Après le Tour des Flandres, dimanche dernier, Fabian Cancellara s'est offert Paris-Roubaix - Photo flandersclassics.be
Après le Tour des Flandres, dimanche dernier, Fabian Cancellara s’est offert Paris-Roubaix – Photo Getty Images

Monstrueux. Tel semble être le meilleur mot pour définir la performance de Fabian Cancellara, qui a dû courir seul contre tous. Il le disait à l’arrivée, il n’a jamais eu aussi mal aux jambes. Dans un final haletant et au terme d’une arrivée royale sur le vélodrome de Roubaix en compagnie de Sep Vanmarcke, le Suisse a levé les bras. Comme une fin logique à cette campagne flandrienne, sur laquelle Spartacus a semblé imbattable de bout en bout.

Simplement le meilleur…

A terre. Voilà comment Fabian Cancellara a fini son Paris-Roubaix, littéralement allongé sur la pelouse du vélodrome roubaisien la ligne d’arrivée franchie. Cette image illustre la difficulté qu’a dû surmonter le Suisse pour remporter son deuxième monument de l’année. Ce dimanche sur les pavés du Nord, Spartacus a dû employer le maximum de ses capacités physiques et mentales pour triompher. Car on a bien cru le Bernois enterré à 30 kilomètres de l’arrivée, quand la course s’est complètement décantée et qu’il a laissé les Omega-Pharma à l’avant avec Sep Vanmarcke et d’autres outsiders. Le scénario de 2011 trottait alors dans nos têtes avec un Cancellara marqué et esseulé, mais c’était sans compter sur ses nerfs à toute épreuve et son moteur physique hors-norme.

Il a rebouché chaque trou qui se formait et malgré quelques contretemps, à toujours réussi à recoller au groupe de tête. Ainsi à 20 bornes de l’arrivée, il rejoignait Zdenek Stybar, Stijn Vandenbergh et Sep Vanmarcke. C’est alors que le dramatisme et la cruauté de l’Enfer du Nord entrèrent en scène. Comme en 2009, le Carrefour de l’Arbre a éliminé des prétendants et choisi qui aura le droit de jouer la gagne sur le vélodrome. Malchanceuse sur cette campagne de classiques, la formation de Patrick Lefévère allait subir deux coups du sort en quelques hectomètres. La faute à des spectateurs maladroits -trop fréquent au Carrefour de l’Arbre malheureusement-, Vandenbergh allait chuter. Puis, quelques mètres plus loin, Stybar allait être contraint de laisser filer les deux de devant, après une chute évitée prodigieusement mais qui allait le ralentir. C’est donc Cancellara et Vanmarcke qui entraient en tête sur le vélodrome, au ralenti, tel des pistards. Le temps pour le Suisse d’analyser, et de régler cruellement le coureur de la Blanco dans les 50 derniers mètres, plein de puissance.

Des tricolores malheureux, mais un vrai Paris-Roubaix

Le Belge sera en larmes en descendant du vélo, malheureux au sprint mais magnifique tout au long de la journée ; il prend indéniablement date pour la suite. Les coureurs d’OPQS pourront eux avoir des regrets, malgré le podium final de Terpstra. En surnombre dans le final, ils n’ont pas réussi à conclure comme il le fallait, à cause d’une certaine malchance et un sens tactique parfois douteux, Sylvain Chavanel pourra en témoigner. Très facile sur la première accélération de Cancellara, le Poitevin a été victime d’un ennui mécanique et a dû changer de vélo, juste au moment où la course commençait à être décantée… par ses équipiers ! Très énervé jusqu’à la fin de course, il vient encore de laisser passer une belle chance de victoire sur un monument.

Mais ce sont bien les Français en général qui ont joué de malchance sur cette 111ème édition. Mathieu Ladagnous a été contraint à l’abandon sur chute, comme son coéquipier Yoann Offredo pour un moment d’inattention. Sébastien Turgot finira lui 10ème, mais aura raté la bonne échappée à cause d’une crevaison. C’est son coéquipier et moins attendu Damien Gaudin qui a le mieux représenté le contingent tricolore. Anticipant le mouvement des gros bras, il a réussi à s’accrocher parmi les poursuivants pour finir à une très courageuse 5ème place, confirmant son très bon début de saison et ses précédentes performances sur Paris-Roubaix.

Ce Paris-Roubaix 2013 aura donc été conforme à la réputation du monument. Terrible pour les organismes, éliminatoire et plein de rebondissements. Faisant toujours des malheureux de façon cruelle, mais sacrant un champion hors-norme. Fabian Cancellara est de ceux-là. Il aura éclaboussé de toute sa classe et de tout son panache cette quinzaine flandrienne, avec en comme cerise sur le gâteau ce chef d’œuvre de maitrise et de puissance, pour ce qui constitue sans doute sa victoire la plus accomplie de sa carrière. De quoi aller en vacances sereinement.

Amine Ladouani


 

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