Après trois semaines de course, pour certains, aussi bien au classement général que dans les gains d’étapes et les courses aux classements distinctifs, la cuvée 2015 s’est révélée être une bonne surprise. On ne les attendait pas aussi bien placés, ou même victorieux à autant de reprises, et pourtant ils ont fait mieux que prévu.

André Greipel / Lotto-Soudal

En décrochant tout simplement quatre victoires sur les cinq sprints massifs de l’édition 2015, le Gorille de Rostock n’a pas fait dans la dentelle. Certes, Marcel Kittel, qui restait sur huit victoires en deux éditions avec a la clé deux bouquets consécutifs sur la plus belle avenue du monde, était absent. Mais la performance de l’autre Allemand n’en demeure pas moins impressionnante. Enchaînant pour la première fois de sa carrière le Tour d’Italie avec le Tour de France, Greipel a tenu une telle cadence pour clore le mois de juillet avec un total de cinq victoires supplémentaires sur les Grands Tours. Surtout, après avoir maté la génération italienne de sprinteurs, il a successivement relégué Kristoff, Degenkolb, Sagan et le maître déchu Cavendish au rang de faire-valoir, bien que ce dernier ait sauvé l’honneur à Fougères. Pointant toujours le bout de son nez au moment parfait, Greipel a installé sa mainmise sur le sprint mondial en cet été, et semble à 33 ans, fructifier comme jamais ses qualités athlétiques innées. On attend avec impatience les prochaines joutes entre les bolides, on espère, tous à 100% de leurs capacités.

Alejandro Valverde / Movistar Team

Depuis le début de sa carrière, Alejandro Valverde n’a jamais été très chanceux sur le Tour de France. Souvent dans le coup, prêt à se mêler à la lutte pour le maillot jaune, il s’en est toujours fallu d’une bordure, d’une chute, ou de pépins par-ci par-là pour que le Murcian soit éliminé de la course au podium. Détenant plusieurs tops 10, El Imbatido a enfin conjuré le sort en 2015, s’octroyant enfin à 35 printemps le droit de monter sur le podium final de la Grande Boucle, à Paris. Cela intervient alors que personne ne l’imaginait réaliser pareille performance. Désigné comme équipier de luxe du  jeune et aérien colombien Nairo Quintana, Valverde, a réussi à faire son petit bout de chemin, tenu le choc dans les Pyrénées et dans les Alpes, mêlant à la fois objectif personnel et tactique collective. S’il ne s’est sans doute pas entièrement sacrifié pour le maillot blanc et dauphin de Christopher Froome, Valverde, a au moins réalisé son rêve de toujours. Et c’est bien cela qu’il retiendra, avant d’aller croiser le fer une fois de plus sur la Vuelta et les Championnats du Monde.

Robert Gesink / Lotto NL – Jumbo

Au départ d’Utrecht, hormis quelques passionnés bataves, qui aurait misé sur Robert Gesink pour la sixième place du classement général ? Le natif de Varsseveld a déjo ué tout les pronostics, et opère son grand retour sur le devant de la scène après une multitude de soucis personnels et physiques. Plus revu à un tel niveau en montagne depuis 2010, ou il termine quatrième sur les Champs après le déclassement de Contador et Menchov, et 2012, qui le voit se classer sixième d’un Tour d’Espagne, Gesink avait du faire avec une arythmie cardiaque en 2014, et les déboires de sa femme, hospitalisée en pleine Vuelta 2014, alors que le Néerlandais, tenait bon dans les dix premiers. Grâce à un programme de courses inédit, démarrant véritablement sur le tard au Tour de Romandie, l’ancien grand espoir du cyclisme mondial a retrouvé un joli coup de pédale à travers le Tour de Californie – il finit cinquième, ndlr -, le Tour de Suisse – il finit neuvième, ndlr -, et donc ce Tour de France 2015. Anticipant le show de Froome dans l’ascension de la Pierre-Saint-Martin, Gesink s’est placé ce jour-là au général, et n’a plus quitté sa sixième place pendant les difficiles étapes alpestres. Une performance qui fait office de soulagement, pour un coureur qui s’est retrouvé affaibli par le passé, et qui montre aujourd’hui ses excellentes facultés mentales.

Mathias Frank / IAM Cycling

Révélé à l’occasion de la saison 2013, quand il évoluait encore chez BMC, Mathias Frank avait soif de revanche en 2015. Deuxième de son tour national derrière Rui Costa et victime d’une chute dans les Vosges alors qu’il disputait son premier Tour de France en tant que leader chez IAM Cycling en 2014, le Suisse avait à coeur d’effacer des tablettes son échec de l’an passé. Alors qu’on l’attendait plutôt à la limite en première semaine, et proche de la dixième place en fin de troisième semaine, Frank est allé chercher au courage sa huitième place, d’abord en flairant le bon coup à Pra-Loup, puis en résistant sans s’affoler dans les deux dernières étapes de montagne, assurément les plus difficiles. Âgé de 28 ans, Frank passe un nouveau palier sur trois semaines, et s’affirme comme l’un des coureurs en constante progression, méritant d’être cité parmi les bonnes surprises du mois de juillet.

Geraint Thomas / Team Sky

On connaissait le néophyte Geraint Thomas sprinteur sur le Tour de France 2010. Depuis, le Gallois d’origine a sensiblement évolué vers un profil de chasseur de classiques, excellant sur les pavés du Nord, mais également sur les courses vallonnées. Arrivé à maturité cette année, le garçon a notamment remporté le Tour de l’Algarve, terminé cinquième de Paris-Nice en étant d’un précieux soutien à Richie Porte dans les étapes décisives, et gagné de bien belle manière le Grand Prix E3 d’Harelbeke. En pleine confiance, le voici qui s’est prêté au jeu de la montagne. Surprenant cinquième en haut du glacier du Rettenbachferner à Sölden au mois de juin, puis deuxième du général du Tour de Suisse au coude à coude avec Simon Spilak, Geraint Thomas a tout donné pour son leader Froomey dans ces trois semaines de Tour de France. Au maximum de ses possibilités dans les Pyrénées, il était encore quatrième du général au soir de la seizième étape, à 6’34” de son ami maillot jaune. Prenant un tir vers la Toussuire en finissant l’étape dans le grupetto, Thomas semble pour l’instant bloquer en troisième semaine, terminant quinzième dans la capitale. Mais pour celui qui avait déclaré il n’y a pas si longtemps que son rêve ultime était d’imiter son modèle Bradley Wiggins, nul doute que les marques aient déjà été prises. Attention à lui pour les années futures.

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