Les pavés sont là, et attendent déjà les coureurs. A eux, désormais, de faire le spectacle - Photo ASO
Les pavés sont là, et attendent déjà les coureurs. A eux, désormais, de faire le spectacle – Photo ASO

La 111e édition de la reine des classiques s’annonce prometteuse. Si Fabian Cancellara fait figure de grandissime favori, de nombreux outsiders se bousculent au portillon pour prendre leur revanche sur le Suisse. Après un Tour des Flandres en demi-teinte au niveau du spectacle affiché, on attendra mieux de la part de l’Enfer du Nord et de ses secteurs pavés inscrits dans la légende : de la Trouée d’Arenberg au Carrefour de l’Arbre, en passant par Mons-en-Pévèle, les pièges seront omniprésents pour les quelques deux-cent courageux qui tenteront de braver le froid et la rigueur des difficultés de la plus terrible des courses cyclistes. Au bout de l’Enfer, un seul aura le privilège de soulever le prestigieux trophée en forme de pavé dévolu au vainqueur.

– Les Favoris

***** Fabian Cancellara : Plus que jamais, Spartacus sera l’homme à abattre. D’une facilité déconcertante sur le le GP E3 puis sur le Tour des Flandres, Cancellara a affirmé sa domination sur le domaine des classiques pavées. Et l’absence de Tom Boonen, flamboyant l’an passé, ne fait qu’accentuer ce règne sans partage. Une question très simple doit alors tracasser en ce moment ses nombreux adversaires : comment le battre ? D’une manière ou d’une autre, cela passera par une gestion de course bien supérieure à celle démontrée la semaine dernière du coté d’Audenarde.

**** Sylvain Chavanel : Il aura, espérons-le, l’entière confiance de Patrick Lefévère pour mener l’équipe Omega-Pharma sur ce Paris-Roubaix. Arrivé à pleine maturité, le Français, qui a tenté sa chance sans succès sur le Tour des Flandres, trouvera ce dimanche un terrain lui correspondant mieux. En effet, la dureté de l’Enfer du Nord devrait assurer un écrémage beaucoup plus conséquent que celui occasionné sur le nouveau parcours flamand, qui, en perdant le Mur de Grammont, a considérablement réduit les écarts entre flandriens « occasionnels » et véritables spécialistes.

– Les Outsiders

*** Sébastien Turgot : Sa deuxième place acquise au vélodrome de Roubaix méritait confirmation. 8e du Tour des Flandres et 10e du Grand Prix E3, le sprinteur-flahute du Team Europcar a parfaitement répondu aux attentes en égalant ou améliorant ses meilleures performances jusque là obtenues en territoire belge. Du Top 5 de l’année précédente – avec Boonen, Ballan, Flecha et Terpstra – il est le seul qui puisse se prévaloir d’être en excellente condition. Si les circonstances de course favorisent l’arrivée d’un petit groupe à Roubaix, alors Turgot aura toutes les chances de l’emporter.

*** Jürgen Roelandts : Longtemps équipier de luxe, le Belge semble avoir franchi ce cap qui fait d’un coureur prometteur un véritable leader. Échappé courageux pendant de nombreux kilomètres sur le Tour des Flandres, il n’a pas faibli malgré les retours de Fabian Cancellara et de Peter Sagan, accompagnant jusqu’au bout un Slovaque pourtant beaucoup plus frais. S’il n’a jamais réellement brillé sur la reine des classiques, Roelandts a cette fois de bonnes chances d’y accomplir une belle performance. Les ténors d’hier déclinent et les anciens seconds-couteaux sont présents pour les remplacer.

*** Matthieu Ladagnous : Lors de l’édition précédente, avant sa crevaison au plus mauvais moment de la course, le Palois semblait fort au sein du groupe de poursuivants pourchassant Tom Boonen. C’est avec le même état d’esprit combatif que le coureur de la FDJ s’est démarqué en 2013, en prenant place parmi les meilleurs au Tour des Flandres et quelques jours plus tôt sur Gand-Wevelgem (5e et 6e). Comme Turgot et Chavanel, Ladagnous cristallise les espoirs d’un clan français qui gagne en densité.

*** Lars Boom : Le Néerlandais souffle le chaud et le froid, à l’image de sa formation Blanco. Plutôt bon sur les courses de préparations (Haut-Var, Tour Med), Boom n’a pas confirmé sur les premières classiques, prouvant une fois de plus que les bergs flamands lui siéent beaucoup moins que les secteurs roubaisiens. Monstre de puissance, Boom semble être l’un des rares coureurs capables – dans un grand jour – de répondre à une attaque de Cancellara.

*** Les Sky : Le cas de Bradley Wiggins ne doit pas occulter les autres cartes que possède l’équipe britannique. Avec un Boasson Hagen en retrait et manquant d’expérience, le leadership devrait être assumé par Matthew Hayman, solide et référencé sur Paris-Roubaix. Sans oublier Eisel, Stannard et Thomas, qui ont eux aussi prouvé qu’ils ne devaient pas être sous-estimés. Une bonne équipe d’outsiders, qui manque simplement d’un coureur capable de peser réellement sur la course.

– A ne pas sous-estimer

** Juan Antonio Flecha : Vétéran parmi les vétérans, Flecha courra son 11e Paris-Roubaix. Dans cette course si particulière, le vécu et l’expérience sont des éléments essentiels qui font que les vieux briscards sur le déclin y réussissent mieux que les jeunes pousses en devenir. S’il on excepte les deux extraterrestres Boonen et Cancellara, les vainqueurs de ces vingt dernières années étaient tous âgés de plus de trente ans, certains frôlant même la quarantaine !

** Johan Vansummeren : En 2011, nous étions presque exactement dans la même configuration qu’à l’heure actuelle : Fabian Cancellara était le maître incontesté des classiques flandriennes, Boonen était en méforme, et les outsiders résignés. Pour contrecarrer sa domination et faire perdre le Suisse, une alliance de circonstance exceptionnelle s’était mise en œuvre, et le Belge en avait profité pour s’imposer. Deux ans plus tard, l’histoire se répétera-t-elle ?

** Thor Hushovd : A l’instar celui de Flecha, le nom de Thor Hushovd appartient au passé. Mais le temps de cette course, il pourrait resurgir des mémoires et briller de nouveau au firmament. Si la chance daigne l’accompagner, sa puissance pourra s’exprimer pleinement et le replacer sur le podium de la plus belle des classiques. Mais comme d’autres avant lui, le Norvégien semble touché par une étrange malédiction qui l’éloigne à chaque reprise de la victoire à Roubaix…

* Filippo Pozzato : Après qu’il soit passé aux travers des deux courses sur lesquelles il avait le plus de chances de briller (Milan-San Remo et Tour des Flandres), on ne donne pas cher de la peau de Pippo sur cette course où un homme à ne serait-ce qu’à 95% de sa condition ne pourrait pas gagner. L’irrégularité chronique semble poursuivre le coureur italien qui peine à se montrer convainquant sur deux campagnes de classiques d’affilée…

Mentions : Sébastian Langeveld, Yoann Offredo, John Degenkolb, Niki Terpstra, Matti Breschel, Heinrich Haussler, Luca Paolini et Lars Bak

Louis Rivas


 

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