécu sur la cinquième étape du Tour. Comme Contador, on peut donc douter de la forme de Chris Froome durant ce Tour d’Espagne. Il n’y était pas préparé, et pourrait passer à côté de ce qui est devenu son grand rendez-vous de l’année.
Il aura de quoi appréhender. Quand les principaux candidats à la victoire finale ont connu une saison « classique », ponctuée de victoires et d’une progression allant crescendo jusqu’à cet objectif de fin d’été, Froome a lui enchaîné les pépins. Le dos en début d’été, le poignet sur le Tour, et désormais une préparation on n’en doute pas sérieuse, mais loin du révélateur qu’est la compétition. Car le problème est bien là : depuis le Dauphiné en juin, jamais Froome n’a pu se rassurer sur une étape importante. Alors comment abordera-t-il les premières étapes décisives de cette Vuelta ? A n’en pas douter, sans la confiance qui le traversait sur le Tour 2013, lorsque sûr de sa force, il s’imposait avec une insolence pas vraiment calculée à Ax 3 Domaines ou au Ventoux. Cette fois, l’Anglais sera sans doute plus en retrait, observateur et moins acteur. Et ce n’est pas forcément ce qui le mènera à la victoire.
Son grand rival n’est plus le même. Il y a un an, on attendait le duel entre lui et Alberto Contador. Finalement, la bagarre tourna très – trop ? – vite en faveur du coureur de Dave Brailsford. Mais cette fois, ce n’est plus vraiment contre le Pistolero que va devoir se battre le Kenyan blanc. En effet, son principal challenger – si tant est que ce n’est pas Froome le challenger – est désormais Nairo Quintana. Dauphin du Britannique sur le Tour 2013, le jeune colombien a pris du galon quand son rival vivait une saison aux multiples rebondissements. Lauréat du dernier Giro, celui qui devra malgré tout aller chercher son statut de leader fait presque figure de favori numéro un, devant Chris Froome. Cela faisait bien longtemps que l’Anglais n’avait pas connu pareille situation au départ d’une course par étapes. De quoi le libérer ? Franchement, Froomey n’a pas besoin de ça. En revanche, s’il n’est plus le grandissime favori, c’est qu’un coureur est sur le papier meilleur. Et ça, ce n’est pas bon signe.