Après Bardet, Barguil ? On voulait y croire. Sauf que le Français n’a pas sauvé son maillot jaune, ni même sa troisième place. Mais il reste encore une étape importante sur ce Tour de Suisse, et à deux semaines de la Grande Boucle, podium ou pas, Barguil aura rempli sa mission. Rassurer et prendre rendez-vous.

Après Pinot en 2015, Barguil en 2016

Il y avait, dans ce scénario, un goût de déjà vu. Un Français qui défend son maillot jaune sur l’ultime chrono de l’épreuve helvétique, pour finalement se faire éjecter du podium, on avait connu ça il y a un an. Mais Barguil a remplacé Pinot. Qu’importe, c’est l’impression laissée en montagne qui l’emporte dans les esprits. « Je voulais assumer, et j’ai réussi », lâchait le Breton après sa prise de pouvoir à Sölden, vendredi. On n’aurait pas dit mieux. Face à des coureurs pour la plupart plus expérimentés que lui, il a imposé sa loi. Le tricolore regrettait même de ne pas avoir pris la roue de Tejay van Garderen, vainqueur au sommet. Le signe d’une ambition sans limite cette semaine. Le stage de Barguil dans la Sierra Nevada, juste avant le Tour de Suisse, a changé le jeune homme de 24 ans. Il est revenu à la compétition avec des jambes de feu, presque au meilleur moment de la saison. Résultat, il est allé chercher un maillot de leader, un honneur qu’il n’avait plus connu depuis ses années chez les jeunes, lors du Tour de l’Avenir 2012.

Entre ces deux maillots jaunes, presque quatre ans sont passés, et Barguil est devenu un autre coureur. Capable de décrocher deux succès sur un Tour d’Espagne, de se faire une place sur les ardennaises et de régulièrement jouer les trouble-fêtes en montagne. Malheureusement, le contre-la-montre aura eu raison de « Wawa », contraint de céder son paletot de leader et de rétrograder à la quatrième place du général. La dure loi de la réalité : on savait que le Français avait des chances de craquer dans l’effort solitaire. On n’attendait peut-être pas que même Miguel Angel Lopez lui passe devant, mais cela relève du détail. Barguil n’a encore jamais fait mieux que huitième sur une course par étapes World Tour : c’était lors de la Vuelta 2014. Alors que le garçon aille chercher un podium, dimanche, ou même qu’il termine quatrième, ce qui pourrait nourrir quelques frustrations, il faudra noter qu’il a surtout franchi un cap.

Objectif atteint avant le Tour

Après un hiver chahuté, où il a fait partie du terrible accident des Giant, c’est déjà une performance en soi que Barguil continue son ascension. Dans deux semaines, le Français reviendra même sur le Tour de France, après son expérience mitigée de l’an passé, où la malchance – déjà – ne l’avait pas épargnée. Il sera plus attendu, c’est sûr. Mais il viendra avec plus de certitudes, aussi. Bien évidemment, sur ce Tour de Suisse, Warren Barguil aurait pu espérer encore mieux. Faire encore plus fort que Pinot et Bardet, qui ont tous les deux décroché leur premier podium sur une semaine World Tour cette saison. Mais le Breton est plus jeune que ses deux compatriotes, alors ne précipitons rien. Il s’est montré à lui-même que sa préparation en vue de juillet était bonne, et a dissipé les doutes que certains pouvaient avoir. Alors c’est déjà un Tour de Suisse réussi. Même si avec un premier maillot jaune au bout, il aurait été sublime.

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