Nous sommes au cœur de la semaine ardennaise. Après une entrée en matière consistante avec l’Amstel Gold Race, c’est la Flèche wallonne qui devrait nous mettre pour de bon l’eau à la bouche, quatre jours avant Liège-Bastogne-Liège. De Bastogne à Huy, les difficultés ne manqueront pas, que ce soit les côtes d’Ahin, Bohissau ou encore d’Ereffe. Les classiques d’une classique qui devraient malgré tout avoir une influence limitée. Car comme chaque année, le peloton attendra le Mur de Huy. Long d’un peu plus d’un kilomètre, ses 9,3% de moyenne ou son passage à 26% dans le célèbre virage en épingle en font un lieu sacré du cyclisme. Mais un lieu surtout indécis, qui sacrera à coup sûr le coureurs le plus explosif du jour.

– Les Favoris

***** Daniel Moreno : Joaquim Rodriguez touché sur l’Amstel et décidé à tout miser sur la Doyenne, dimanche, l’autre grimpeur ibérique de la Katusha se retrouve en position de force, tenant du titre et leader. Presque aussi fort que son maître, l’élève à de quoi le dépasser en remportant sa deuxième Flèche wallonne. L’impression laissée en 2013 était déjà forte, et ses jambes fourmillaient déjà dans le Cauberg il y a quelques jours. Mais si le mont néerlandais n’était pas assez dur pour lui, Dani Moreno est à coup sur paré pour la passe de deux, et n’est pas du genre à laisser passer ce genre d’offrandes.

**** Carlos Betancur : En attaquant au pied du Mur l’an dernier, le colombien d’AG2R la Mondiale avait failli réaliser un exploit inattendu. Mais sa jeunesse l’avait fait attaquer trop tôt, et dieu sait que le timing est crucial pour l’emporter à Huy. Malgré tout, celui qui a converti ses belles placettes de l’an dernier en victoires sur Paris-Nice s’est depuis fait très discret, traînant quelques pépins physiques par-ci par-là. Mais nul doute que l’ancien d’Acqua Sapone s’est caché dimanche aux Pays-Bas pour mieux resurgir à Huy, assurément un terrain d’expression bien plus propice à ses qualités. A 100 % de sa forme, il sera très dur de lui résister.

**** Philippe Gilbert : Vainqueur avec insolence il y a trois ans au sommet du Mur, le Wallon possédait quelques années lumière d’avance sur la concurrence, alors que la Flèche ne lui avait jamais bien réussi. Alors depuis son retour fracassant sur la Flèche Brabançonne puis sur l’Amstel Gold Race, on se remet à rêver chez ses fans. Phil est presque de retour au top, plus léger que jamais selon ses propres mots. La traversée du désert semble terminée, et le Belge est de nouveau favori pour la suite des ardennaises. Une victoire mercredi lui permettrait d’entretenir la légende : toute la Belgique est derrière lui.

– Les Outsiders

**** Alejandro Valverde : Légitimement propulsé au rang de grand favori pour la tournée des classiques printanières après un gros début de saison, El Imbatido a clairement refroidi les observateurs dans le final de l’Amstel Gold Race. Incapable de suivre Gilbert ni d’entreprendre une poursuite, Valverde a peut-être montré ses limites tactiques, et se doit de se rattraper sur une Flèche wallonne qu’il a déjà remporté en 2006. A lui de démontrer qu’il n’a rien perdu de son explosivité, car les opportunités d’en claquer une ne sont plus si nombreuses que ça.

*** Michal Kwiatkowski : Cinquième de la Gold Race, le Polonais d’Omega Pharma a encore montré qu’il fallait compter sur lui lors des classiques, et s’apprête à retrouver un Mur de Huy qui l’avait vu prendre la même cinquième position l’an dernier. Possédant désormais la connaissance du terrain, on peut l’imaginer améliorer ce résultat en un podium, voire peut-être plus. Surtout s’il aborde ce dernier kilomètre avec la même détermination que celle entrevue à la Piazza del Campo de Sienne, lors des Strade Bianche.

