Après Gand-Wevelgem, alors que la quasi-totalité des favoris en vue du Tour des Flandres ont décidé de se reposer, Alexander Kristoff, lui, s’est rendu sur les Trois jours de la Panne. Vainqueur de trois étapes au sprint, il a forcément marqué les esprits à quelques jours de son grand objectif.

Sanremo ne l’a pas stoppé

Le Norvégien avait très bien débuté sa saison, avec dans l’esprit Milan-Sanremo. Tenant du titre sur l’épreuve italienne, il espérait conserver sa couronne. Il n’en fut pas loin, sur la Via Roma, mais dut d’incliner face à John Degenkolb. Deuxième, Kristoff aurait pu être envahi par la déception, et ne pas réussir à se remobiliser pour la suite des classiques. C’est tout le contraire qui s’est produit. A peine les 300 bornes de la Primavera avalés, le sprinteur-flandrien de l’équipe Katusha avait la tête tournée vers les classiques pavées. Quatrième du GP E3, il a ainsi prouvé, quelques jours seulement après Milan-Sanremo, sa capacité à ne pas s’éparpiller. Malgré le parcours vallonné d’une classique qui ne lui convient que moyennement sur le papier, le natif de Stavanger est allé chercher une quatrième place difficilement prévisible. Une nouvelle preuve que ce coureur est insaisissable.

Il a ensuite enchaîné en réglant le sprint du peloton sur Gand-Wevelgem, et peut regretter de ne pas avoir su prendre le bon coup. Mais cette semaine sur les Trois jours de la Panne, et même si la concurrence n’a rien à voir avec celle qu’il devra affronter dimanche sur le Ronde, Alexander Kristoff a continué d’emmagasiner de la confiance. Vainqueur du général et de trois étapes, il est désormais l’homme le plus prolifique du peloton en 2015. Ce n’est pas ce qui lui permettra de lever les bras à Audenarde, mais ses dernières courses lui ont au moins prouvé qu’il est capable d’accompagner les meilleurs sur les pavés, même quand des monts jalonnent le parcours. Ce qu’il lui manque encore, c’est la science de la course. Sur la Via Roma, il avait lancé son sprint trop tôt. A La Panne ce jeudi, ce fut encore le cas, même si cette fois ça ne lui a pas coûté la victoire. Un défaut à gommer.

Un lieutenant qui vaut de l’or

Pour cela, Kristoff peut compter sur celui qui l’épaulera dimanche, à savoir Luca Paolini. L’Italien de 38 ans, sacré sur Gand-Wevelgem dimanche dernier, est un expert lorsqu’il s’agit de la jouer tactique. En cela, il sera donc d’une très grande aide pour le Norvégien. Tant que le Milanais sera aux côtés de son leader, on peut être sûr que Kristoff courra juste. On en a eu un superbe aperçu sur la Primavera, lorsque le leader de la Katusha, en grande difficulté dans la Cipressa, avait bu bénéficier d’une aide phénoménale de la part de son coéquipier transalpin pour remonter en tête de peloton. Après ça, il avait fait le Poggio à bloc, dans la roue d’un lieutenant qui semblait l’emmener vers la victoire dans un fauteuil. La suite, on la connaît : Paolini s’écarte un peu trop tôt – mais comment lui en vouloir après son incroyable effort – et Kristoff est contraint de lancer son sprint d’assez loin.

Car oui, à un moment, c’est bien au Norvégien de terminer le travail. Et même s’il a parfois tendance à démarrer son effort trop tôt, il a aussi montré par le passé, sur Milan-Sanremo ou sur le Tour de France notamment, qu’il était en mesure de lever les bras sur de grandes épreuves. Reste à voir s’il en est aussi capable sur le Ronde, après avoir bouffé des pavés toute la journée. En 2014, il avait échoué à quelques secondes seulement du quatuor de tête, qu’il aurait sans doute aligné s’il avait pu participer au sprint. Et en 2013, il avait réglé l’emballage final du peloton, prenant la quatrième place. Des accessits que le coureur scandinave doit désormais transformer en victoires, pour à 27 ans, s’affirmer comme le chasseur de classiques qu’il désire être.

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