Un bouleversement majeur a été mis en place pour rompre avec la monotonie qui s’installait petit à petit sur l’Amstel Gold Race : la lignée d’arrivée ne sera plus tracée au sommet du Cauberg, mais quelques kilomètres plus loin. C’est en quelque sorte un retour aux sources, puisque le même format était en vigueur jusqu’en 2002, date où les organisateurs décidèrent de donner un coup de neuf à leur classique pour empêcher les routiers-sprinteurs de s’imposer à chaque édition. Dix ans plus tard, après une succession de courses de côtes où tout se jouait dans le kilomètre final, un constat logique s’applique : cette expérience a été un semi-échec. Avec cette nouvelle formule, tout porte à croire qu’on aura droit à une course un peu plus enlevée, les puncheurs n’auront d’autre choix que de mettre du rythme !

– Les Favoris

***** Peter Sagan : Il s’en était fallu d’un rien pour qu’il ne l’emporte dès sa première participation, l’an dernier. Mais dans le final du Cauberg, il n’avait pu résister à Enrico Gasparotto et Jelle Vanendert. Désormais plus fort et plus expérimenté, le Slovaque semble totalement intouchable sur ce type de parcours. Le nouveau tracé calqué sur celui des championnats du monde, avec un Cauberg ne faisant plus office d’obstacle final, renforce encore sa position de favori suprême. Seul un incident technique malencontreux semble en mesure de l’empêcher de remporter (enfin) sa première classique « majeure ».

**** Philippe Gilbert :  Double vainqueur de l’épreuve et champion du monde sur le nouveau parcours, Gilbert est à son avantage sur les routes du Limbourg néerlandais. Mais, car il y a un mais, son aptitude à l’emporter est remise en question par sa baisse de niveau spectaculaire depuis son transfert de la Lotto vers BMC. Cette saison, son seul résultat honorable reste sa récente 2e place sur la Flèche brabançonne, où il a reçu une leçon de cyclisme par Peter Sagan. Déjà sous pression après sa saison 2011 tonitruante, son nouveau maillot de champion du monde lui impose une responsabilité supplémentaire qu’il ne semble pas pouvoir totalement surmonter.

– Les Outsiders

*** Simon Gerrans : Fer de lance d’Orica-Green Edge, l’Australien, dans un relatif anonymat, n’est pas loin d’être l’homme en forme du moment : déjà trois victoires World Tour pour lui, acquises sur les reliefs accidentés du Tour Down Under, du Tour du Pays Basque et du Tour de Catalogne. Une belle moisson qui souligne la progression régulière de Gerrans, qui saison après saison se forge un beau palmarès, dans l’ombre de stars qui parfois gagnent moins que lui. Sa malice lui avait offert Milan-Sanremo sur un plateau l’an passé, et il est parfaitement capable de rejouer un de ses fameux tours sur l’Amstel Gold Race, dont il avait pris la 3e place en 2011.

*** Maxim Iglinskiy : Son compère et tenant du titre Enrico Gasparotto diminué physiquement après un accrochage récent avec un camion, le Kazakh devient de fait la meilleure carte de la formation Astana. Extrêmement polyvalent, il est capable de briller aussi bien sur les flandriennes que sur les ardennaises, mais ces dernières restent son terrain de prédilection. Si un bon coup doit partir dans le Cauberg pour tenter de déstabiliser Sagan, Iglinskiy en sera et pourra faire parler sa pointe de vitesse pour aller chercher une bonne place dans le sprint final.

*** Michael Albasini : Comme Astana et BMC, GreenEdge possède deux coureurs de haut rang capables de se distinguer. Un peu moins taillé pour le Cauberg que pour la Flèche wallonne dont il est un véritable spécialiste, le Suisse pourra servir de point d’appui, de relais, à son leader Gerrans. En mars sur Paris-Nice, il avait été capable de distancer sans problème Iglinskiy, Velits et Gasparotto dans un sprint en petit comité qui pourrait ressembler à celui auquel on a de grandes chances d’assister dimanche. Méfiance donc, bien placé, Albasini est tout aussi redoutable que n’importe quel autre challenger de Sagan.

*** Joaquim Rodriguez : S’il y en a un que le nouveau tracé pénalise, c’est bien lui. Incapable de battre qui que ce soit au sprint, Rodriguez devra attaquer sèchement dans le Cauberg pour partir seul et avoir une chance de résister au retour des poursuivants. Pas une mince affaire pour Purito, qui n’est pas habitué à briller dans ces circonstances, comme le prouvent ses échecs sur Liège-Bastogne-Liège. La belle équipe qui l’entoure – avec Kolobnev, Moreno et Spilak – sera d’un précieux soutient et le Russe pourrait même s’avérer être une solution de rechange plus efficace que son leader.

*** Thomas Voeckler : D’habitude excellent dès le début de saison, l’Alsacien met un peu plus de temps à trouver la bonne carburation cette année. On l’a vu actif, mais il n’a jamais été récompensé de ses efforts. Peut être un mal pour un bien, car si Voeckler arrive au sommet de sa condition à ce moment de la saison, cela promet de belles étincelles ! Particulièrement brillant sur les classiques ardennaises en 2012 (5e de l’Amstel, 4e à Liège), on fonde beaucoup d’espoirs dans le leader du Team Europcar pour porter haut les couleurs tricolores en ce début de printemps.

– A ne pas sous-estimer

** Enrico Gasparotto : Légitimement placé parmi les favoris après son immense campagne de classique de 2012 (1er sur l’Amstel, 3e à Liège), l’Italien a eu la malchance d’être percuté de plein fouet par un camion alors qu’il s’entrainait avec ses coéquipiers sur le parcours de l’Amstel. De quoi freiner sa marche en avant mais pas d’anéantir totalement ses ambitions. Malgré la douleur, Gasparotto reste confiant en ses chances de livrer une course de bonne facture dimanche.

** Sergio Henao : Habitué au rôle de lieutenant, Sergio Henao aura carte blanche pour s’exprimer sur cette classique, en l’absence de Chris Froome et Bradley Wiggins qui pourraient être de la partie sur Liège-Bastogne-Liège. D’ici là, le Colombien devra prouver qu’il mérite de recevoir la confiance d’une équipe qui n’en fini plus de gagner. Uran, Kyrienka et Tiernan-Locke qui découvre les ardennaises seront des équipiers de grande qualité qui l’aideront dans sa quête de succès. A noter la présence d’Edvald Boasson Hagen qui semble cependant actuellement en trop courte condition pour passer le Cauberg avec les meilleurs.

** Fabian Wegmann : Baroudeur-puncheur expérimenté, Wegmann connait parfaitement cette course où il a multiplié les accessits tout au long de sa carrière. Rapide au sprint, bien entouré, offensif, l’Allemand a de nombreux atouts à faire valoir pour placer la Garmin en haut de l’affiche. Un coureur sous-coté qui ne demande qu’à créer la surprise, à l’instar de Gasparotto la saison passée.

* Paul Martens : Régulièrement cité comme un potentiel futur vainqueur de classique, l’Allemand peine à se faire une véritable place de leader au sein de la structure Blanco. Son statut n’évolue pas et ses capacités de puncheur semblent bridées par la richesse de l’effectif néerlandais dans ce domaine. Âgé de 29 ans, il est temps pour lui de montrer de quoi il est capable !

Mentions : Alejandro Valverde, Andy Schleck, Ryder Hesjedal, Moreno Moser, Damiano Cunego, Romain Bardet, Giovanni Visconti, Greg Van Avermaet et Grega Bole.

Louis Rivas


 

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