Après son abandon sur le Giro, Bradley Wiggins doit déclarer forfait pour le Tour de France - Photo Giro d'Italia
Après son abandon sur le Giro, Bradley Wiggins doit déclarer forfait pour le Tour de France – Photo Giro d’Italia

Chez Sky, depuis le début de saison, les relations entre Bradley Wiggins et Chris Froome se sont tendues. La faute au tenant du titre de la Grande Boucle, qui n’a cessé de changer d’avis quant à ses objectifs. Le Giro, le Tour, puis en fait les deux, l’Anglais n’a jamais su choisir, où plutôt n’a jamais voulu laisser le champ totalement libre à un coéquipier qu’il sait parfaitement en mesure de lui succéder au palmarès, et donc de rendre sa victoire déjà moins historique…

Dave Brailsford a dû jongler

La position de Dave Brailsford depuis plusieurs semaines était déjà très compliquée. Il devait faire comprendre à Wiggo que malgré sa victoire en juillet dernier, sur les routes du Tour, ce serait Froomey le leader. Pas facile à entendre pour le champion olympique du chrono qui a encore en tête les accélérations de Froome dans la montée de Peyragudes, qu’il a pris pour une humiliation venant de son propre coéquipier. Après une Vuelta où Wiggins avait déjà laissé le Kenyan blanc jouer le général, voilà que l’ancien de la Barloword se montrait encore plus gourmand ! Celui qui avait toujours évolué dans l’ombre souhaitait voler la vedette à son leader ? Et bien il faudrait aller chercher ce statut… Wiggins a donc mis la pression, sans que l’on sache ce qui était sincère et ce qui ne l’était pas. Annonçant parfois qu’il serait dévoué à son ancien lieutenant, il n’hésitait pas à affirmer le contraire une semaine plus tard.

Un égarement psychologique qui a sûrement eu un rôle dans l’échec du Britannique sur le Tour d’Italie, son véritable objectif. D’autant plus que malgré sa position qui semblait favorable par rapport à un coureur qui n’a encore rien gagné, il n’a pas été soutenu par son staff. Sans vouloir contredire Wiggins, Brailsford en tête a tenté de remettre les choses au clair, faisant comprendre à son poulain que non, il n’aurait pas carte blanche en juillet prochain, qu’il devrait se mettre à la planche et qu’il lui faudrait espérer une défaillance de Froome pour devenir leader. L’ancien pistard l’a peut-être mal pris, et à la sortie du Giro, avait décidé de tout miser sur la Grande Boucle, rôle d’équipier ou non. Froome dans tout ça, n’a jamais vraiment su comment répondre. Entre son grand respect pour son ancien leader, la parole de son staff et surtout son envie grandissante de pouvoir jouer sa carte personnelle sur la plus grand course du monde, le deuxième de la dernière édition du Tour a eu de quoi être déboussolé.

Ce forfait arrange tout le monde

L’annonce faite cet après-midi par le Team Sky sonne donc comme un coup de tonnerre, oui. Mais cela sonne aussi comme un grand soulagement pour Froome, et comme la fin des communiqués en urgence de la formation britannique. Marre d’avoir à affirmer qu’untel aurait tel rôle en juillet prochain, alors que tout est déjà planifié depuis des mois. Marre aussi, peut-être, d’avoir à gérer les caprices d’un Bradley Wiggins bien moins légitime en ce début de saison qu’en fin d’été dernier. Mais évidemment, Dave Brailsford ne le montre pas dans ses déclarations : « Avec sa maladie, ses blessures et notamment les traitements pour lutter contre cela, il ne peut pas s’entraîner, et à surtout besoin de repos. Il est arrivé à un point où il ne pourra trouver un niveau pour peser sur la course sur la Grande Boucle. C’est une grande perte»

Si cette version officielle est entièrement véridique, on peut penser que le Giro a fait très mal, aussi bien physiquement que mentalement, à un Wiggins bien différent de celui qu’on voyait à l’œuvre il y a un an. Mais il n’est pas incongrue de penser qu’il y a là une part de mystère. Le forfait de Brad laisse la voie libre à Chris Froome, du moins au sein du Team Sky. Avec en lieutenant Richie Porte, l’ambigüité qui aurait pu s’installer entre lui et Wiggins ne sera pas présente. Presque un soulagement donc, autant pour Froome que pour le staff de l’équipe, qui n’aura plus à se soucier de cette concurrence interne assez particulière. Toutefois, désormais, le vainqueur du Tour de Romandie il y a quelques semaines n’a plus le droit à l’erreur. Son duel avec Alberto Contador est attendu de pied ferme, et avec une équipe dévouée, un échec serait une raison supplémentaire pour Wiggins de revendiquer de nouveau le statut de leader…

Robin Watt


 

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