Le monstre. En deux jours, Steven Kruijswijk a écrasé le Tour d’Italie. Deuxième à Corvara ce samedi, il s’est emparé du maillot rose. Puis, de nouveau deuxième à l’Alpe di Siusi, sur le contre-la-montre en côte, il a frappé un très grand coup. Le voilà avec plus de deux minutes d’avance au général, alors que personne ne s’y attendait.

Répondre présent quand les autres ne le font pas

« J’avais un plan », expliquait le leader de l’équipe Lotto-Jumbo samedi soir. Mais il s’agissait de suivre Nibali et Valverde, grands favoris du Giro avant ce week-end dans les Dolomites. Finalement, témoin de la faiblesse des deux larrons, le Néerlandais a décidé de prendre la course en main. Bien lui en a pris. Face à des circonstances jusque-là très favorables, entre abandons et défaillances, il a su réagir à la perfection pour entamer la dernière semaine de course comme un maillot rose qu’il sera très difficile d’aller déloger. Pourtant, au départ d’Apeldoorn, le paletot de leader n’était en rien un objectif pour Kruijswijk. Mais après ces deux jours incroyables, il devient difficile de l’imaginer autre part qu’au sommet du podium à Turin. Un coup de projecteur auquel n’est pas habitué l’enfant de Nuenen, au sud des Pays-Bas. Si la course rose, sur laquelle il a déjà réalisé deux tops 10, est depuis toujours l’épreuve de trois semaines où il est le plus à l’aise, personne ne l’imaginait venir titiller les cadors à ce point.

« Quand j’ai senti que je pouvais à mon tour passer à l’attaque, j’ai tenté : par chance, c’était le bon timing », lâchait le principal intéressé samedi, après avoir pris le maillot rose. Des mots révélateurs. Il n’avait pas prévu tout ça, mais n’a pas hésité à sauter sur l’occasion lorsqu’elle s’est présentée. Lui qui ne compte que deux victoires chez les professionnels – l’Arctic Race of Norway en 2014 et une étape du Tour de Suisse en 2011 – se retrouve alors dans une position qu’il ne connaît pas : celle de celui que tout le monde chasse. Mais son incroyable chrono ce dimanche lui permet d’aborder sereinement une dernière semaine avec trois grosses étapes au programme. Ce hollandais volant pour le moment au-dessus des cimes italiennes est en pleine confiance. « Je vais faire attention à mes adversaires pendant les deux premières semaines et miser sur mes facultés de récupération pour le final », annonçait-il avant le grand départ. On arrive donc au moment de la course où Kruijswijk est censé être le plus costaud, ce qui ne doit pas rassurer Chaves, Nibali et les autres.

Finir comme l’an passé pour rester en rose

L’an dernier, déjà, c’était grâce à une dernière semaine tonitruante qu’il avait pu terminer sur les talons des cadors à Milan. Au soir de la treizième étape, il était 23e du général. Huit jours plus tard, après de nombreuses échappées – qui l’ont amené à décrocher quatre tops cinq et un podium d’étape -, il était remonté à la septième place. La preuve que le garçon sait gérer un grand tour, et se réserver pour les moments qui comptent. Ce week-end, indiscutablement, était alors un tournant à ne pas rater après une première partie d’épreuve où personne n’a fait d’écart. Steven Kruijswijk n’est pas passé à côté. Il n’a pas encore levé les bras, et ça ne s’est joué qu’à quelques centièmes ce dimanche. Mais si le succès doit continuer à le fuir jusqu’à l’arrivée turinoise en échange d’un maillot rose qui ne quitterait pas ses épaules, à n’en pas douter, Kruijswijk signerait tout de suite. Il serait alors, au passage, le premier néerlandais vainqueur du Giro. Pas mal, pour un garçon que personne n’attendait là.

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