Après avoir connu beaucoup de difficultés ces dernières années, Jürgen van den Broeck a décidé de tirer un trait sur son expérience afin de se relancer chez Katusha. A 32 ans, il prend le pari de repartir de zéro et de redevenir un lieutenant. Un pari risqué mais qui mérite d’être tenté.

Une bonne idée, pour Robin Watt

Il avait besoin de changement. Après trois saisons de galère, où les blessures et les contre-performances sont presque tout ce qu’on retiendra, Jürgen van den Broeck a fait le choix de quitter Lotto-Soudal, la structure chez qui il aura passé neuf saisons. A 32 ans, il veut retrouver son niveau d’entre 2010 et 2012, ses grandes années sur le Tour de France comme sur les classiques. Pour ça, il a opté pour Katusha, où tout semble réuni pour lui permettre de retrouver les sommets. Sur le papier, il sera un lieutenant de Joaquim Rodriguez, sur les ardennaises autant que sur les courses par étapes. Un statut qui rappelle forcément son rôle auprès de Philippe Gilbert lorsque le Wallon avait réalisé son triplé en 2011. Sur les courses d’un jour, c’est d’ailleurs dans ce rôle de gregario qu’il s’accomplit le mieux. En ce qui concerne les grands tours, devoir travailler pour un leader sera en revanche un peu particulier pour lui. Mais les circonstances pourraient jouer en sa faveur.

Purito, à 36 ans, ne peut plus performer sur deux épreuves de trois semaines au cours de la même saison. Et même s’ils optent pour le même programme, l’âge de l’Espagnol n’assure pas qu’il tienne la cadence de bout en bout. Le Flamand pourrait donc se voir propulser leader sans s’y attendre, et c’est incontestablement dans ces situations qu’il est le meilleur. Sur le Tour de France 2010, il était venu s’immiscer dans le top 5 sans que personne ne l’ait pronostiqué. Attendu en 2011 pour confirmer, il avait perdu tous ses espoirs sur chute. Il était alors revenu en 2012 avec beaucoup moins de pression, et une nouvelle fois, avait accroché les premières positions. Redevenir ce challenger au terme d’une saison compliquée, c’est donc la chance de « VDB ». Katusha n’a pas vraiment assuré l’après-Rodriguez en recrutant un coureur âgé et qui n’offre que peu de garanties. Mais le Belge, lui, a su trouver l’opportunité qui peut potentiellement relancer sa carrière.

Une mauvaise idée, pour Alexis Midol-Monnet

Sa dixième saison de suite chez Lotto aurait-elle été celle de trop ou au contraire l’affirmation d’une fidélité remarquable avec une structure lui ayant permis d’accéder à la troisième marche du Tour de France 2010 ? Si effectuer le pari du changement est souvent nécessaire à un moment ou un autre, encore faut-il qu’il soit réfléchi. En allant chez Katusha, Jürgen van den Broeck ne sera sûrement, pas, à moins d’un invraisemblable concours de circonstances, leader à part entière sur un grand tour. Un statut auquel il s’était habitué sous la direction de Marc Sergeant. Non, si Viatcheslav Ekimov a fait le forcing pour l’attirer dans ses rangs, c’est plutôt pour en faire un équipier de luxe au service de Joaquim Rodriguez, maintenant orphelin de Dani Moreno après cinq années de très haute facture. Alors qu’il ne dispose d’aucune garantie quant à une participation au Tour de France, une course qui l’obsède, “VDB” sait qu’il ne pourra de toute façon y aller que pour aider Purito.

Bien sûr il n’y a pas que le Tour dans une saison, mais là encore l’horizon semble bel et bien bouché. Recruté en même temps que l’Estonien Rein Taaramae, qui s’est relancé chez Astana, van den Broeck aura de la concurrence pour grimper dans la hiérarchie interne. Mettre du cœur à l’ouvrage sur trois semaines, préparer le terrain en amont puis s’écarter : voilà sur le papier son nouveau rôle. Sauf que ce serait bien vite oublier la présence de l’indéboulonnable Simon Spilak et du surprenant Ilnur Zakarin. Sur le dernier Tour de Romandie, le Russe et le Slovène faisaient un et deux dans un relatif climat d’incompréhension. Alors, comment peut-on penser qu’il y aurait de la place pour un van den Broeck timoré en plein milieu de doublures désinhibées ? Champion de Belgique du contre-la-montre en juin, l’ancien protégé de Marc Sergeant estime néanmoins pouvoir retrouver de la rigueur dans ses habitudes d’entraînement. Mais on a quand même du mal à le suivre quand il se compare à Cadel Evans, vainqueur de la Grande Boucle après avoir quitté Lotto…

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.