Depuis cinq jours, Thibaut Pinot réalise un sans faute. Encore parfait, ce mercredi, il est allé chercher un succès dans l’étape reine du Tour de Suisse, tout en endossant le maillot jaune. Un résultat qui s’inscrit dans la lignée d’une saison où le Franc-Comtois s’impose comme un cador du peloton.
Un rôle assumé
Gagner l’étape reine, Thibaut Pinot nous avait déjà fait le coup il y a un peu plus d’un mois, en Romandie. A Champex-Lac, il avait mis K.O la concurrence pour mettre fin à une disette de plus de deux ans et demi. Il fallait oser défier Froome, Quintana ou Nibali, attaquer sans se soucier de ce qu’il se passerait. Mais c’est ce à quoi le tricolore est en train de nous habituer. Sur Tirreno, en mars dernier, on l’avait déjà vu avec ce tempérament offensif et sûr de lui. Dans l’ascension du Terminillo, il avait tout tenté après l’attaque de Quintana, regrettant une fois la ligne d’arrivée franchie le peu de soutien dont il avait bénéficié. Il n’empêche qu’on n’a pas oublié ses velléités offensives, plus abouties que jamais. Parce que le garçon l’a compris : derrière l’incroyable quatuor qui s’est donné rendez-vous sur le Tour, il est peut-être le plus fort. De quoi lui procurer une confiance indescriptible qui lui avait parfois fait défaut par le passé.
Sûr de sa force, Pinot n’a en tout cas jamais autant impressionné. Si on lui a longtemps reproché son incapacité à gagner, même sur des courses de seconde zone, le printemps a fait mentir tous ses détracteurs. Avec deux succès d’importance, le protégé de Marc Madiot a réglé le problème, et s’est délesté d’un poids. De quoi poursuivre une préparation qui se déroule pour le moment sans accroc. Depuis Tirreno, sur les quatre courses par étapes qu’il a terminé, le natif de Mélisey n’a jamais fait pire que dixième, il a échoué deux fois au pied du podium et décroché une deuxième place. Des résultats encore inimaginables l’année dernière, où parler de top 5 sur une épreuve World Tour était complètement illusoire. Mais aidé par un Tour de France qui lui a prouvé qu’il pouvait tutoyer les sommets, voilà désormais le leader de la FDJ en position de remporter le Tour de Suisse, une épreuve sur laquelle il avait terminé quinzième il y a seulement un an…
Un sens tactique développé
Parmi les facettes du nouveau Pinot, le plus surprenant est sans doute cette science de la course qu’il développe semaine après semaine et qu’on ne lui connaissait pas. Longtemps pointé du doigt pour sa phobie dans les descentes ou ses problèmes de placements, c’est comme s’il avait éradiqué tout ça en 2015. Sur ce Tour de Suisse, quand ça descend, il est dans les premières positions du peloton. Et encore plus quand la route est mouillée, car il sait que c’est dans ces moments-là qu’on peut perdre une course. Résultat, à Olivone ce lundi, il a disputé le sprint final et décroché une troisième place synonyme de bonifications. Une situation qui s’était déjà produite lors de la deuxième étape, et qu’on a encore pu observer lors de la quatrième, où dans les derniers hectomètres censés sacrer des sprinteurs-puncheurs, Pinot est à chaque fois venu assurer une place d’honneur et éviter les carambolages. Des prises d’initiatives dignes des plus grands leaders, et qui forcément, forgent le respect.
Quand on y ajoute la démonstration de force dont a fait étalage le Français sur les pentes du glacier de Sölden ce mercredi, il y a de quoi commencer à rêver. Entre une domination purement physique et un calme incroyable, Pinot a plus que rassuré sur l’étape reine de l’épreuve helvétique. Alors qu’on le croyait en difficulté en début d’ascension, faisait le yoyo en fin de peloton, puis lâché sur les quelques attaques d’outsiders, il a simplement pris son temps, en évitant de paniquer. Et tranquillement, on a vu le maillot bleu-blanc-rouge revenir parmi les premières positions, avant de placer une banderille à laquelle personne n’a été en mesure de répondre. Tout en maîtrise, Pinot a fait le trou sur ses adversaires, et filé vers un doublé étape-maillot jaune. Après que Froome ait rassuré sur le Dauphiné, et pendant qu’on attend de voir qui de Quintana ou Contador dominera la Route du Sud, c’est donc le Franc-Comtois qui fait la loi en Suisse. Définitivement, il fait partie des cadors.
C’est le français qui a le plus de chance de bien figurer sur le prochain Tour de France et les prochains GT je pense. Même si Bardet, Barguil et Rolland sont très bons aussi et qu’il y a toujours Peraud qui peux faire des résultats je pense que que le meilleur niveau physique et tactique c’est Pinot.
