Les deux Espagnols, à la veille d’achever un Tour du Pays basque qu’il termineront sur les deux plus hautes marches du podium, sont incontestablement de retour à leur meilleur niveau. Leur objectif est le même : le Tour de France. Et leur préparation, jusqu’à maintenant, est parfaite. Comme lors de leurs plus grandes années. A respectivement 31 et 33 ans, Contador et Valverde sont plus que jamais favoris pour faire tomber une Sky outrageusement dominatrice ces deux dernières années.

A bientôt, Alberto

Le début de saison du Madrilène a déjà été disséqué par à peu près tous les observateurs, et la même conclusion revient avec insistance : le leader de Tinkoff-Saxo est en grande forme. Encore meilleur qu’en 2009 ou 2010, ses plus grandes années, où il ne s’était pas montré aussi dominateur sur les premières courses de l’année. Cette saison, l’Espagnol a disputé quatre épreuves, pour deux verdicts possibles : soit la victoire (sur Tirreno-Adritico et au Tour du Pays basque, où le chrono final devrait être une formalité), soit la deuxième place (en Algarve ou sur le Tour de Catalogne). Joli bilan pour un coureur que l’on enterrait presque il y a un six mois, après l’avoir déjà déterré à la fin de l’été 2012, lorsqu’il revenait de suspension. La preuve irréfutable que Contador se relève toujours de ses – relatifs – échecs. Une quatrième place sur le Tour aurait pu l’achever. Il est en train de démontrer sa capacité à revenir plus fort, pour faire bien mieux.

Cependant, le chrono basque sera le dernier jour de compétition du Pistolero avant deux mois, et le départ du Dauphiné. Une grosse coupure nécessaire après un début de saison qui n’a pas laissé de répit au désormais trentenaire. L’impasse sur les classiques rappelle encore une fois 2009. A l’époque, déjà, Contador avait décidé de couper après le Tour du Pays basque, qu’il avait également remporté. Et il était aussi revenu sur le Dauphiné, avant de remporter son deuxième Tour de France haut la main. L’année référence du natif de Madrid, qui depuis, a dû faire face à de nombreux obstacles. Entre l’affaire du clenbutérol et les tensions flagrantes entre lui et Oleg Tinkov, depuis son retour, tout n’a pas été facile. Pourtant, à quelques mois de la Grande Boucle et à l’heure où l’incertitude la plus totale plane sur Chris Froome, l’Ibère se pose en favori plus que crédible pour décrocher un troisième sacre. Parce que jusqu’à maintenant, il fait tout à la perfection. Comme Wiggins en 2012, et Froome en 2013…

Valverde passe par les classiques

Pour El Imbatido aussi, le Tour est primordial. Mais le Murcian voue un amour plus intense que son compatriote aux classiques ardennaises. Du coup, une petite escale s’impose, alors que lui aussi a connu un début de saison très chargé. 22 jours de course début avril, c’est un beau score. Mais les résultats sont là ! Avec sept bouquets décrochés, Alejandro Valverde est le coureur le plus prolifique du peloton, devant les sprinteurs Greipel, Modolo et Degenkolb, qui devancent… Contador. Alors enchaîner avec le triptyque ardennais pourrait être risqué. Le leader de la Movistar a déjà été courir sur les pavés pour prendre le pouls à quelques mois du Tour, et il en est sorti sans égratignure. Attention à ne pas pousser le bouchon trop loin à force de courir partout. Mais à ce niveau là, on peut faire confiance à Valverde et à son manager, Eusebio Unzué. Car Bala n’est pas un petit nouveau, et il connaît son corps. A n’en pas douter, il sait ce qu’il fait.

Alors dans une telle forme, autant en profiter. Si l’Espagnol pouvait décrocher une classique au passage, ces premiers mois de 2014 seraient incroyables. Ensuite, bien sûr, il sera temps de couper. Comme Contador, la reprise se fera sur le Dauphiné, après un mois et demi de repos indispensable pour recharger les batteries. Un programme que l’on peut comparer à celui de 2008, année lors de laquelle l’ancien champion d’Espagne avait remporté Liège-Bastogne-Liège puis le Dauphiné avant de prendre la huitième place sur l’épreuve juilletiste. Evidemment, sur les routes hexagonales, Valverde espère bien mieux qu’un simple top 10 en 2014. D’autant qu’à 33 ans, les occasions de jouer le podium – voire la victoire – sur la Grande Boucle ne seront plus très nombreuses. Movistar a fait le choix de miser sur l’expérience de l’Ibère plutôt que sur la fougue du jeune Quintana. A Valverde, désormais, de prouver que ce n’était pas une erreur. Pour cela, il va falloir continuer de gagner ; sauf que les épreuves qui arrivent seront bien plus corsées.

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