On avait depuis une semaine la certitude qu’Alberto Contador était sur cette Vuelta pour jouer la victoire. Désormais, on sait qu’il est le véritable patron, et qu’il faudra un réel exploit pour aller lui prendre un maillot rouge bien accroché à ses épaules. Parce que ce lundi, il a clairement marqué les esprits et mis les choses au clair.

Les certitudes remplacent les doutes

Depuis quelques jours, certains jugeaient – à juste titre – qu’Alberto Contador n’était pas assez offensif. Certes, le Madrilène avait le maillot rouge et pas franchement besoin de se mettre en danger au cours du week-end, mais il n’animait pas la course comme on aime tant qu’il le fasse. Alors le doute subsistait, car il a concédé sept secondes sur Froome samedi, et encore cinq sur Valverde dimanche. Mais ce lundi vers les Lagos de Somiedo, il a remis les pendules à l’heure, reprenant du temps à tout le monde. Froome a bien tenté de le mettre à mal, attaquant tantôt en danseuse, tantôt assis, mais jamais le Pistolero n’a réellement été en difficulté. Et lorsqu’il a été certain qu’il avait l’énergie pour s’envoler vers le sommet sans être revu, il a mis quelques dents supplémentaires et porté son offensive. Au final, les écarts ne sont pas énormes, mais bien plus conséquents que ce qu’on observe depuis le début de cette Vuelta. Froome est pointé à 14’’, quand le duo ibérique composé de Valverde et Rodriguez concède près d’une minute.

A l’entame de la dernière semaine, Contador marque donc les esprits. Non seulement il a décroché son premier succès – au passage très significatif – sur ce Tour d’Espagne, mais en plus il prend un avantage non-négligeable sur le plan comptable. Personne n’est à moins d’une minute et trente secondes au classement général, alors qu’il ne reste qu’une grande étape de montagne et un très court chrono qui n’est pas une mauvaise nouvelle pour l’Espagnol. Des doutes qui planaient légitimement au dessus de Contador hier soir encore, compte tenu d’une domination pas aussi prononcée qu’à l’accoutumée, on est passé vingt-quatre heures plus tard à la quasi certitude que le protégé d’Oleg Tinkov file vers une troisième victoire finale sur son tour national. Pour sa troisième participation, rien que ça ! Parce qu’avec Contador, c’est souvent comme ça : les doutes subsistent rarement longtemps, ou alors c’est qu’il n’est pas en mesure de gagner.

Une préparation express mais payante

Ce lundi, Contador a paru plus fort qu’au cours des dernières semaines, preuve que sa préparation était faite pour qu’il brille en deuxième partie de Vuelta plutôt qu’au début. C’était aussi la stratégie de Chris Froome, visiblement un peu moins bien préparé, ou tout simplement moins costaud. Alors bien sûr, le Madrilène n’a pas vraiment eu le choix après sa blessure survenue sur le dernier Tour de France, et on a d’ailleurs longtemps cru – influencés par les déclarations pessimistes du principal intéressé – qu’il ne serait pas au départ de Jerez de la Frontera. Finalement, il n’a jamais semblé mal physiquement, juste en légère difficulté sur certaines journées. Comme tous ses concurrents en réalité, ce qui tendrait presque à rendre humain le leader de l’équipe Tinkoff. Car une préparation de moins de trois semaines avec au passage une fêlure du tibia qui permet d’aller gagner la Vuelta, c’est assez rare. Mais chez le Pistolero, ça ne pose pas de problème.

Alors certes, il profite du fait qu’à part Froome vers les Lagos de Somiedo, aucun de ses concurrents ne l’a véritablement attaqué. La présence de Nairo Quintana au cours de ce triptyque montagneux aurait sans doute changé quelques petites choses, et peut-être que le paletot rouge ne serait pas sur les mêmes épaules. Mais de la même façon que certains ont profité de son absence depuis début juillet, lui profite de la chute du Colombien sur le chrono de Borja. Chacun son tour. Et de ce fait, Contador est l’unique patron de cette Vuelta, supérieur à un Froome qu’il aurait malgré tout espéré dominer sur un autre grand tour. Qu’importe, l’Espagnol ne va pas cracher sur un troisième sacre sur les terres hispaniques : l’enfant du pays n’est plus qu’à six jours d’un sixième grand tour, et si quelqu’un veut l’en empêcher, il faudra être bien plus entreprenant que jusqu’à maintenant.

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