Déjà vainqueur du Tour, Wiggins compte bien dompter les autres courses de trois semaines - Photo Flickr, Robin McConnell
Déjà vainqueur du Tour, Wiggins compte bien dompter les autres courses de trois semaines – Photo Flickr, Robin McConnell

Alors qu’on le croyait tout entier consacré à sa quête de victoire sur le Tour d’Italie, Bradley Wiggins voit encore une fois les choses en grand puisqu’il déclare maintenant avoir Paris-Roubaix et le Tour de France dans sa ligne de mire. Il n’exclut même pas une participation à la Vuelta en fin de saison. Cet enchaînement de trois Grands Tours la même saison en a désarçonné plus d’un, mais le Britannique n’a pas peur de prendre des risques. A la façon d’un Eddy Merckx des temps modernes, le voilà prêt à tenter l’impossible au mépris de toute logique mais doté d’une volonté inébranlable, qui font que l’absurde et l’insurmontable parait soudain plausible.

L’Enfer du Nord comme premier objectif

Au tournant de sa transformation de pistard en grimpeur, Wiggins avait déjà expérimenté la rudesse de Paris-Roubaix, non sans succès puisqu’il prit la 25e place de l’édition 2009 de la reine des classiques. Depuis, sa masse a encore diminué mais son expérience des grands évènements n’a cessé de s’agrandir. Flahute dans l’âme, dur au mal, il dispose des qualités requises pour améliorer sa performance de l’époque. Tout semble dépendre de la condition dans laquelle l’équipe Sky sera tentée de le placer. Doit-on sacrifier les valeureux Bernhard Eisel et Matthew Hayman sur l’autel des ambitions du nouveau Lord du peloton ? Ou au contraire user de la complémentarité qui unit ce trio paré pour répondre à toutes les situations de course ? La meilleure option à jouer serait dans la mesure du possible de lancer Wiggins sur orbite à une soixantaine de kilomètres de l’arrivée, à la manière d’un Fabian Cancellara. Ses qualités de rouleur longue-distance pourraient alors s’exprimer pleinement, et l’effet de surprise lié à son attaque désorganiserait le groupe de poursuivants qui dans cette situation peinerait à s’entendre, chacun essayant d’en garder sous la pédale à ce moment de la course. Le plus dur pour Wiggins sera évidemment de passer la Trouée d’Aremberg avec les meilleurs, car c’est à ce moment que sa science du placement devra s’exprimer.

Enchaîner trois grands tours, est-ce possible ?

Contrairement à l’ambition louable et légitime de tenter sa chance sur une classique flandrienne comme Paris-Roubaix, Bradley Wiggins prendrait un risque considérable et peu productif en se lançant dans une telle entreprise qui risquerait de compromettre la suite de sa carrière. Participer la même année au Tour, au Giro et à la Vuelta laisse une trace indélébile aussi bien physiquement que mentalement. Un seul Grand Tour est déjà éprouvant, trois, c’est suicidaire. Sachant que le Tour d’Italie est son objectif prioritaire, il doit ensuite choisir un deuxième évènement auquel se rendre. Entre le Tour de France et celui d’Espagne, le choix est cornélien : l’appel de la Grande Boucle qui fête son centenaire est tentant. Mais se retrouver « confronté » à Chris Froome et Alberto Contador en sortant à peine du Giro est extrêmement pénalisant. Concrètement, il n’a aucune chance de conserver sa couronne mais pourrait rendre à Froome une aide précieuse en montagne. Aider son ancien équipier à renverser Contador aurait un coté majestueux. Renvoyer l’ascenseur après le coup de main reçu l’an dernier serait la preuve d’une extrême humilité ; il réussirait à faire ce à quoi Bernard Hinault n’a pu se contraindre en 1986.

L’autre option serait donc de faire l’impasse sur le Tour afin d’arriver frais pour la Vuelta, où la concurrence est moins rude, et où il a déjà terminé 3e en arrivant à cours de forme. Le doublé Giro-Vuelta serait alors parfaitement envisageable et inscrirait le nom de Bradley Wiggins en lettres d’or aux cotés de ceux des légendes Eddy Merckx, Giovanni Battaglin et Alberto Contador. Attention, la course n’est tout de même pas gagnée d’avance, car la présence de dix étapes de moyenne ou haute montagne et l’absence de long contre-la-montre pourrait s’avérer pénalisante si Wiggins n’est pas suffisamment préparé à braver ces cols espagnols toujours très exigeants. Son potentiel adversaire serait alors Alejandro Valverde, accompagné probablement par des Joaquim Rodriguez et Alberto Contador fortement diminués par leurs efforts fournis en juillet. Un challenge très intéressant…

Louis Rivas


 

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