La nouvelle a eu l’effet d’une bombe, ce jeudi matin. Un mois après avoir déclaré forfait suite à une facture au tibia survenue sur le Tour de France, Alberto Contador a annoncé qu’il serait bien au départ de la Vuelta, le 23 août à Jérez. Personne ne s’y attendait, et désormais, on se demande ce que pourra bien faire le Pistolero sur ses terres. Il se dit incapable de jouer le général, info ou intox ?

Guerrier mais pas fou…

Le Madrilène a un mental à toute épreuve, il l’a déjà montré à de très nombreuses reprises. Mais on en a eu une nouvelle preuve en juillet dernier, lorsque le leader de l’équipe Tinkoff roula près de vingt kilomètres avec une fracture du tibia. Il faut dire qu’il s’était préparé depuis le début de saison pour un Tour de France duquel il espérait repartir avec un nouveau maillot jaune sur les épaules, de quoi le motiver un peu plus que les autres. Finalement, de duel il n’y aura pas eu, ni avec Froome, ni avec Nibali, l’Espagnol devant renoncer avant que la montagne ne pointe le bout de son nez. Sa décision de déclarer forfait pour la Vuelta une fois la Grande Boucle achevée était donc somme toute logique, car selon les spécialistes, il allait avoir besoin d’environ six semaines pour se remettre sur pied. Oui mais voilà, Contador n’est décidemment pas comme les autres, et moins de trois semaines après sa chute, il était de retour sur un vélo.

Le revirement de situation s’est donc opéré en sous-main, et personne ne l’imaginait avant ce matin même. Oleg Tinkov, pour une fois, n’avait rien laissé entrevoir, et Contador a joué les discrets, lui qui en réalité a repris l’entraînement depuis une dizaine de jours. Dans une vidéo publiée sur Youtube, le double vainqueur du Tour d’Espagne a donc donné quelques détails : « Hier, j’ai pu monter un col sans ressentir de douleur à mon genou, ce qui motive ma décision de prendre le départ de la Vuelta. » Mais l’Espagnol est allé plus loin dans son explication : « Je sais que c’est un Tour d’Espagne que je vais devoir prendre d’une façon très différente de celle que j’avais pensé en début de saison. […] Et peut-être que je pourrai me battre pour une victoire d’étape lors de la dernière semaine. » Mais Contador aussi peu ambitieux, se rendant pour ses terres presque avec l’objectif avoué de faire la figuration, est-ce bien réel ?

Et s’il bluffait ?

Très franchement, on peut se poser quelques questions. Compte tenu de la gravité de sa blessure, imaginer qu’il dit réellement ce qu’il pense serait naturel. Mais en connaissant l’homme, on a énormément de mal à croire qu’il puisse venir sur une Vuelta sans avoir une idée derrière la tête. S’il ne cherche qu’à retrouver le rythme de la compétition avant d’entamer la fin de saison – comme il l’a confié -, pourquoi ne choisit-il pas des épreuves moins renommées, où personne ne lui en voudrait d’être au mieux un chasseur d’étapes ? Alors bien sûr, il y a ce bandage sur son genou et un peu plus bas, presque visible à outrance sur une vidéo où l’Espagnol a malgré tout le sourire. Simple précaution ou véritable nécessité ? L’Ibère bluffe-t-il ? Car quoi qu’on en dise, Froome sera, comme Contador, au départ de Jérez où le Pistolero a donné rendez-vous. Et on a du mal à imaginer un Contador faire le dos rond, observant de loin la bataille entre le Britannique et Quintana.

Parce qu’on se souvient aussi de ce Tour d’Italie 2008, disputé en urgence et hors de forme par celui qui n’avait alors qu’un grand tour dans la besace. Résultat ? Une victoire plutôt nette devant Riccardo Ricco. Alors de là à dire que c’est une constante dans la carrière du Madrilène, il ne faudrait pas exagérer. Mais Contador a pris plus ou moins l’habitude de courir des courses pas forcément prévues dans son programme initial. Ce Tour d’Espagne 2014 en fait partie, et le principal intéressé a encore une dizaine de jours pour s’entraîner afin d’arriver au départ le plus en forme possible. De ce fait, si son genou continue de le laisser tranquille, tout serait alors possible. La victoire, évidemment, serait pour le moment illusoire, mais jouer le général et ne pas se contenter de – trop – modestement jouer une étape en dernière semaine serait davantage en adéquation avec l’homme. Parce que Contador, on l’aime ambitieux.

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