Sur le Circuit Franco-Belge, désormais appelé Tour de l’Eurométropole, Tyler Farrar a regoûté à la victoire. Cinq mois après sa dernière, chez lui au Tour de Californie. Mais surtout deux ans et demi après son dernier bouquet acquis sur le territoire européen. C’était sur le Tour de France 2011, à Redon. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts…

Une trop rapide descente aux enfers

A 29 ans, Tyler Farrar est dans la force de l’âge et pourrait être actuellement l’un des meilleurs sprinteurs du peloton. Comme c’était le cas en 2010 et 2011, lorsqu’il était présenté comme le principal rival de Mark Cavendish. L’aîné du Britannique d’un an seulement, le duel entre les deux hommes aurait pu durer. Malheureusement, le natif de Wenatchee n’est plus le spécialiste de l’emballage final qu’il était. Le déclic ? Le décès de son grand ami Wouter Weylandt sur le Tour d’Italie, en mai 2011. Une disparition tragique qui a touché Farrar au plus profond de lui-même. L’orgueil lui a permis de rendre un dernier hommage au Belge, quelques mois plus tard sur la Grande Boucle. Au terme d’un sprint disputé à Redon, l’Américain avait levé les bras et fait le signe d’un « W » avec ses doigts pour dédier sa victoire à Weylandt. L’image que beaucoup retiendront de Farrar.

L’homme est altruiste, bien loin de ne penser qu’à lui. Toujours reconnaissant envers son équipe, celle-ci lui a rendu pendant longtemps. Mais c’était inéluctable, Tyler Farrar n’était déjà plus Tyler Farrar. Les victoires n’ont jamais été nombreuses dans les saisons de l’États-Unien, qui n’est jamais parvenu à conquérir plus de huit bouquets par an, en 2009 et 2010. Mais avant, l’Américain le faisait sur les grands tours, en témoignent ses deux victoires sur le Giro, mais aussi sur la Vuelta, en plus de celle acquise sur le Tour. Aujourd’hui, Farrar ne peut se contenter que d’une victoire sur une épreuve de seconde zone, l’ancien Circuit Franco-Belge. Une épreuve dont en 2009, le double vainqueur de la Classique d’Hambourg avait remporté deux étapes et le général final. A cette époque, Farrar était dans la phase ascendante de sa progression, acquérant un statut nouveau.

Un sprinteur devenu banal

Aujourd’hui, l’Américain vient seulement de glaner sa deuxième victoire de la saison, sur des épreuves bien moins réputées que celles sur lesquelles il levait les bras par le passé. Preuve que le garçon a changé de statut. Battu il y a quelques années par les cadors du sprint, il s’est incliné tout au long de l’année face à des coureurs censés être à des années lumières de son niveau. Alors, est-ce psychologique, encore et toujours à cause du choc émotionnel qu’a provoqué le décès de Wouter Weylandt ? Ou bien est-ce aussi devenu physique ? Sûrement un peu des deux, et c’est un cercle vicieux.

Tous les sprinteurs fonctionnent de la même façon, il faut gagner pour engranger de la confiance, et ainsi postuler au statut de favori sur les courses suivantes. A son plus grand désarroi, Farrar est bien loin d’une telle spirale positive, et ne devrait jamais la retrouver. Son passé glorieux est derrière lui, et les prochaines saisons ne devraient pas lui offrir les victoires qu’on espérait de lui il y a encore quelques années. L’histoire d’un sprinteur vraiment à part, dont on ne saura jamais ce qu’il aurait été capable de faire avec des éléments un peu plus favorables…

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