Ces dernières années, les organisateurs du Giro avaient pour habitude de nous servir des parcours incroyables, mêlant souvent montagne et montagne plus que montagne et plaine. Pour 2014, on s’attendait donc à la suite logique du parcours de l’an dernier. Mais de façon plutôt surprenante, RCS nous offrira un parcours plus homogène qu’à l’habitude, qui conserve une dernière semaine affolante, mais qui permettra aussi aux non-grimpeurs de s’exprimer, pour une fois.

Objectif, attirer les sprinteurs

Depuis plusieurs années, la course rose voyait les spécialistes de l’emballage final déserter le plateau au départ du premier grand tour de l’année. La faute à des parcours trop difficiles, qui offraient aux sprinteurs peu d’occasions de lever les bras, et des chances très réduites de remporter le maillot rouge au bout des trois semaines de course. Pour 2014, Michele Acquarone et son équipe ont donc décidé de proposer une première semaine plus tranquille. Après le contre-la-montre par équipes d’ouverture à Belfast, quatre étapes de plaine seront au programme. De quoi ravir Mark Cavendish, qui pourrait ainsi se présenter au départ d’Irlande pour une troisième année consécutive. Et cette fois, il pourrait être suivi par ses rivaux, en vrac Kittel, Greipel ou Sagan, qui sont eux peu habitués à se rendre sur le Giro.

Par la suite, les étapes dédiées aux hommes les plus rapides du peloton se feront plus rares, et seront plus casse-pattes. Mais certains sprinteurs à l’aise dans les courtes bosses pourraient poursuivre l’épreuve pour espérer tirer leur épingle du jeu sur ces quelques étapes. C’est donc assez intelligemment que l’organisateur RCS a dessiné un parcours légèrement plus favorables aux bolides de la dernière ligne droite que les années précédentes. Un long chemin de croix qui nécessitera du temps pour parvenir à attirer de nouveau tous les cadors de la discipline, mais un changement obligatoire pour que l’épreuve ne sombre pas dans une routine de course « trop montagneuse ». Si Mark Cavendish, seul sprinteur de renom présent sur les deux dernières éditions, est accompagné par quelques autres pointures, ce ne peut être que bénéfique pour la course rose.

Une montagne malgré tout omniprésente

Surtout que l’organisation n’a à coté de ça pas oublié la montagne. Lorsque les étapes ne sont pas pour les sprinteurs, elles seront très souvent pour les leaders, avec des arrivées presque systématiques au sommet des plus grands cols transalpins. Montecopiolo, Sestola, Oropa et Plan de Montecampione, tout ça avant la dernière semaine, les coureurs verront l’Italie de haut. Les paysages s’annoncent sublimes, et l’effort douloureux. Surtout qu’il faut ajouter à cela un long contre-la-montre de 46 kilomètres vers Barolo, qui pourrait faire des différences importantes au classement général, comme ça avait été le cas pour le chrono de Saltara cette saison. Et tout ce programme est concentré dans les deux premières semaines de ce Giro 2014. Comme souvent, le meilleur est gardé pour la fin avec une dernière semaine dantesque.

Après une journée de repos, qui interviendra déjà suite à un week-end chargé, les coureurs auront droit à l’une des étapes phares de cette édition 2014. Alors que l’an passé, l’étape menant à Val Martello avait été annulée, les organisateurs l’ont remise au programme. Avant la dernière ascension, le peloton devra donc franchir le Gavia puis le Stelvio. Un enchaînement incroyable que les organisateurs veulent absolument offrir aux coureurs et aux spectateurs. S’en suivra une étape de transition vers Vitorrio Veneto avant une nouvelle journée de haute montagne, dont l’arrivée sera jugée au Refuge Panarotta. Puis viendront les deux jours qui pourraient être les plus importants de l’épreuve si la victoire est encore indécise. A deux jours de l’arrivée, un chrono en côte de 26 kilomètres vers le Monte Grappa sera un nouveau terrain d’expression pour les grimpeurs, avec des pentes allant jusqu’à 14 %.

Enfin, à la veille du défilé final dans les rues de Trieste, le mythique Monte Zoncolan sera à gravir. Comme l’apothéose d’un Giro 2014 qui aura forcément été spectaculaire. Longtemps, on a cru que le géant col italien serait escaladé à deux reprises, comme ce fut le cas pour l’Alpe d’Huez sur le dernier Tour de France. Finalement, RCS, sûrement pas inspiré par le déroulement de l’étape sur la Grande Boucle, a préféré ne faire passer les coureurs qu’une seule fois sur les pentes du col du Frioul. En effet, les pentes à plus de 20 % suffiront à fatiguer les organismes en un seul passage, surtout après plusieurs semaines de course. De quoi faire la décision finale si elle n’est pas faite, ou bien nous offrir, une dernière fois, une ascension spectaculaire au milieu des tifosi transalpins. Car c’est bien là qu’est l’unique certitude du prochain Giro. Après une mise en jambe progressive, le spectacle ne pourra qu’être au rendez-vous, avec un terrain d’expression qui ne semble exister que de l’autre côté des Alpes.

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