Après une deuxième place inattendue sur le Tour de France 2014 avec Jean-Christophe Peraud, l’équipe AG2R avait à cœur de réaliser une nouvelle performance de renom sur la Grande Boucle mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Elle a toutefois montré, au cours de la saison, quelle était la meilleure équipe française et a réalisé une très bonne saison, malheureusement entaché par le contrôle positif de Lloyd Mondory.
Trois raisons d’être satisfaits
Un Tour de France efficace. Deux victoires d’étapes et une neuvième place au général. Voilà le bilan de la formation française sur le Tour de France 2015. Difficile de faire mieux pour l’équipe après un Tour de France 2014 exceptionnel et pourtant en 2015, AG2R n’a pas eu du tout à rougir. Tout d’abord Alexis Vuillermoz s’imposait en patron à Mûr-de-Bretagne et par la même occasion, il fut la révélation des spectateurs français. Concernant Romain Bardet, après un début de saison légèrement décevant, l’éclaircie est venue deux mois plus tard, lors du Dauphiné, avec une victoire à Pra-Loup après une descente très bien maîtrisé du Col d’Allos et résistant à ses poursuivants. On avait donc espoir d’un Tour de France de même niveau voir supérieur à celui réalisé en 2014. Mais retour à la réalité dès la première étape de montagne puis malade, il fut aux portes de l’abandon. Et puis le français montra qu’il avait du culot : 3ème au Plateau de Beille, à Mende où il semblait le plus fort, il remporta finalement sa première victoire sur la Grande Bouche à St-Jean-de-Maurienne et se permit même de rentrer dans le Top 10 au général parfaitement secondé par Mickaël Chérel.
Alexis Gougeard tout en puissance. À seulement 22 ans, Alexis Gougeard représente une nouvelle jeunesse. À la suite d’une saison 2014 où il a montré un très gros moteur, il a plus que confirmé dès sa deuxième année professionnelle et pour son premier grand tour. Il est aussi le meilleur «scoreur» de l’équipe AG2R en 2015 avec cinq victoires : la Classic Loire Atlantique, la troisième étape des Quatre jours de Dunkerque, la 19ème étape du Tour d’Espagne puis le Tour de l’Eurométropole et son prologue. Un excellent bilan donc. Ses victoires sont très souvent acquises lors de grand et long raid comme le démontre sa victoire sur la Classic Loire-Atlantique l’année dernière. Cette année, sur Paris-Roubaix il est le dernier rescapé de l’échappée après avoir passé 220 kilomètres devant. Bis repetita sur le Tour d’Espagne où il attaque sur un faux plat montant. Personne ne sera en capacité d’accrocher sa roue et de revenir sur lui par la suite. La confirmation d’un très gros moteur, en quelque sorte, tant Alexis Gougeard semble pouvoir gagner un peu partout, sauf en haute montagne. Mais attention toutefois à ne pas trop se disperser.
La meilleure équipe française ? Pour la saison 2015, la formation française avait particulièrement visée sur le recrutement avec notamment l’arrivée des deux Belges, Jan Bakelants et Johan Vansummeren et du français Pierre Latour. Pour le second Belge ce fut une saison blanche mais pour le premier son départ d’Etixx – Quick-Step, alors Omega Pharma – Quick-Step, ne l’a pas beaucoup dérangé. Très à l’aise dans son rôle de puncheur-baroudeur, il a parfaitement remplit son rôle en étant présent tout au long de la saison et avec deux victoires permettant à l’équipe d’engranger des points. Enfin Pierre Latour est probablement la révélation française de l’année avec son coéquipier Alexis Gougeard. Rivalisant avec Nairo Quintana et Alberto Contador sur le Route du Sud et en se permettant de les attaquer, 7ème du Tour d’Autriche, 5ème à Burgos puis 3ème du Tour de l’Ain avec une victoire d’étape, quoi de mieux pour une première saison en tant que pro ? Mais AG2R pouvait aussi compté sur ses autres cadres, à l’image de Ben Gastauer vainqueur du Tour du Haut Var ou Samuel Dumoulin toujours présent lors des sprints. En recrutant Cyril Gautier et Jesse Sergent, l’équipe renforce son collectif et et veut montrer définitivement qu’elle est la meilleure équipe française actuelle.
Trois raisons d’être déçus
Une sacrée frayeur pour Domenico Pozzovivo. Tout avait bien commencé pour l’Italien, sixième en Australie sur le Tour Down Under, huitième sur Tirreno-Adriatico, troisième du Tour de Catalogne et septième du Tour du Trentin. De plus il a gagné à deux reprises, chose qu’il n’avait pas fait depuis le Tour de Slovénie en 2012. On comptait donc sur lui pour jouer le général à domicile, sur le Giro. Mais dès la 2ème étape ses espoirs s’envolaient avec une chute. Résultat ? Pas moins d’1‘10“ de retard. Une chute sans conséquence physiquement, tout le contraire de celle du lendemain, où l’on cru au pire en le voyant inconscient en plein milieu de la route avec en prime un traumatisme facial et crânien. Pourtant il reprit dès le Tour de Suisse avec pour objectif la Vuelta mais il ne pesa pas sur la course et termina 11ème au général. Avec sa forme du début de saison, on aurait peut-être le voir monter sur le podium du Giro mais la malchance s’acharne sur lui pour le contraindre à son quatrième abandon en neufs participations sur son Tour.
Le poids des années chez Jean Christophe Péraud. Le général du Critérium International et rien d’autre. Voilà ce qui résume la saison noire du français. Après sa 2ème place sur le Tour de France 2014 dû aux circonstances de course, on pouvait prévoir qu’à 38 ans, il ne pourra plus réaliser ce résultat et ce fut effectivement le cas cette année. En visant une nouvelle fois le Tour de France, il prenait le risque d’être en dessous des attentes. Alors avec une grande méforme combiné avec de nombreuses chutes, difficile de se montrer à son avantage. Son contrat prenant fin en 2016, il ne lui reste plus qu’une saison pour oublier son année 2015. Lui qui réalise un programme similaire chaque année depuis qu’il est dans l’équipe l’AG2R, la prochaine saison devrait changer avec une première participation sur le Giro. Bon ou mauvais choix ? La question sera résolue dès mai 2016.
Affaire de dopage et Carlos Betancur. On avait espoir de revoir le Colombien à son meilleur niveau. Certes il a retrouvé du niveau…par rapport à saison 2014. Tout est relatif car un Giro correct, achevé à la vingtième place finale, ne corrige pas deux saisons à un piètre niveau. Le mal du pays comme excuse ? Plus près de son enfant que du cyclisme ? On peut le comprendre mais partir en répétant qu’il était difficile de montrer son vrai talent chez AG2R est un peu facile pour expliquer ces deux dernières années loupées. Maintenant, à lui de réagir chez Movistar. Outre Carlos Betancur, la plus grosse déception de l’équipe est la suivante : le contrôle positif à l’EPO de Lloyd Mondory hors compétition. Dès l’annonce, on a pu voir les coureurs d’AG2R réagir concernant cette annonce. Personne ne comprenait comment Mondory a pu faire cela. Suspendu quatre années par l’Union Cycliste Internationale, le Français termine sa carrière de la plus mauvaise manière et en dégradant l’image de son équipe. Regrettable.
Thomas Fiolet