La carrière du Luxembourgeois, cadet de la fratrie, serait-elle menacée ? - Photo Flickr, Michiel Jelijs

Ce questionnement aurait pu paraître bien saugrenu il y a quelques mois, lorsque les « blessures » justifiaient encore les performances lamentables du coureur luxembourgeois. Suite à sa saison précédente apocalyptique, où son taux d’abandon a crevé le plafond, on était en droit d’attendre un autre visage du cadet des Schleck, et ce dès les premiers mois de l’année. Résultat : un nouveau camouflet en bonne et due forme pour démarrer 2013. Longtemps dernier du classement général sur le Tour Down Under, un problème mécanique salvateur le contraint de quitter la course, l’affront de la lanterne rouge étant ainsi évité ! Mais cette première déconvenue n’était en fait que l’entracte d’une humiliation encore plus grande pour l’ancien vainqueur (sur tapis vert) du Tour de France. Engagé sur le Tour Méditerranéen dans l’espoir de reprendre un peu de confiance, Schleck a sombré dès le 100e kilomètre de la course azuréenne en étant distancé à la pédale par le peloton. A l’heure de ces lignes, un terrible constat s’impose : Andy Schleck n’est plus tout à fait un coureur professionnel.

Un mental plus que défaillant

Du coté du front-office, on essaie de se rassurer en martelant les mêmes déclarations dans la presse, à savoir « Andy se projette vers Liège et le Tour, il nous reste du temps ». Cette année, la Radioshack est en plein trouble. Frank est suspendu, le futur du manager Johan Bruyneel est remis en question par l’affaire Armstrong. Une nouvelle saison sans succès probant pour Schleck, qui a de grandes chances de s’envoler vers d’autres cieux l’an prochain, serait un cataclysme pour une organisation menée par des coureurs vieillissants et qui traînent derrière eux des casseroles dont le sponsor se passerait bien. Schleck, dont l’image est encore propre, constituerai un vainqueur idéal médiatiquement parlant pour relancer le cyclisme.

Tout sera donc mis en œuvre pour que le bambin retrouve son niveau, à force d’envie et de courage, aidé par sa détermination inflexible et son mental d’acier… Non, ne rêvons pas. Voyons plutôt les choses en face, et constatons que ce coureur n’a jamais eu le mental d’un athlète de haut niveau. Couvé tout au long de son parcours par ses proches, l’échec du projet Léopard l’avait déjà brisé. La suspension de son grand frère adoré le plonge un peu plus dans un gouffre qui ne cesse de s’agrandir. Son moral est au plus bas et ne remontera sans doute jamais. Pour reprendre notre cher Thierry Adam, « la tête et les jambes » sont essentielles à la performance d’un cycliste. Andy n’a jamais eu la tête, et a perdu ses jambes au fur et à mesurer que son moral s’est dégradé.

Vers une retraite anticipée ?

C’est là que les déclarations d’octobre dernier, du père, Johnny Schleck, prennent tout leur sens. L’ancien équipier de Luis Ocaña conseillait à ses fils « d’arrêter le vélo », tout simplement ! Un an plus tôt, Andy lui-même déclarait vouloir en finir avec cette vie de coureur cycliste « Je pense que nous nous arrêterons ensemble. Ce serait formidable. » A partir de ces données, il devient évident de prédire que sa prestation sur le prochain Tour de France conditionnera la suite des évènements. En cas de nouvelle contre-performance rocambolesque, tout porte à croire qu’on ne le reverra plus. Le Tour de France, avec Liège, est bien la seule course qu’il l’aura poussé à montrer un peu de son talent. On retiendra de lui ses deux exploits : en 2009 sur la doyenne, puis deux ans plus tard, au Galibier sur la Grande Boucle. Le reste du temps, Schleck aura d’avantage ressemblé à un fantôme qu’à un coureur cycliste.

Au fond, il n’a jamais aimé le vélo, non, il a juste suivi la voie tracée par son père et son frère. Il est sans doute temps pour lui de faire le grand saut et prendre enfin une décision individuelle et radicale : celle d’annoncer la fin de sa carrière. A continuer ainsi, sans envie, il est entrain de se couvrir de ridicule. Afin de préserver le peu qu’il reste de sa légende et de sa dignité, il doit dire stop et s’en aller.

Louis Rivas


 

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