Avec un Grand Chelem réalisé sur les épreuves du sprint, l’équipe de France a survolé les Mondiaux sur piste. Mais au-delà d’un Pervis qui avait porté à lui seul les Bleus il y a un an, c’est cette fois l’ensemble du groupe dirigé par Laurent Gané et Franck Durivaux qui a brillé. De quoi entamer sereinement la préparation en vue des Jeux de Rio.

Un groupe reformé

Il y a un an, le triplé de François Pervis à Cali avait mis le Mayennais sous le feu des projecteurs. Mais les autres, et notamment le trio de la vitesse par équipes (Baugé, Sireau, D’Almeida), avait un peu l’impression de rester sur le carreau. Pas assez félicité à son goût pour son extraordinaire performance, Pervis s’était alors retrouvé à l’écart. Entre lui et Grégory Baugé, l’ancien porte-étendard de l’équipe de France sur piste, les relations étaient même très tendues. Egalement en marge depuis sa médaille d’argent aux Jeux de Londres, Baugé s’entraînaient jusqu’à l’automne dernier à l’INSEP, alors que les autres Français, même Kévin Sireau, originaire de Hyères, avaient migré vers Saint-Quentin. Il a fallu l’arrivée de Laurent Gané dans l’encadrement, ancien champion du monde de vitesse et donc forcément légitime à son poste, pour arrondir les angles et apaiser les relations entre les deux champions.

C’était un passage obligé pour permettre au groupe France de briller lors de « ses » Mondiaux. D’autant qu’on savait l’affrontement entre les deux leaders tricolores possible lors du tournoi de vitesse individuelle, et qu’il a eu lieu. Baugé en est sorti vainqueur, avant de filer vers le sacre mondial. Son maillot arc-en-ciel sur le dos, il a pu voir François Pervis lui adresser quelques mots, sur le ton de la plaisanterie. « Cache ta joie ! », lui lança le champion du monde déchu en réponse à son visage impassible. « Oh ça va, arrête ! Ce n’est pas non plus mon premier », rétorquera Baugé avec un grand sourire. Oui, les relations entre les deux hommes sont assainies. Le fait qu’ils aient chacun décroché deux titres mondiaux au cours de la semaine a peut-être aidé, c’est vrai. Mais on semblait pouvoir déceler dans ces quelques échanges bien plus qu’un discours de façade. Le Mayennais et le Parisien ne sont sans doute pas les meilleurs amis du monde, mais qu’ils s’entendent correctement demeure indispensable pour la cohésion du groupe.

Une concurrence écrasée

Avec cinq médailles d’or (car il ne faut pas oublier celle de Coquard et Kneisky sur l’américaine) et deux de bronze, la France termine première au classement de ces Championnats du Monde. Courir à domicile a sans doute joué un rôle, mais les Bleus se sont surtout montrés largement au dessus de leurs adversaires. Pervis a décroché deux titres malgré une préparation tronquée et Baugé n’a perdu qu’une seule manche, contre Pervis justement, lors du tournoi de vitesse. Sireau et D’Almeida ont réalisé les meilleurs temps du tournoi de vitesse par équipes, compensant la mise en action difficile de Baugé, et Lafargue s’est définitivement révélé avec une médaille en vitesse et une quatrième place sur le kilomètre. Le sprint français est bel et bien tout en haut de l’affiche, très loin devant les Britanniques qui avaient outrageusement dominé les Jeux de Londres mais qui peinent depuis à trouver un successeur à Chris Hoy.

Tout cela a donc de quoi rassurer en vue des Jeux de Rio, dans un peu plus d’un an. Baugé et Pervis ne cessent d’affirmer que c’est le réel objectif. Un médaille d’or au Brésil les ferait en effet basculer dans une autre dimension, celle qu’ils espèrent atteindre depuis des années déjà. Sireau et D’Almeida n’en attendent pas moins, alors que Lafargue va pouvoir nourrir des ambitions de plus en plus élevées. C’est cette motivation olympique qui a d’ailleurs empêché Baugé de tout laisser tomber après sa médaille d’argent en 2012, ou qui a poussé Pervis à continuer de se battre pour enfin enchaîner les titres. « Il ne faut pas s’enflammer mais ces médailles vont nous permettre de travailler dans la sérénité », avançait Laurent Gané au terme de ces Mondiaux. Un discours rempli de prudence qui ne suffit pas à nous éloigner de l’essentiel : la France domine la piste mondiale, et se pointera en favorite à Rio.

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