4 victoires. C’est le bilan famélique de l’équipe AG2R La Mondiale sur la saison écoulée, le plus faible de toutes les équipes World Tour. Les Savoyards auront attendu la mi-mai pour glaner leur premier succès, par l’intermédiaire de Sébastien Hinault, et n’ont connu que trois vainqueurs différents sur l’ensemble de la saison ! Les sprinteurs furent régulièrement placés, à l’image de Lloyd Mondory, mais rare fut la victoire. Pour les leaders, ce n’est pas bien mieux. Si Rinaldo Nocentini a réalisé une saison très régulière, les grimpeurs ont eu du mal à confirmer leur belle saison 2011. John Gadret n’a jamais paru dans le coup sur le Giro, et surtout, Jean-Christophe Péraud n’a été que l’ombre de lui-même tout au long de l’exercice. Loin des attentes.
Cette saison 2012 aura d’ailleurs valu à AG2R quelques sueurs froides en fin de saison, concernant son avenir en première division. L’essentiel est acquis avec ce nouveau ticket pour le World Tour mais l’avertissement fut fort. Vincent Lavenu a alors décidé de changer de stratégie. Fini les recrues qui possèdent des points UCI, le recrutement a été intelligent. Avec 11 départs et autant d’arrivées, la formation française a pu faire venir Domenico Pozzovivo, Davide Appollonio, Carlos Betancur et Yuaheni Hutarovich notamment. Ajoutez à cela une touche française avec l’arrivée de Steve Chainel et le retour aux sources de Samuel Dumoulin et vous obtenez une équipe compétitive sur la scène internationale. Avec des cadres au niveau, AG2R La Mondiale a clairement de quoi nous faire rêver cette année.
La recrue : Domenico Pozzovivo
Avril 2012. Le Punta Veleo et ses 13% de moyenne se dresse face aux coureurs du Tour du Trentin, répétition par excellence pour les prétendants au maillot rose. On attend une explication entre les Kreuziger, Scarponi, Cunego ou encore Gadret. La montée débute, l’écrémage s’opère progressivement et les favoris sont lâchés un par un. Personne n’arrive à suivre l’allure d’un homme : Domenico Pozzovivo. Flamboyant sur les pentes à 22% et s’envolant inexorablement vers le sommet, le coureur de Colnago colle plus d’une minute à son premier poursuivant à l’arrivée. Le lendemain, il remporte le classement général en gérant ses adversaires avec une facilité déconcertante sur les pentes de l’irrespirable Passo Pordoi. Le grimpeur de poche italien a impressionné la galerie au Trentin, au point d’arrivée à Herning dans la peau d’un sérieux outsider. Il terminera alors 8e du Giro, avec en prime une étape dont lui seul a le secret.
Souvent malchanceux au moment des grands rendez-vous, l’Italien rompt enfin le signe indien et prouve qu’il peut faire partie des tout meilleurs grimpeurs lorsqu’il est en forme. En signant chez AG2R, il veut confirmer son retour au premier plan et passer au cap supérieur, celui du World Tour. A 30 ans, il était temps pour lui de quitter les Reverberi de la désormais Bardiani pour découvrir la crème du cyclisme mondial et atteindre le maximum de son potentiel. Dans sa nouvelle formation, il va pouvoir y disputer les Ardennaises mais surtout participer au Tour de France. Avec la grosse densité de grimpeurs chez AG2R et le fort contingent d’Italiens, nul doute qu’il trouvera son compte dans cette équipe où il pourra continuer à progresser paisiblement.
Le coureur à suivre : John Gadret
Magnifique troisième du Giro 2011 (après déclassement de Contador), John Gadret avait semblé changer de statut au départ de l’édition 2012. Passant d’outsider à prétendant au podium, le natif d’Epernay n’a pas réussi à réitérer son exploit. Donnant l’impression d’être court physiquement, le Français n’est jamais réellement rentré dans sa course. Finissant à une onzième place mitigée sur son plus grand objectif de la saison, il n’a jamais retrouvé le bon coup de pédale pour le reste de l’exercice. Sa saison 2012 était donc en somme décevante. Le grimpeur tatoué veut donc repartir sur de bonnes bases cette année et retrouver son meilleur niveau dès que la route s’élève. Pour cela, il va y avoir du changement.
Gadret stoppera sa saison de cyclo-cross plus tôt pour avoir la possibilité de revenir dès février et ainsi être en forme plus tôt. Mais le changement majeur est bien évidement dans son objectif de la saison. Exit son Tour d’Italie adoré et ses routes qui lui ont longtemps souris, place au Tour de France et à sa centième alléchante auquel Gadret a fini par céder. Un parcours montagneux et moins de chrono, c’est ce qu’il fallait pour que Gadret décide de se présenter au départ de Corse en pleine possession de ses moyens. Lui qui n’a jamais fait mieux que 18e sur la Grande Boucle voit là une chance de briller sur ses terres, surement l’une des dernières. Et on imagine déjà un Gadret à 100 % en juillet prochain. Ca vend du rêve, non ?
Les points positifs :
– Un recrutement extrêmement intéressant et à fort potentiel
– Une belle densité de grimpeur avec un alléchant duo Gadret – Pozzovivo
– La présence du jeune Romain Bardet, qui pourrait exploser cette saison
Les points négatifs :
– Une jeune génération qui tarde à s’affirmer, celle des Kadri, Bouet, Bérard et Chérel
– L’intégration des recrues étrangères qui pourrait s’avérer difficile et longue
– Une culture de la gagne à reconquérir, peu de coureurs la détienne dans l’équipe
Amine Ladouani