Le cyclisme est un sport de légendes. Et les dossards y ont leur place. Ces morceaux de tissu accrochés à l’arrière du maillot des coureurs permettent au jury, suiveurs et spectateurs d’identifier ces champions. Le dossard numéro 1 est sans doute le plus connu et le plus prestigieux. Mais le 51 est presque tout autant chargé d’histoire. Grâce à quelques champions seulement, il est rentré dans l’histoire du Tour.

Merckx, le précurseur

Si quelqu’un devait inscrire les premières lignes de cette formidable histoire, ce ne pouvait être personne d’autre que le plus grand cycliste de tous les temps, Eddy Merckx. Lors de sa première et formidable victoire en 1969, il rafle tout sur son passage et empoche le classement général, le classement par points et le classement du meilleur grimpeur avec le dossard 51. Il domine outrageusement tous ses adversaires en remportant six étapes et en repoussant le deuxième, Roger Pingeon, à près de 18 minutes. L’histoire est en marche et il sera le premier, quelques années plus tard, à égaler Jacques Anquetil avec cinq victoires sur le Tour. Il lance sans le savoir un nombre magique qui va sourire à ses plus grands rivaux, et le faire tomber six ans après.

Ocaña, enfin vainqueur

Luis Ocaña était le grand rival de Merckx en ce début des années 1970. A son meilleur niveau lors du Tour de France 1971, il est en jaune et dans la forme de sa vie lorsqu’une terrible chute dans la descente du col de Menté l’oblige à abandonner. Le Cannibale file alors vers son troisième succès consécutif, plus personne ne pouvant le concurrencer. Mais l’Espagnol va saisir sa chance en 1973. Muni de ce dossard en passe de devenir un mythe, il bénéficiera de l’absence du Bruxellois, chassé de la Grande Boucle par l’animosité des supporters, pour remporter six étapes et le général. Sans opposition à la hauteur de son talent, le porteur du « dossard anisé » – appelé ainsi par l’écrivain Antoine Blondin – triomphe. Et le 51 commence à retenir l’attention.

La chute du Cannibale

L’exploit de Bernard Thévenet est lié à Merckx. En 1975, il est à la tête d’une équipe Peugeot bien décidée à faire tomber le Belge. Avec le dossard 51 accroché au maillot du Grenoblois, c’est une page du cyclisme qui s’écrira sur la route de Pra-Loup. Dans une étape dont le final est identique à celle de cette année, Merckx attaque juste avant le sommet du col d’Allos et fait la descente à bloc. Largement en avance au pied de la dernière ascension longue de six kilomètres, il est victime d’une défaillance et abandonne la précieuse tunique de leader à Thévenet. Pour finalement ne plus jamais la retrouver et subir sa première défaite sur les routes du Tour. Un revers infligé par le porteur du 51, le dossard qui l’avait hissé vers les sommets.

La naissance du Blaireau

Il aura fallu attendre 1978 pour voir Bernard Hinault sur le Tour de France. Cela faisait deux ans qu’on l’attendait sur les routes de juillet, mais il a attendu – contraint par son directeur sportif Cyrille Guimard – ses 23 ans avant de s’attaquer à la plus grande course du monde. C’est avec le 51 accroché à son maillot de champion de France qu’il réussit à prendre le maillot jaune à Joop Zoetemelk dans le dernier contre-la-montre à Nancy. Le premier de ses cinq succès, comme le grand Merckx, est donc acquis avec ce dossard 51. Une similitude de plus entre les deux plus grands coureurs de l’histoire.

Une Légende à entretenir

Ce dossard a aujourd’hui encore un côté mythique, alors qu’il a surtout marqué les années 1970. Depuis Hinault en 1978, personne n’a plus gagné avec. Pourtant, chaque année, on regarde attentivement qui porte le 51. Parce que c’est aussi ça le Tour, un ensemble de petites histoires qu’on ne peut oublier. Désormais, chaque fois qu’un coureur porte le dossard 51, c’est comme si ses chances de gagner augmentaient. Pourtant, Vincenzo Nibali n’avait pas fait mieux que troisième en 2012, malgré ce fameux dossard. Mais Nairo Quintana, numéro 51 cette année, pourrait redonner vie à une légende qui a marqué les plus belles heures du Tour.

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