C’était la formation qui devait dominer cette campagne de flandriennes. Disposant d’une véritable dream-team, Patrick Lefevere devait emmener les Omega Pharma – Quick Step vers la victoire. Après le quadruplé historique de Tom Boonen en 2012, on attendait le duel face à Fabian Cancellara. Il n’aura pas eu lieu, et la structure belge repart bredouille d’une campagne de classiques sur laquelle elle misait presque tout. Car clairement, ce ne sont pas les ardennaises des prochaines semaines qui permettront à OPQS de se rattraper.

L’emblématique Boonen sème la zizanie

Tom Boonen, Sylvain Chavanel, Niki Terpstra, Stijn Vandenbergh, Zdenek Stybar ou encore Michal Kwiatkowski, l’effectif dont disposait pour cette campagne Patrick Lefevere était sûrement le plus riche en qualité. Et pourtant, cela n’aura pas été suffisant. Un comble pour une équipe qui se veut spécialiste des courses pavées. Comparons alors avec l’année passée, où tout avait fonctionné à merveille : Chavanel s’était montré moins fort, Vandenbergh, Stybar et Kwiatkowski étaient bien plus discrets et Terpstra totalement dévoué à son leader Tom Boonen. Cette fois, c’est le champion du monde 2005 qui a failli, alors que son équipe l’attendait au moins à son niveau de 2012. Du coup, chacun a cru venu le moment de jouer sa carte personnelle. Et alors que le rôle de leader aurait dû être cédé à un seul coureur – en l’occurrence le meilleur, qui cette saison était Sylvain Chavanel – Tommeke a conservé son statut. Mobilisant autour de lui des hommes capables de jouer eux-mêmes la victoire, ce fut presque une délivrance, quand, suite à la chute du leader sur le Tour des Flandres, tous ces équipiers habituels ont vu l’opportunité de jouer leur carte personnelle.

Sans stratégie concrète, chacun a couru pour soi. Comme si d’un coup d’un seul, il n’y avait plus d’équipe. Evidemment, Patrick Lefevere a bien dû tenter de mettre un peu d’ordre dans la maison. Mais de quel droit, par exemple, Chavanel serait-il désigné leader ? Toujours utilisé dans un rôle d’équipier jusqu’ici, au même titre que les Vandenbergh, Stybar et autres Terpstra, pourquoi ces derniers devraient se mettre au service du Français ? Pourquoi ce ne serait pas à l’ancien coureur de Cofidis de rouler pour l’un de ses coéquipiers ? Décelant rapidement cet état d’esprit, le staff d’Omega Pharma – Quick Step n’a pas pu changer la donne. Ce sont les coureurs qui pédalent, et malgré les consignes données avant le départ, ils font ce qu’ils veulent. La stratégie habituelle autour d’un unique leader pour qui tout est mis en œuvre a donc été modifiée : le but était simplement de gagner, peu importe quel coureur levait les bras.

A vouloir courir plusieurs lièvres à la fois…

Sur le Tour des Flandres comme sur Paris-Roubaix, on a donc eu droit à une tactique douteuse. Sur le Ronde tout d’abord, Sylvain Chavanel semblait fort, très fort. L’un des seuls capable de suivre Fabian Cancellara et Peter Sagan, malheureusement pas d’assez près. Il ne lui aura pas manqué grand chose, si ce n’est quelques mètres dans le Vieux Quarement. Une distance que Michal Kwiatkowski, visiblement très en forme ce jour-là, aurait pu l’aider à boucher s’il n’avait pas épuisé son énergie dans une échappée au long cours presque vouée à l’échec. Ce n’est pas Stijn Vandenbergh, complètement cuit, qui pouvait aider le Viennois à tenir dans l’un des monts les plus difficiles du parcours. Sur l’Enfer du Nord, ensuite, ce ne fut guère mieux. Lorsque quatre groupes distincts étaient formés à une trentaine de kilomètres de l’arrivée, il y avait un Omega Pharma – Quick Step dans chacun d’entre eux. Une technique qui permet d’être certain de décrocher une place d’honneur, mais certainement pas la victoire. Dans cette situation encore, aucun coureur n’a semblé pouvoir profiter d’un réel sacrifice de la part de ses coéquipiers.

La malchance dont ont été victimes Vandenbergh et Stybar dans le Carrefour de l’Arbre a alors confirmé que 2013 n’était pas l’année d’OPQS. Toujours placés, de l’Omloop Het Nieuwsblad à Paris-Roubaix, en passant par Milan-Sanremo, le GP E3, Gand-Wevelgem et le Tour des Flandes, les protégés de Patrick Lefevere n’ont jamais levé les bras. Une énorme déception pour tout un peuple belge qui voue un amour viscéral à ses coureurs, mais aussi à ses classiques. Aucune victoire d’un coureur local, et même d’une équipe belge, c’est sans doute l’une des plus mauvaises saisons du pays de ce point de vue là. Mais c’est surtout la formation Omega Pharma – Quick Step qui peut se mordre les doigts. Elle avait tout pour réussir, possédait dans ses rangs plusieurs coureurs capables de remporter chaque épreuve sur laquelle elle se présentait. Finalement, que ce soit par les deux monstres Cancellara et Sagan, ou bien par des opportunistes d’un jour comme Paolini, Ciolek ou Gatto, les hommes en bleu se seront toujours fait dominer. Comme une preuve que le nombre ne fait pas tout, qui devrait amener une longue réflexion chez le staff. Parce qu’à n’en pas douter, OPQS ne se ratera pas deux années de suite.

Robin Watt


 

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