Centrée autour d’Alberto Contador, le bilan de la saison de l’équipe Saxo-Bank est logiquement terni par la faillite extrême de son leader, que ce soit sur le Tour de France ou même lors du reste de l’année. Surpayé, selon Tinkoff, Contador n’est pas parvenu à justifier son rôle et son statut de leader unique, étant clairement dépassé par celui qui ne devait être que son lieutenant, Roman Kreuziger. Avec le potentiel retour de Tinkov en tant que propriétaire de la structure, l’avenir du castillan chez Saxo-Bank s’inscrit en pointillés…

Beaucoup de bruit pour pas grand chose

Avec le recrutement ambitieux de futurs lieutenants (Roche, Kreuziger, Rogers) sensés entourer Alberto Contador, Saxo comptait également apporter de la profondeur à une équipe qui en manquait cruellement depuis le départ de ses cadres vers le projet Leopard. Le Tchèque a surpris, remportant en baroudeur l’Amstel Gold Race et prouvant sa force lors du Tour de France en juillet, Rogers et Roche ont eux été plus discrets lors des moments les plus importants. Cette force collective bâtie pour rivaliser avec une Sky finalement tout aussi défaillante, s’est retrouvée mise au second plan par l’émergence d’une Movistar bien plus compacte. Cette dernière remplaçant finalement Saxo-Bank dans le rôle de challenger des britanniques.

Dans cet effectif aux multi-nationalités, l’âme d’antan semble s’être en allée, le manque de capitaines de route et la focalisation de tout un groupe au service d’un Contador plus à même de remplir un tel rôle a annihilé toute possibilité de performance individuelle des seconds-couteaux, qui n’ont pas remporté une seule course. La moisson victorieuse de cette cuvée 2013 est d’ailleurs bien maigre avec huit petits succès, dont trois au niveau World Tour. Les classiques surlignent ce manque d’efficacité avec deux belles performances (Kreuziger 1er de l’Amstel,  Majka 3e en Lombardie) qui ne peuvent effacer la faillite totale d’un Matti Breschel encore absent des flandriennes, ou la déroute d’un Contador végétant autour de la 50e place à Huy et Liège. Ce même Contador qui quelques mois plus tard se fera lamentablement décramponner loin de l’arrivée sur le Tour de Lombardie qui cristallisait ses ambitions de fin de saison.

Quelques motifs d’espoir 

Au milieu de se marasme désordonné, symbolisé par la colère d’un Tinkov qui va jusqu’à se répandre sur Twitter en invectivant Contador, puis retourner sa veste dans la perspective de son rachat de la structure (pas folle la guêpe), un nom émerge : celui de Rafal Majka. Révélation de la fin d’année 2012, le Polonais a confirmé tout le bien que l’on pensait de lui en assumant son statut de leader sur un Giro difficile, conclut en 7e position. La suite de sa saison (4e en Pologne, 3e du Tour de Lombardie) confirme sa montée en puissance. Au sein d’un effectif qui gagne en stabilité avec la reconduction de la grande majorité des coureurs pour 2014, Majka aura cependant l’occasion de prendre du galon, tant il fait aujourd’hui figure de second leader crédible.

Enfin, dans l’optique d’un non-départ, tout porte à croire que l’on retrouvera un Contador au tout autre visage dans le futur, tant ses échecs répétés de 2013 auront marqué son esprit revanchard. Dépassé par Froome et Quintana dans la hiérarchie, le Pistolero a semblé à bout de souffle dès le Dauphiné Libéré, où son chrono indigne laissait entrevoir la suite logique des évènements. Peut-être, suite à sa suspension, n’était-il pas prêt à encaisser la dureté d’une saison pleine, lui qui a commencé fort dès le Tour de San Luis puis a enchaîné les courses à un rythme soutenu. Ou peut-être est-il tout simplement cramé, conséquence de sa longue carrière entamée dès 2003 sous les ordres de Manolo Sainz, dans cette sulfureuse équipe Once.

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