Si Thibaut Pinot est entrain de devenir un « cador » du peloto c’est qu’il a compris comment courir et s’entraîner en ayant le rôle d’un leader, rôle qu’il assume totalement. Et ça, ça se voit surtout sur les CLM où il a très largement progressé. En montagne il a toujours été très costaud, mais derrière il pioché lors des étapes un peu « casse-gueule » ou sur les CLM.
Sauf que depuis l’an dernier et le TDF, il a surement pris conscience que pour gagner, pour être sur le podium en World Tour bien grimper ne suffisait pas. Il a énormément travailler le CLM (et ça se voit sur ses performances) mais aussi sa place dans le peloton, comme expliqué dans l’article. Et pour moi c’est LA grande différence entre thibaut pinot et les autres grimpeurs français.
Bardet est plutôt complet lui aussi (très bon CLM sur le tour de Romandie il me semble), offensif, mais il choisit de courir les ardennaises, les courses world tour et le TDF. Du coup il s’égare peut-être un peu trop. De plus il semble être un cran en dessous d’un Pinot sur de vraies montées.
Rolland qui a toujours été une référence en montagne n’a jamais vraiment confirmé son potentiel. Lui aussi fait les ardennaises et cela peut, peut-être, lui porter préjudice sur la préparation aux autres courses. Après il a quand même un joli palmarès, mais contrairement à Pinot il n’a jamais semblé passé le cap pour pouvoir prétendre à un podium sur le TDF. Et Rolland par contre est vraiment mauvais en CLM.
Reste Peraud, qui semble sur le « papier » le plus complet aussi bien en CLM qu’en montagne. Seulement j’ai un peu peur de sa condition physique. Il me semble qu’il a pas mal été blessé en début d’année et il semble vraiment à la limite en montagne. Bardet semble vraiment un cran au dessus cette année, et je vois Peraud plus dans un rôle d’équipier de luxe.
Pour finir, ce qu’il manque vraiment à Pinot, selon moi, c’est une vraie bonne équipe autour de lui, comme peut l’avoir Bardet. L’Ag2r possède quand même Bardet, Péraud, Vuillermoz, Riblon, Pozzo, Betancur, qui même s’ils ne seront pas forcément associés sur un même tour sont tous de bons grimpeurs (bon Riblon un peu moins aujourd’hui) et peuvent vraiment aider leur leader jusqu’aux derniers km. Si on compare cela à la fdj, on se rend bien compte qu’il manque un gros grimpeur pour accompagner Pinot. Morabito est très complet, mais il ne tiendra pas sur les grosses ascensions, tout comme Elissonde, Geniez (qui ont fait le giro en plus) ou même Jeannesson, bien qu’il est vraiment un très bon équipier n’est pas assez fort pour tenir face à la concurrence.
Bref, Pinot ne gagnera pas le TDF cette année, il lui manque vraiment une équipe à la hauteur des autres, mais dans les prochaines années, avec un statut de leader qu’il continu à assumer et confirmer, avec un recrutement adapté il pourra prétendre à un statut de favori.
Après c’est toujours les mêmes questions:
– est-il en forme trop tôt?
– le plateau est-il relevé?
– ne lache-t-il pas trop de jus à disputer les sprints?
En tous cas, mieux vaut se poser ces questions que de se demander s’il a le potentiel pour gagner quelque chose: au moins, là, on est fixé.
Pinot confirme sa progression. On verra, après le contre la montre s’il est passé définitivement du statut de grand espoir à celui de champion confirmé, ce que j’espère grandement.
« Des résultats encore inimaginables l’année dernière, où parler de top 5 sur une épreuve World Tour était complètement illusoire. »
Rappelons quand même que Pinot avait fini 4ème du Tour de Suisse il y a 2 ans.
Sur sa condition, je ne pense pas qu’il soit en forme trop tôt. Il reprend après un entraînement en altitude et face à une concurrence à sa portée il était important qu’il réponde présent à la fois sur l’étape reine arrivant à Sölden que lors des finals casse-pattes qu’il a bien gérés. Il avait terminé assez loin l’année dernière, mais c’est parce qu’il était malade.
Le résultat final reste très indécis, la longueur du dernier clm – importante pour une course d’une semaine (38,4 km) – jouant en la faveur de spécialistes comme Thomas (+42″) et Dumoulin (+1’32 »). D’un autre côté le parcours semble difficile sur le papier, ce qui pourrait permettre à Thibaut de limiter les écarts. Attention aussi à l’étape vallonnée autour de Berne samedi, où il pourrait y avoir quelques différences.
Pour moi Geraint Thomas est en bonne position pour l’emporter, il est à l’affût depuis le début de la semaine, a encore glané quelques secondes sur une cassure hier et s’est bien défendu lors de l’arrivée à Sölden, signe qu’il est en forme. Bien sûr j’espère me tromper et voir Thibaut nous sortir une grande performance sur le clm accidenté !