Lors du Ronde, la Lotto-Soudal espérait une place d’honneur pour son leader Jurgen Roelandts, mais c’est un extraordinaire jeune belge de 21 ans qui lui a volé la vedette. Son nom était inconnu, mais sa performance est exceptionnelle : Tiesj Benoot a en effet accroché une cinquième place sur le premier monument de sa carrière professionnelle. Cette année, le néo-­professionnel avait certes déjà impressionné sur des courses mineures (troisième de l’Handzame Classic, quatrième du GP Samyn et sixième d’A travers les Flandres), mais personne ne s’attendait à ce qu’il décroche un top cinq sur une des courses les plus attendues de l’année. Censé découvrir les grandes classiques flandriennes, Benoot a finalement brillé. Et même lui ne s’y attendait pas : « Je suis sur un nuage pour l’instant, mentalement et physiquement, je me sens bien mais je n’avais pas rêvé d’un top cinq. »

Dans les livres d’histoire

Premier coureur à entrer dans le top cinq du Tour des Flandres pour sa première saison professionnelle depuis Freddy Maertens – deuxième en 1973 -, le natif de Gand a déjà marqué de son empreinte l’histoire du Ronde. A titre de comparaison contemporaine, Tom Boonen avait fini 24ème du Tour des Flandres et 3ème de Paris-Roubaix pour sa première saison, tandis que Fabian Cancellara, Peter Sagan ou encore Sep Vanmarcke ne s’étaient pas attaqués aux deux grandes flandriennes. Des chiffres qui illustrent la performance exceptionnelle de celui que ses coéquipiers surnomment déjà “le nouveau Museeuw”. Il est vrai que Benoot se rapproche du Lion des Flandres par sa polyvalence : bon puncheur, il pourrait même s’intéresser aux ardennaises. Cinquième de Liège-Bastogne-Liège Espoirs l’an passé, le Belge a d’autres cordes à son arc. Il devrait d’ailleurs prendre part à l’Amstel dès cette année.

Un programme très chargé, avec de grandes classiques, c’est peu habituel pour un néo-pro. Mais si Benoot bénéficie de ces prérogatives, c’est parce que déjà en 2014, il avait impressionné. Avant de découvrir le groupe professionnel de l’équipe Lotto, il avait été très présent sur les courses espoirs du début de saison. En plus de son accessit sur la Doyenne, il avait terminé troisième du Tour des Flandres, troisième de la Ronde de l’Isard et quinzième de Paris-Roubaix. Avant de continuer son ascension en fin de saison, avec une quatrième place aux Mondiaux Espoirs. Ces bons résultats lui ont offert le droit, à l’automne dernier, de disputer quelques courses reconnues avec les professionnels. Et déjà à ce moment-là, il avait prouvé son talent, même si ses performances étaient alors restées anonymes. Huitième de Binche-Chimay-Binche, tout près des Vanmarcke, van Avermaet, Degenkolb et Stybar, il avait enchaîné sur Paris-Tours. Dans le groupe qui arrivait pour la troisième place, il avait terminé 16e.

Un tempérament offensif

S’il n’a pas passé la journée à l’avant sur le Ronde, Benoot a malgré tout fait preuve d’une certaine audace. Après être resté au contact des leaders pendant toute la première partie de la course, grâce à un placement plutôt remarquable, il a pris sa chance : « Dans le Kruisberg, j’ai accéléré. Kristoff et Terpstra ont ensuite attaqué, il n’y avait rien à faire pour les rejoindre. » Puis il est allé chercher sa cinquième place avec panache : « A la fin, je suis sorti et seul Lars Boom a sauté dans ma roue. Il a pris le relais et nous avons rejoint l’arrivée ensemble, où je l’ai battu pour la cinquième place. » Celui qui a préféré les pavés aux gants de football ­- il était gardien dans l’équipe espoir de La Gantoise -­ est donc assurément un attaquant. Malheureusement, sur Paris-Roubaix ce dimanche, le jeune prodige de la Lotto-Soudal n’a pas réussi à confirmer, peut-être un peu juste physiquement mais surtout victime de deux crevaisons malvenues. Centième sur le vélodrome, il avouait être un peu déçu.

Du côté de Marc Sergeant cependant, on se satisfait pleinement de la campagne de Benoot, jusqu’ici bien au-delà des espérances. « Cet hiver, en stage, Tiesj avait déjà montré qu’il était un coureur avec beaucoup de classe, mais désormais, il l’a aussi prouvé dans une course comme le Tour des Flandres, s’est enthousiasmé le manager de Lotto-Soudal. Benoot a rivalisé sur ce Ronde avec le top mondial. » Mais le garçon, lui, veut garder les pieds sur terre. Entre le Tour des Flandres et Paris-Roubaix, il a été une attraction en Belgique, mais a joué de modestie pour ne pas risquer de décevoir. Alors qu’on lui prédit un avenir doré, lui continue d’ailleurs de suivre dès qu’il le peut des cours de sciences commerciales. A 21 ans, il se considère presque autant étudiant que cycliste professionnel. Mais compte tenu de son talent, il ne fait aucun doute qu’il va rapidement devoir mettre de côté les cahiers de l’université. D’autant que dès l’an prochain, ses progrès seront scrutés de près. Et pour le « nouveau Museeuw » comme pour tous, le plus dur sera de confirmer.

Buy me a coffeeOffrir un café
La Chronique du Vélo s'arrête, mais vous pouvez continuer de donner et participer aux frais pour que le site reste accessible.