Après Moreno qui a fait la nique aux sprinteurs il y a deux jours et Matthews qui s’est imposé hier presque avec facilité, c’est aujourd’hui le Danois Michael Morkov qui a levé les bras sur le Tour d’Espagne. Pour une nouveau sprint au scénario différent et qui offre un vainqueur inattendu.
Aucun cador de la discipline
Si aucun sprinteur ne se dégage en cette première semaine de course, c’est tout simplement parce qu’aucun cador ne s’est rendu sur le grand tour ibérique. Bien trop montagneux et offrant trop peu d’occasions de s’exprimer aux spécialistes de l’emballage final, on ne retrouve qu’une petite dizaines d’hommes de la dernière ligne droite. Parmi eux, deux hommes que l’on voyait dominer : Edvald Boasson Hagen et Michael Matthews. Le premier a pour le moment tout raté, se positionnant régulièrement dans les dix premiers mais ne disputant jamais véritablement la victoire. Quand à l’Australien, s’il s’est imposé à Lago de Sanabria, la régularité lui fait défaut avec le reste du temps de simples places d’honneur. Du coup, à l’approche de la ligne d’arrivée, tout semble chaque jour possible.
Il y a deux jours, Dani Moreno était sorti dans le dernier kilomètre vers Fisterra, pour finalement lever les bras et mettre quelques longueurs aux sprinteurs. Puis ce mercredi, c’est le surprenant Morkov qui a aligné l’Argentin Richeze, pour la deuxième fois d’affilée deuxième. Derrière, on retrouve un Fabian Cancellara qui se met à disputer les sprints (2e à Fisterra, 3e à Caceres), un Farrar encore placé mais toujours pas sur le podium, un Flecha opportuniste et une ribambelle de seconds couteaux : Brown, Petit, Lasca, Boivin, Sinkeldam, Soupe, Henderson, Paolini ou Tanner. Des coureurs habituellement bien loin dans les sprints mais qui peuvent aujourd’hui rêver de sérieux accessits voire de victoires sur un grand tour. Une aubaine pour eux, souvent en manque de confiance et de reconnaissance.
Aucune équipe spécialisée
Mais ce qui rend surtout les arrivées indécises, c’est l’absence d’équipes de sprinteurs à proprement parler. Comme la Cannondale de Sagan, l’OPQS de Cavendish ou l’Argos de Kittel sur le Tour de France en juillet dernier. Des équipes qui entament la poursuite des échappées à 60 kilomètres de l’arrivée et qui impriment un rythme de folie dans les derniers kilomètres pour placer sur orbite leurs finisseurs. Sur cette Vuelta, tout est différent. Soit les formations sont groupées autour d’un leader pour le général (comme la Sky ou la Lampre), soit c’est une équipe « bis » qui a été envoyé, pas capable de réaliser le boulot nécessaire (comme Orica ou Argos). En clair, c’est chacun pour soit dans le final, ce qui inclut une grande part de chance et d’instinct pour se placer correctement et pouvoir disputer le sprint dans de bonnes conditions.
C’est justement cette désorganisation ou plutôt cette non-organisation générale qui a permis à Moreno de s’envoler il y a deux jours, ou à Tony Martin de croire jusqu’au bout qu’il allait franchir la ligne d’arrivée en premier à Caceres. Car à n’en pas douter, dans les deux cas, si une formation avait décidé de travailler à fond pour mettre toutes les chances de son côté, tout aurait été différent. Mais concrètement, il n’y a que les Belges d’Omega-Pharma Quick-Step qui semblent capables de le faire. Problème, Gianni Meersman n’est pas un véritable sprinteur, lui qui préfère les arrivées en bosse. Travailler pour lui demeure donc là aussi très aléatoire, d’où la tentative solitaire de Martin ce mercredi. De quoi laisser place, peut-être, à de nouveaux vainqueurs sur les prochaines étapes pour sprinteurs. Car on l’a bien compris, rien n’est joué d’avance, et on n’est pas à l’abri de nouvelles surprises.