Après avoir quitté en pleurs la route du Tour, Tejay van Garderen a reporté ses ambitions sur la Vuelta. Lui qui avait le podium parisien en ligne de mire n’en espérera pas moins sur les routes espagnoles. Pour sa deuxième participation à la Vuelta, l’Américain compte bien se hisser au niveau des Froome, Quintana et Nibali.

Pourquoi on peut y croire

Un chrono imposant et déterminant. Ce n’est un secret pour personne, Tejay van Garderen est presque aussi bon rouleur que grimpeur. En 2012 comme en 2014, c’est en partie grâce à l’effort solitaire qu’il était parvenu à se hisser dans le top 5 du Tour de France. Sur cette Vuelta 2015, les 39 kilomètres quasiment tout plats autour de Burgos le favoriseront incontestablement dans sa quête de classement général. Si Chris Froome en bénéficiera sans doute tout autant, Quintana, Nibali et les autres verront sûrement le TVG d’Outre-Manche leur reprendre du temps, à seulement quatre jours de l’arrivée et alors qu’il ne restera plus aucune arrivée au sommet. Ce parcours, qui ne délaisse pas les rouleurs, a d’ailleurs été un argument fort pour la venue de l’Étasunien, qui hésitait à se fixer un nouvel objectif après sa triste fin de Tour.

Il sera très revanchard. « Plus j’y pense et plus je suis excité, c’est un nouveau grand défi » , avançait Van Garderen il y a quelques semaines. « Après le Tour, j’ai besoin de me prouver quelque chose. » Décidé à montrer que son abandon avant les trois jours les plus importants de juillet n’était qu’un accident de parcours, le natif de Tacoma arrivera sur la Vuelta avec l’envie de montrer qu’il a le niveau pour s’immiscer parmi ceux qu’on appelle désormais les « Fantastiques ». En juillet, il a été dans leur roue pendant longtemps, avant de lâcher prise juste avant le moment de vérité. Face aux mêmes hommes ou presque, l’épreuve ibérique offre donc au leader de la BMC l’opportunité de montrer à tous qu’il est entré dans la cour des grands, et qu’il n’est plus un simple outsider.

Pourquoi on ne peut pas y croire

Il retrouvera Froome et Quintana. Un podium est jouable pour Van Garderen, c’est certain. Mais quid d’une victoire ? Face à Chris Froome et Nairo Quintana, les deux premiers du dernier Tour de France, l’Américain risque bien de n’avoir aucune chance. Sur la Grande Boucle, il n’avait jamais été en mesure de les inquiéter. Depuis, tous les trois auront eu le même programme, à savoir du repos. Ils arriveront dans un état de fraîcheur similaire, ce qui ne devrait pas bousculer la hiérarchie entre eux. Dans ces conditions, voir « TVG » prendre l’ascendant sur ces coureurs qui grimpent malgré tout mieux que lui serait une grande surprise. Et c’est bien le problème : ces deux extra-terrestres, largement au dessus du lot il y a un mois, devraient encore faire la course en tête sans se préoccuper de ceux qui, derrière, tentent de s’accrocher tant bien que mal.

Des cols parfois courts, souvent très raides. Si Van Garderen a prouvé à certaines reprises qu’il pouvait plus que limiter la casse sur des ascensions raides et irrégulières au possible, son profil n’est pas le plus adapté pour franchir avec facilité les pentes au programme de la Vuelta. Si l’organisation a voulu faire dans l’inédit et a quelque peu délaissé le schéma des étapes plates avec un raidard final de quelques kilomètres seulement, les difficultés répertoriées seront loin des montées roulantes que peut proposer le Tour de France. A La Alpujarra, à Cortals d’Encamp ou à l’Ermita de Alba Quiros entre autres, Van Garderen risque de voir s’envoler irrémédiablement les purs grimpeurs du peloton sans pouvoir proposer quelque résistance que ce soit. Parce qu’on ne peut pas être rouleur et explosif en montagne, à moins de s’appeler Froome ou Contador.

La difficulté à franchir le pas de la cour des grands. Sur les différentes courses à étapes de cette saison, Van Garderen s’est souvent retrouvé en bonne position. Sur le Dauphiné, il a même été en passe de remporter l’épreuve jusqu’à la dernière ascension de la semaine. Mais comme un symbole, il s’est fait déposséder du maillot jaune par Froome et a dû se contenter d’un accessit. Comme souvent. Car le problème de ce garçon de 27 ans, c’est cette difficulté, pour l’instant, à matérialiser par des résultats concrets sa progression incontestable. En 2012 déjà, il faisait cinquième du Tour et de Paris-Nice. On ne peut pas dire qu’au niveau du palmarès, celui qui était anciennement dans l’ombre de Cadel Evans ait fait un pas de géant.

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