Après 200 kilomètres parsemés de monts et secteurs pavés, Greg van Avermaet a enfin levé les bras sur la tant attendue classique d’ouverture du calendrier belge. En compagnie de Peter Sagan, Tiejs Benoot, Luke Rowe et de l’impressionnant Alexis Gougeard, échappé depuis le départ, le Flamand a confirmé la tendance observée depuis le coup d’envoi de la saison en janvier. Aucun temps mort et des coureurs très affûtés, ce qui ravit les observateurs.

Le meilleur hiver depuis bien longtemps

Disputé sous des conditions météorologiques plutôt agréables, le 71ème Omloop Het Nieuwsblad a échappé à la pluie et aux chutes de neige, qui ont marqué les éditions 2013 et 2014, et offert un spectacle de qualité. Ainsi, la sélection s’est opérée rapidement au gré des attaques et des stratégies collectives. L’an dernier, on se réjouissait de voir Tom Boonen en condition, attaquant à quarante kilomètres de l’arrivée. Tout s’est décanté encore plus tôt cette fois. À Gand, le petit groupe qui s’est joué la victoire s’était constitué grâce à l’attaque du Britannique Luke Rowe dans le Taaienberg, à exactement 53 bornes de la ligne d’arrivée. Il y avait bel et bien une volonté d’en découdre, et de se tester. Ceux qui ont choisi de se cacher l’ont payé cash. Ceux que l’on attendait en cas de sprint, comme Kristoff ou Hofland, n’auront pas eu leur mot à dire, laissant le champ libre aux spécialistes des grandes offensives. Sur les pavés, personne n’aura pu s’économiser et jouer au filou, chacun accélérant à son tour le tempo de l’échappée au moment de prendre son relais. L’occasion de repérer les forces en présence, et de constater que tous ont déjà brillé de manière différente lors des précédents rendez-vous.

Le vainqueur, Greg van Avermaet, n’eut cesse de concurrencer Edvald Boasson Hagen au Qatar et en Oman. Tiejs Benoot, troisième, avait montré, dans l’ombre des stars, qu’il pouvait répondre présent sur tous les terrains en Algarve et au Challenge de Majorque. L’épreuve espagnole, d’ailleurs, avait gratifié les suiveurs d’un festival de la part des coureurs renommés engagés. Fabian Cancellara avait sorti un numéro sur le Trofeo Serra, battant Kwiatkowski, le même Benoot, et Alejandro Valverde. On peut encore citer Adrien Petit, septième de cet ancien Het Volk, surmotivé après ses succès en Afrique. Globalement, les hommes forts ont tous scoré et marqué leur terrain. Difficile de trouver un coureur aux avants-postes ce samedi mais qui ait manqué sa reprise. Peter Sagan, satisfaisant deuxième mais pas encore gagnant depuis le Nouvel An, fait presque figure d’exception. Les températures anormalement élevées et le climat ensoleillé des mois de novembre et décembre y sont pour beaucoup. La conjoncture a favorisé un afflux exceptionnel de coureurs des quatre coins de la planète pour le rivage méditerranéen, qui a connu un net regain d’intérêt.

Cap sur les Monuments

Tout cela laisse donc penser que Paris-Nice et Tirreno-Adriatico, prochains rendez-vous importants, seront riches en événements. Mais pour revenir à nos classiques, il est important de noter que les hommes rapides semblent moins disposés à venir titiller les purs flahutes. Touché par un terrible accident avec le reste de son équipe, John Degenkolb ne pourra sûrement pas défendre son titre sur Paris-Roubaix. Pour Alexander Kristoff, la voie semble moins royale que l’an passé. Revenu changé de son sacre aux Mondiaux de Richmond, Peter Sagan est lui déterminé à ne faire aucun cadeau à ses adversaire, malgré une pointe de vitesse qui pose question. Preuve en est, Greg van Avermaet, maudit à peu près partout, a conjuré le sort, et apparaissait relativement peu fatigué après cinq heures de course. Longtemps ordonné par l’incroyable suprématie qu’exerçaient Tom Boonen et Fabian Cancellara, le tableau du printemps est en transition. Quand l’avènement des monstres polyvalents paraît irrésistible, ce Het Nieuwsblad, montre qu’une autre voie reste possible.

Demain, Kuurne-Bruxelles-Kuurne sera à analyser sous le même angle, avec plusieurs possibilités de course. Verra t-on un homme aux jambes de feu décanter la course dans les passages les plus difficiles, ou une armada cadenasser le déroulement de la journée ? Le beau spectacle de ce samedi laisse en tout cas définitivement derrière nous la période de préparation. Il est temps de nous plonger dans le vif du sujet, avec en ligne de mire Milan-Sanremo, Gand-Wevelgem, et l’enchaînement Ronde-Roubaix. Sur des bases aussi rapides que celles de ces premières semaines de course, les coureurs ne sont plus à la recherche d’un simple résultat. Seule la victoire compte. Un état d’esprit généralisé, principale raison d’un engouement contagieux. L’immense majorité des passionnés sont en effet d’accord pour clamer qu’on ne s’est pas ennuyés un seul instant depuis le départ de la saison donné en Australie.

 

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