*** Dan Martin et Tom-Jelte Slagter : Ne pensant qu’à conserver son titre à Liège et au prochain Giro s’élançant de Belfast, l’Irlandais touché au genou a abandonné l’Amstel, par précaution. Au pied du podium de la Flèche l’année dernière avant de s’adjuger la Doyenne, Martin sait qu’il a les capacités pour viser mieux sur ce genre d’arrivée, mais préférera peut-être donner libre court à son coéquipier néerlandais. Tout aussi punchy dans son style et favorisé par la distance qui effleure seulement les 200 kilomètres, Slagter, très en vue sur Paris-Nice, est tout aussi légitime.

*** Jelle Vanendert : Il avait disparu des écrans radars ! L’ancien compagnon de fortune de Philippe Gilbert est réapparu, ressuscité dans l’ombre de son ancien leader à Valkenburg, décrochant une inespérée deuxième place sur la ligne. Et la Flèche, il connaît encore mieux. Sixième en 2011, quatrième en 2012, sa forme n’est pas encore optimale selon ses propres dires, mais c’est un candidat très sérieux qu’il faudra surveiller de près. Poids plume, le Mur de Huy lui convient à merveille.

– A ne pas sous-estimer

** Bauke Mollema : Très régulier sur les classiques en général, Bauke Mollema a déjà réalisé de belles performances sur la Flèche Wallonne ces dernières années? et pourrait jouer les troubles-fêtes. Cependant, le Batave ne semble pas aussi explosif que l’armada hispanique qui se présente au départ de Bastogne, et on l’imagine mal vainqueur. Mais si jamais la course se décantait avant la dernière ascension du Mur de Huy, qui sait ?

** Diego Ulissi : L’équipe Lampre s’est complètement loupée sur l’Amstel. Forte sur le papier d’un trio redoutable constitué de Costa, Cunego et Ulissi, elle n’a pu peser sur le déroulement de l’épreuve et les résultats furent nettement en deçà de leur espérances. Mais sur la Flèche, le leadership ne devrait pas être partagé. Parce qu’Ulissi est sans doute le plus amène à faire un coup sur le Mur de Huy : spécialiste des classiques et très à l’aise en dessous de 200 kilomètres, les voyants sont au vert pour le Toscan.

** Julian Arredondo : La recrue colombienne de la Trek a crevé l’écran en début d’année 2014, que ce soit au Tour de San Luis ou sur Tirreno-Adriatico. Fort d’un démarrage tout aussi impressionnant que ceux de ses compères Quintana, Betancur ou Henao, l’ancien coureur de Nippo vient ici pour faire ses gammes avant d’avoir carte blanche sur le prochain Giro. Une trajectoire qui rappelle celle d’un certain Carlos Betancur. On se souvient tous de comment cela s’était terminé en haut du Mur…

* Vincenzo Nibali : Le Sicilien a quelque peu délaissé sa soif de victoires sur les courses par étapes intermédiaires en même temps que son appétit pour les classiques printanières. Parce qu’en 2014, il n’y a qu’un objectif, le Tour. Logiquement à la traîne sur l’Amstel, il sera toutefois intéressant d’observer le Squale, quatre jours avant la grande messe de Liège. D’autant que le leader d’Astana n’est pas clairement identifié. Gasparotto et Iglinskiy loin de leurs temps de passages de 2012, Nibali pourrait tenter le coup à Huy.

* Michael Albasini : Faisant l’impasse pour mieux préparer la Doyenne, Simon Gerrans laisse les clés du bus Orica-GreenEdge à l’expérimenté classicman suisse. Dauphin de Joaquim Rodriguez en 2012, le vainqueur du Tour de Catalogne cette même année aime la Flèche wallonne, mais ne semble plus aussi performant qu’il y a deux ans. Cependant, il reste un fin tacticien capable de sortir de derrière les fagots dans la montée finale.

Mentions : Samuel Sanchez, Ivan Santaromita, Julien Simon, Merhawi Kudus, Warren Barguil, Mikel Nieve, Sébastien Reichenbach, Davide Villella, Frank Schleck et Roman Kreuziger.

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