Sur le Tour 2012, Van Garderen avait terminé devant Evans au général, mais sera encore équipier en 2013 - Photo AFP
Sur le Tour 2012, Van Garderen avait terminé devant Evans au général, mais sera encore équipier en 2013 – Photo AFP

L’Australien était venu sur le Giro un peu forcé par son équipe. Le besoin de points mais surtout de faire de la place à Tejay Van Garderen pour la Grande Boucle se faisaient de plus en plus oppressants. A 36 ans, cette nouvelle participation à la course rose devait sonner comme un jubilé, et permettre à Evans de sortir avec un minimum d’honneur. Finalement, le vainqueur du Tour 2011 aura fait beaucoup plus que ça.

Une troisième place presque inespérée

A l’arrivée, Cadel Evans notait une pointe de déception suite à sa deuxième place perdue au classement général dans la dernière étape de haute montagne, arrivant aux Tre Cime de Lavaredo. Mais durant trois semaines, le Champion du Monde de Mendrisio aura bien été le plus sérieux – s’il y en avait un – rival de Vincenzo Nibali. Sans jamais inquiéter l’Italien, il aura su rester placé, en embuscade, prêt à profiter d’une défaillance qui n’est jamais venue. Alors il y a quelques années, on aurait pu être déçu – à défaut d’être surpris – par cette passivité de l’Australien, qui à aucun moment n’a tenté de mettre à mal le maillot rose. Mais ici, un podium, il s’en est contenté. Parce que depuis le début, dans sa tête, ce Tour d’Italie devait être une préparation pour la grande messe de juillet, qu’il n’a jamais écartée de son esprit.

Cependant, cet enchaînement au plus haut niveau peut-il être plus qu’un rêve ? Ces dernières années, et Evans l’a lui-même constaté, participer au Tour de France après un Giro éprouvant, comme ce fut le cas en ce mois de mai, est très difficile si l’on souhaite y jouer la gagne à chaque fois. Pourtant, l’Australien est confiant, et à Brescia, il confiait être satisfait d’avoir terminé sur le podium de ce qui était « juste un entraînement ». Mais qui croira qu’Evans en a gardé sous la pédale ? Un champion comme lui ne peut se permettre de volontairement laisser filer un Tour d’Italie. Dans des conditions météorologiques dantesques, c’est donc une certitude, le coureur de la BMC a forcément laissé beaucoup d’énergie, et le départ de la Grande Boucle se profile très rapidement, dans un tout petit peu plus d’un mois seulement.

Numéro un selon son staff

Mais la BMC ne se soucie pour l’instant pas de ce qui pourrait être un problème, affirmant que son leader peut gérer deux grands tous, grâce à son expérience et sa force mentale. La troisième place d’Evans suffit donc à Jim Ochowicz pour le propulser leader sur la plus grande épreuve de la saison. Sa confiance retrouvée le portera, c’est du moins ce que pense le manager général de l’équipe : « C’est certain, il a retrouvé son niveau et sera le numéro un pour le Tour. Pour être leader, il faut avoir confiance en soi, et c’est son cas. » Tejay Van Garderen, à qui on avait vraisemblablement promis ce statut en début de saison n’a qu’à bien se tenir : malgré une victoire sur le Tour de Californie, il sera équipier d’Evans, encore une fois. Comme si sa cinquième place de l’été dernier n’avait pas suffit à définitivement inverser la tendance dans l’esprit de son staff.

Sans doute une sacré désillusion pour l’Américain, qui avait dû abandonner ses espoirs de podium sur le Tour dans la Toussuire, lorsque son leader avait craqué. TVG s’était consolé avec le maillot blanc de meilleur jeune, mais comptait bien montrer de quoi il était capable en 2013. Ce ne sera encore pas pour cette année, ses directeurs sportifs préférant vanter ses mérites en tant qu’équipier, en affirmant que « lui et Cadel font un duo parfait », ajoutant même que l’Américain apprend beaucoup aux côtés de son aîné. Van Garderen va donc devoir prendre son mal en patience, en espérant que cette fois, Evans ne faiblisse pas, pour qu’au moins, en rongeant son frein, le natif de Tacoma n’ait pas l’impression de tout perdre. Avant, sûrement, que l’Australien tire sa révérence, sacré une seconde fois ou non. Il sera alors temps pour l’Américain de prendre la relève, et de prouver qu’il est capable d’aussi bien.

Robin Watt


 

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