Sur Paris-Tours, dernière grande épreuve de la saison, quelques sprinteurs s’étaient donnés rendez-vous. Avec les Français, Démare et Coquard en tête, qui avaient pour objectif de faire tomber le grandissime favori John Degenkolb. Ils n’y sont pas parvenus, et l’Allemand s’est imposé presque facilement.

Le plus costaud et le plus malin

Comme chaque année, la première partie de course n’a pas été des plus passionnantes, et il aura fallu attendre les 30 derniers kilomètres pour que les choses sérieuses commencent. Malgré tout, avant ça, certains avaient déjà dépensés pas mal d’énergie. Et dans le duel annoncé entre Degenkolb et Démare, les FDJ.fr s’étaient déjà dotés d’un petit handicap en roulant bien plus que leurs homologues d’Argos. Une stratégie qu’on n’aurait pas reproché à l’équipe de Marc Madiot si elle s’était finalement imposée, mais qui prête forcément à réfléchir une fois la course achevée. Parce que si Degenkolb a gagné avec ses jambes, il l’a aussi fait avec sa tête. Comme dans la côte de Beau Soleil, à dix kilomètres de l’arrivée. Pour la première fois de la journée, l’Allemand sortait du peloton, et marquait tout de suite les esprits.

Marco Marcato, tenant du titre et initiateur de l’offensive, n’en revenait pas. Le seul homme qu’il ne voulait surtout pas voir sur le porte-bagage avait fait l’effort pour ne pas laisser l’Italien partir seul. Le groupe formé roule alors à vive allure, et comporte également Arnaud Démare. Bonne pioche, se dit-on. Les deux cadors vont pouvoir se disputer la victoire, à la loyale. Mais rien ne se passera comme prévu. Bol seul en tête, le reste des fuyards repris, il faut du côté d’Argos et de la FDJ remettre un coup d’accélérateur dans les derniers kilomètres. Et l’attention est plus focalisée sur la poursuite de Jetse Bol repris à seulement 500 mètres de la ligne, qu’à la bataille qui commence déjà entre le super-favori allemand et son challenger tricolore, dernier en lice avec l’éviction de Bryan Coquard. Du coup, à l’entame du sprint final, c’est Degenkolb qui est calé dans la roue de Démare. Il aurait fallu l’inverse…

Un sprint presque facile

En effet, la position était parfaite pour le natif de Gera. Lancé par Mickaël Delage, Arnaud Démare n’a rien pu faire lorsque John Degenkolb l’a débordé. Trop fort, l’Allemand rééditait sa performance de jeudi, où il avait déjà devancé le Français sur Paris-Bourges. C’est ce qu’on appelle une dernière semaine de course plutôt réussie, sur un enchaînement que le garçon de 24 ans a parfaitement apprivoisé, et ce à sa troisième participation. En 2011, Degenkolb s’était classé quatrième à Bourges puis onzième à Tours. L’an dernier, il était sur la troisième marche du podium dans le Cher, puis au pied de celui-ci sur l’avenue de Grammont. Cette année, le leader de la formation Argos n’a donc pas fait dans le détail, en s’adjugeant les deux bouquets. A chaque fois au nez et à la barbe d’Arnaud Démare, deuxième à Bourges et troisième ce dimanche.

En signant donc sa sixième victoire de la saison, et sa troisième sur une classique, Degenkolb s’affirme comme un sprinteur qui compte, et qui mériterait peut-être de sortir de l’ombre parfois étouffante de Marcel Kittel. Ses cinq victoires d’étapes sur la Vuelta en 2012 ne lui avaient pas donné droit à un statut de leader régulier en cette saison 2013. Pour l’année prochaine, en revanche, la donne pourrait changer. Avec pour le plus jeune des deux larrons un rôle important à tenir sur les courses d’un jour, et une place à défendre au sein du cercle très fermé des meilleurs sprinteurs mondiaux. Alors si un changement d’équipe n’est toujours pas au programme, Marcel Kittel peut s’en réjouir, car le garçon serait sans doute un sacré concurrent. Et en attendant, c’est Argos qui se frotte les mains en accumulant les victoires…

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