À Vesoul, on attendait la victoire d’un homme fort qui aurait mis tout le monde d’accord dans l’une des deux côtes du parcours, décrit comme le plus difficile depuis de nombreuses années. Mais c’était bien vite oublier la deuxième moitié de circuit, roulante, qui pouvait permettre un sprint réduit. Dans une configuration de course fermée, Arthur Vichot s’est souvenu du mode d’emploi qui l’avait conduit à la victoire il y a trois ans. Un air de déjà vu, au moment de faire les comptes.

Les grands se sont marqués

Peut-être par excès d’optimisme, et une lecture trop hâtive du profil de ces championnats de France au seul dénivelé positif cumulé de plus de 4000 mètres, Thibaut Pinot et Julian Alaphilippe faisaient figure de grands favoris pour endosser le maillot bleu-blanc-rouge à la fin de la journée. Mais, au gré des circonstances, la course ne fut pas aussi animée qu’espérée. Debout depuis cinq heures du matin pour la plupart, avec un départ avancé à neuf heures, les coureurs ont eu du mal à se mettre en jambes , et retardé l’échéance au fil des tours de circuit. On a même cru un temps que l’échappée principale, partie après 100 kilomètres de course, pouvait se jouer la victoire, après le retour d’un groupe de contre intéressant, comptant notamment Pierre Latour. Endormis, ou tout simplement fatigués après un gros mois de juin où Dauphiné et Tour de Suisse furent particulièrement compliqués, les favoris ont sonné la charge à vingt kilomètres de l’arrivée, avec Julian Alaphilippe en première ligne.

Sauf que le feu follet d’Etixx, uniquement aidé par Maxime Bouet, positionné plus haut, a buté sur le mur de l’équipe au Trèfle, complété par les AG2R. Verrouillant le championnat depuis le départ, elles ont fait leur course, chacune, en espérant placer sur orbite le plus en forme du jour dans la dernière montée de la côte des Quatre Sapins. Esseulé, Alaphilippe fut le seul à vouloir sortir du poste d’observation occupé par Thibaut Pinot et Romain Bardet, qui n’ont pas pesé sur la course. De quoi tromper la vigilance des derniers rescapés, qui ont beaucoup trop hésité à suivre la contre-attaque de Tony Gallopin, emmenant avec lui Vichot et Vuillermoz. FDJ et AG2R aux avant-postes, seules Cofidis et Direct Energie pouvaient rivaliser en nombre. Encore leur fallait-il des coureurs adaptés à ce type de parcours et frais dans les derniers kilomètres pour perturber les plans des formations rivales. On peut trouver ça frustrant, mais la logique a primé.

Gallopin n’y arrive toujours pas

Dans un format minutieusement préparé lors du briefing d’avant-course, la manière dont le titre allait se décider s’est progressivement dessinée à mesure que l’on se rapprocha de la ligne d’arrivée. Restait alors à savoir quels coureurs allaient s’insérer dans les groupes, et si l’on allait avoir des troubles-fêtes. Profitant d’une belle entente jusqu’à la flamme rouge, Gallopin, Vichot et Vuillermoz, ont même compté jusqu’à cinquante secondes d’avance sur la quinzaine de poursuivants, cuits ou de mauvaise volonté. Ce qui a eu le don d’excéder Julian Alaphilippe, à chaque fois muselé par Bardet, Elissonde, Gautier, où Pinot en personne, qui ont déroulé le tapis rouge pour Arthur Vichot, spécialiste de ce genre de final. Ainsi, en passant la flamme rouge, deux des membres du trio de tête faisaient partie du bon coup de Lannilis, en 2013. Homme d’un jour, l’autre Franc-Comtois a dompté une nouvelle fois son copain francilien Gallopin, qui ne portera pas encore le maillot de champion de France sur les routes du Tour.

Pourtant favorisé par une course à l’écrémage poussif, le puncheur de la Lotto-Soudal n’a pas joué le coup aussi finement que Vichot, avare de relais dans les dernières lignes droites. Lançant le premier le sprint, le désormais triple médaillé de juin loupe ici une belle opportunité de décrocher un premier sacre national, quand on sait que la prochaine édition, à Saint-Omer, s’annonce très plate. Mais d’autres se sont bien plus loupés. Barguil, éclatant à Sölden il y a une semaine, termine en dehors du top 30, sans s’être signalé auprès des caméras de télévision. Ce n’était donc pas le grand feu d’artifice franco-français tant attendu. Et si certains s’étaient réservés pour le Tour, qui démarre dans six jours au pied du Mont-Saint-Michel ?

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