Décrit comme le futur roi des pavés au début de sa carrière professionnelle, Sep Vanmarcke doit, à 26 ans, enfin gagner pour accomplir sa destinée. Petit retour en arrière.

Dès 2010, le coureur belge ne passe pas inaperçu. Outre sa grande carcasse, ce sont ses qualités indéniables sur les pavés qui enchantent les observateurs. A seulement 22 ans, il domine Philippe Gilbert sur Gand-Wevelgem malgré des crampes omniprésentes. Il ne gagne pas mais se fait déjà un nom chez les guerriers du Nord. Encore trop tendre pour le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, il fait ses gammes sur le GP E3 les deux saisons suivantes (4e puis 5e). Avant de rejoindre, en 2013, l’équipe Blanco (qui succède à Rabobank et qui deviendra Belkin). C’est au sein de la formation néerlandaise qu’il confirme son talent par une superbe deuxième place sur Paris-Roubaix après un véritable mano a mano avec Fabian Cancellara. A 24 ans, Vanmarcke a tutoyé le patron.

L’année dernière il se montre une nouvelle fois à la hauteur des attentes avec plusieurs accessits sur les classiques pavés : troisième de Kuurne-Bruxelles-Kuurne, cinquième du GP E3, quatrième de Gand Wevelgem, troisième du Ronde et quatrième à Roubaix. Encore battu au sprint par Cancellara sur le monument belge et trop observé sur l’Enfer du Nord pour aller chercher Terpstra, Vanmarcke peut légitimement être déçu par de pourtant bons résultats. Parce qu’à force, on commence à se demander : Sep Vanmarcke est-il capable de remporter une grande flandrienne ?

Les rois sur le déclin

Difficile de croire que l’horloge suisse se dérègle, et pourtant. Vainqueur du Ronde l’an passé pour la troisième fois, Fabian Cancellara a malgré tout semblé moins souverain, devant miser sur un sprint décousu pour lever les bras. Sur Paris-Roubaix il n’a pas eu la force de revenir jouer la gagne à Nicki Terpstra, victime de la superbe stratégie des OPQS. Mais à force de se battre pour ne pas être piégé, Spartacus se fatigue, et à 34 ans, le poids des années commence à se faire ressentir.

Tom Boonen, lui, est encore davantage sur la pente déscendante. Depuis son quadruplé exceptionnel en 2012 (Gand-Wevelgem, GP E3, Ronde et Roubaix) le Belge n’a gagné que Kuurne-Bruxelles-Kuurne en 2014 et n’a pas décroché un seul top 5 sur les deux monuments pavés. Patrick Lefevere l’a bien compris et l’équipe flamande a décidé de se servir de son effectif pléthorique pour multiplier les stratégies. La victoire de Terpstra au printemps dernier en est la plus belle réussite, d’autant qu’en dehors du Néerlandais, la nouvelle formation Etixx peut compter sur de réels outsiders comme Stybar ou Vandernbergh. Si Boonen est sur le déclin, son équipe est un tel épouvantail qu’elle reste la référence, dont la Lotto Jumbo de Vanmarcke et ses lieutenants est encore très éloignée.

Bientôt la pancarte ?

Si les prétendants sont aussi nombreux que diversifiés (les sprinteurs Degenkolb, Démare et Kristoff, les hybrides Sagan et van Avermaet et les seconds-couteaux Wiggins, Thomas et Leukemans), Vanmarcke reste pressenti comme le candidat le plus crédible pour reprendre le flambeau d’un Cancellara au profil similaire. Les courses de plus en plus attentistes, c’est vrai, ne sont pas là pour l’avantager, mais l’Helvète a souvent su contrer les suceurs de roue grâce à un talent hors du commun. Vanmarcke devra franchir les mêmes obstacles que son prédécesseur, et s’adapter. S’il se retrouve dans la position du favori chassé par le reste de la meute, il lui faudra se trouver des alliés de circonstances pour s’accomoder de rivaux qui tenteront d’utiliser ses points faibles. Des choix tactiques cornéliens sont à prévoir pour le Belge. Et forcément, il y aura des erreurs. Même Cancellara en a fait. Mais cela n’empêche pas que cette année 2015 pourrait être la sienne, celle qui impose enfin sa domination.

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