Au terme de l’exigeant cronoscalata de ce jeudi, et ayant assisté à une domination sans partage de Vincenzo Nibali, le peloton va désormais se tourner vers les derniers jours dantesques dans les si réputées Dolomites. Demain, il est évident que l’enchaînement de cols mythiques tels que le Stelvio où le Gavia fera rêver les coureurs, et samedi l’étape qualifiée de reine avec un parcours ressemblant à la titanesque étape de Val di Fassa sera une opportunité dorée de s’illustrer pour n’importe quel baroudeur, grimpeur ou gros bras frustré. Avant, bien sûr, l’ultime journée de course arrivant à Brescia, où tout le monde voudra battre Cavendish. Parmi les équipes n’ayant pas encore gagné sur ce Giro, en voici donc quatre qui ont attiré notre attention.
Colombia, la cerise sur le gâteau ?
Habituée des courses italiennes, l’équipe Colombia du transalpin Claudio Corti s’était logiquement vue attribuer une invitation pour le grand départ napolitain. Forte d’un arsenal de condors prêt à s’approprier les cimes du pays, le spectacle devait être au rendez-vous, et ce fut le cas. Si dans la première moitié de ce Giro, on a tenté quelques escapades sans réussite, la haute montagne est enfin arrivée et c’est vers Atapuma et Duarte que les attentes se sont tournées. Verdict, le premier occupe une solide 20ème place au général tandis que le deuxième semble monter en puissance… Pour une victoire d’étape ? Probable, car toute équipe invitée a pour but d’honorer la course et il serait juste de conclure les aptitudes montrées tout au long des trois semaines par un aboutissement. On a pas fini de voir les escarabajos en haut de l’écran, d’autant plus qu’en fin de course, les fenêtres sont de plus en plus grandes pour les audacieux.
Cannondale pour éviter le zéro pointé qui ferait tâche
L’équipe Cannondale a beau s’être massivement internationalisée lors du dernier mercato, elle compte toujours une majorité d’Italiens et son charismatique leader Ivan Basso. Malheureusement, à quelques jours du départ de la course rose, Basso a du déclarer forfait. Damiano Caruso a alors été appelé à prendre la relève, mais les plans de l’équipe restent chamboulés. Malgré de régulières places d’honneur pour le jeune Viviani, la Cannondale est restée discrète et semble proche du zéro pointé qui serait presque déshonorant pour l’héritière de la glorieuse Liquigas. La bande à Amadio doit donc faire vite. Si Caruso obtiendra des libertés ces prochaines jours, la carte la plus crédible reste celle de Viviani, qui aura une véritable chance à Brescia. Mais pourra t-il battre le Cav ? Si ce n’est pas le cas, ce Tour d’Italie sera à ranger au placard pour une formation faiblarde sur le papier…
AG2R en toute logique ?
Incontestablement, l’un des coureurs les plus remuants de ce Tour d’Italie est Carlos Betancur. Le prodige colombien est rarement du genre à temporiser, et après de multiples deuxièmes places, il serait temps pour lui de conjurer le mauvais sort avant d’attiser les moqueries. Insolent de facilité, ce serait une récompense amplement méritée pour le garçon possédant une des plus fortes giclettes du peloton. Avec l’intouchable Nibali, il paraît être l’un des plus en forme lorsque la route s’élève et pourrait s’adjuger une étape pour honorer son Giro si jamais il venait à céder pour de bon le maillot blanc à Rafal Majka. Secondé par son compère Pozzovivo qui n’a plus rien à perdre suite à sa chute, l’ayant relégué plus loin au général, l’équipe savoyarde pourrait logiquement remporter une étape qui achèverait son détonant retour au premier plan. La formation française sortirait ainsi de la tourmente Sylvain Georges…
Euskaltel fait appel au Samu
Peu habitués à accumuler les victoires, les coureurs de la formation basque ont encore plus de mal cette saison. Un compteur débloqué que récemment leur a sûrement retiré un peu de pression, mais du côté d’Igor Gonzalez de Galdeano, on compte toujours autant sur le leader Samuel Sanchez. Venu sur le Tour d’Italie avec des ambitions au classement général, l’Asturien les a rapidement perdues, et vise pour ces derniers jours une victoire d’étape. Passé tout proche sur le chrono en côte de Polsa ce jeudi, il n’a été détrôné que par Vincenzo Nibali, le dernier candidat à franchir la ligne. Après Igor Anton en 2011 et Ion Izagirre en 2012, Euskaltel souhaite repartir d’Italie avec une victoire en poche. Il reste deux étapes de haute montagne à Samuel Sanchez pour aller décrocher ce succès tant attendu, et se muer, une fois n’est pas coutume, en véritable sauveur.
Alexis Midol & Robin Watt