Quatrième sur le Vélodrome de Roubaix l'an passé, Flecha était encore bien placé - Photo Sirotti
Quatrième sur le Vélodrome de Roubaix l’an passé, Juan Antonio Flecha était encore bien placé – Photo Sirotti

Les victoires semblent ne pas vouloir s’offrir à Juan Antonio Flecha, qui depuis le début de sa carrière doit se contenter de places d’honneur. Sur le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, l’Espagnol a connu le podium. Mais jamais il n’a pu monter en vainqueur sur le podium… Une seule fois il a réussi à remporter une classique flandrienne : c’était le Het Volk, en 2010. Pas la plus prestigieuse, malheureusement. Pourtant, Flecha a les qualités pour remporter un Monument. Mais à 35 ans, les années vont commencer à peser. Cette saison est sans aucun doute l’une des dernières où l’on voit l’Argentin de naissance capable de jouer les premiers rôles. Pour quel résultat cette fois ?

Le nombre de tops 10 réalisés par cet homme de classiques est impressionnant : trois sur Gand-Wevelgem, quatre sur le Het Volk – toujours sur le podium, et une fois victorieux -, un sur le GP E3, autant sur le Tour des Flandres et sept sur Paris-Roubaix, parmi lesquels trois podiums. Depuis 2006 et à l’exception de la saison 2008, Flecha n’est jamais sorti du top 10 de l’Enfer du Nord. Aucun autre flandrien ne peut se targuer de posséder un tel bilan, se retrouvant présent dans l’une des courses d’un jour les plus difficiles au monde sept années sur huit. Monstrueux de régularité et de longévité, le vainqueur du Championnat de Zurich en 2004 est un coureur à part. Un homme qui toute l’année, travaille pour son équipe sans rechigner, et qui ne demande des équipiers que lors de la campagne flandrienne. Pourtant, l’Ibère ne parvient pas à lever les bras. A Roubaix, la victoire lui est toujours passée sous le nez. Une malédiction ? Peut-être, mais pas que…

Un manque d’ambition ?

Enchaîner les places d’honneur à cette cadence est exceptionnel, et prouve le talent du principal intéressé. Mais Flecha ne s’en satisfait-il pas ? Difficile de trouver trace d’une détermination particulière de l’Espagnol au départ d’une épreuve qu’il pouvait pourtant remporter. Entouré d’hommes forts depuis des années, il n’a toutefois jamais réussi à battre les cadors de la discipline, Boonen et Cancellara notamment. Du coup, aujourd’hui, Juan Antonio Flecha se retrouve relégué au rang d’outsider pas vraiment sérieux. On le sait, il sera là. Mais on le sait aussi, il ne gagnera pas. Préférant toujours assurer une place d’honneur plutôt que de prendre des risques pour s’offrir la victoire, le vainqueur d’étape sur la Grande Boucle il y a quelques années peut décevoir par sa mentalité : il se contente de ce qu’il a, et ne cherche pas réellement à faire mieux. On pensait que son équipe pouvait y être pour quelque chose ; mais en quittant la Rabobank pour la Sky, rien n’a changé. Et pourtant, dieu sait que chez les Britanniques, l’état d’esprit est une valeur très importante. Résultat, deux ans après son arrivée, Flecha a quitté la structure de Dave Brailsford pour une formation bien moins ambitieuse : Vacansoleil. Le choix de la facilité qui sonne comme un aveu…

Se tester sur le Ronde, espérer sur Roubaix

Aujourd’hui, Flecha a 35 ans. Un âge qui ne signe pas encore la fin de sa carrière, mais qui clairement l’en rapproche. La saison 2013, à n’en pas douter, est donc l’une des dernières où physiquement, il pourra tenir tête aux favoris. Le Tour des Flandres de dimanche devrait donc lui permettre de se situer dans la hiérarchie, et de savoir à peu près ce qu’il peut espérer dans une dizaine de jours, sur Paris-Roubaix. La véritable course qu’il affectionne, celle autour de laquelle il a construit ses saisons, et son palmarès. Un Enfer du Nord qui ne s’offre pas à n’importe qui, mais que Flecha pourrait bien aller décrocher, avec un peu plus de motivation qu’à l’accoutumée. Cinquième de Gand-Wevelgem, une course qui ne lui correspond pourtant pas vraiment, celui qui a connu la Fassa Bortolo s’est rassuré. Avant, peut-être de jeter ses dernières forces dans la bataille des flandriennes. Histoire de ne pas regretter, dans quelques années, de ne pas avoir fait le maximum pour rempoter un Monument qu’il mérite indéniablement.

Robin Watt


 

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