Equipe de sprinteurs, Argos-Shimano devra trancher entre John Degenkolb et Marcel Kittel sur le Tour - Photo Argos
Equipe de sprinteurs, Argos-Shimano devra trancher entre John Degenkolb et Marcel Kittel sur le Tour – Photo Argos

John Degenkolb et Marcel Kittel font partie des sprinteurs les plus redoutés du peloton. Problème, ils évoluent dans la même équipe : Argos-Shimano. Alors que le Tour de France approche, il est désormais certain que la formation néerlandaise fera le pari d’aligner au départ ses deux cartes maîtresses. Une telle cohabitation entre deux jeunes coureurs de très haut niveau n’est pas sans rappeler la situation qu’avait connue l’équipe HTC, devant trouver le bon équilibre entre Mark Cavendish et André Greipel. Cette fois, comment cela se passera-t-il ?

Privilégier les étapes ou le maillot vert ?

Présent sur les routes du Tour d’Italie, John Degenkolb est parvenu à remporter une belle étape, sur un terrain accidenté comme il les affectionne. Possédant une très grande endurance, ainsi qu’une capacité – presque sans égale pour un sprinteur – à passer les difficultés, Degenkolb rappelle en de nombreux points la légende Erik Zabel, sextuple vainqueur du classement par points du Tour de France. Au cours des dernières éditions, les sprinteurs complets (Freire, Hushovd, Sagan) ont souvent pris le pas sur un Mark Cavendish pourtant dominateur en plaine, dans la conquête du prestigieux maillot vert. Régulièrement placé dans les trois premiers des sprints massifs,  capable de rivaliser avec le Slovaque Sagan sur les arrivées plus difficiles, Degenkolb est de loin la solution à privilégier dans l’optique de ce classement.

D’avantage porté sur le sprint pur, son compatriote Kittel a la puissance nécessaire pour tenter de battre Cavendish et Greipel sur les nombreux finals plats que l’on a l’occasion de retrouver sur les routes de la Grande Boucle. Encore assez inexpérimenté, Kittel a pour l’instant eu du mal à briller sur les grands tours. Hormis sa victoire d’étape sur une Vuelta 2011 qu’il n’a pas terminé, l’Allemand a joué de malchance lors du dernier Tour de France qu’il a débuté difficilement avant d’abandonner dès la 5e étape en raison de la gastro-entérite qui l’handicapait depuis le départ. Déjà fort de neuf succès depuis le début de saison, Kittel s’est payé le luxe de s’offrir Cavendish au Grand Prix de l’Escaut. Sur les courses continentales qu’il dispute, il est pratiquement imbattable. Serait-ce suffisant pour dès maintenant prendre le dessus sur un duo Cav-Greipel ultra-dominateur lors des grands rendez-vous ?

Dans le domaine du sprint, encore plus que dans celui des classements généraux, faire courir ensemble deux coureurs ayant de grosses ambitions et des objectifs similaires semble risqué. Le Team Columbia n’avait par exemple jamais tenté l’expérience d’envoyer à la fois Cavendish et Greipel sur un Tour de France. Jugé plus fort, l’Express de Man avait contraint Greipel à s’exiler sur la Vuelta pour s’y forger un palmarès. Les profils des deux hommes en rivalité étant cette fois un peu plus éloignés, on aura tendance à penser qu’Argos sacrifiera Degenkolb pour optimiser les chances de Marcel Kittel lors des sprints massifs, et laissera carte blanche à celui-ci lors des arrivées en côte. Face à la concurrence de Sagan et Cavendish, la force de cette équipe résidera en sa capacité à former un train soudé et équilibré. Avec des talents tels que Luka Mezgec, Ramon Sinkeldam et donc John Degenkolb pour l’entourer, Kittel aura toutes les cartes en main pour enfin se révéler totalement sur une grande course par étapes, et prouver qu’il représente l’avenir du sprint mondial.

 Louis Rivas


 

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