La huitième étape était cochée depuis longtemps par les attaquants, qui y ont trouvé un terrain à leur convenance. En forçant l’allure, Alejandro Valverde a fait avaler la poussière des Strade Bianche à Tom Dumoulin, tandis que Gianluca Brambilla, récompensé pour son excellent début de saison, a décroché le maillot rose à Arezzo. Pour autant, les cartes vont être totalement redistribuées demain pour un contre-la-montre individuel prometteur, qui doit faire le tri parmi les prétendants à la victoire finale.

Balle de set pour Dumoulin

Même si pour le symbole, prendre le maillot rose devant ses fans néerlandais à Apeldoorn était quelque chose de spécial, le grand rendez-vous du Giro pour Tom Dumoulin aura bel et bien lieu demain. Alors qu’il nous rabâche depuis le Tour de Romandie qu’il ne vise que la victoire lors de cette étape chronométrée, le leader de Giant-Alpecin a enfin lâché un secret de polichinelle à Roccaraso, avouant avoir à l’esprit le classement général. En contrant Nibali lors de la première arrivée au sommet, il a envoyé un signe fort, mais les jambes, elles, ne semblent toutefois pas être aussi bonnes que durant la dernière Vuelta. Pour preuve, capable d’attaquer derrière Ulissi en Calabre et de se détacher avec Zakarin et Pozzovivo jeudi, Dumoulin avouait ne pas être dans un grand jour mercredi, et n’a pas suivi le rythme soutenu imposé par Alejandro Valverde et Vincenzo Nibali dans l’Alpe di Poti. Éjecté du top 10 ce soir, le voir reprendre le maillot rose demain après-midi est tout sauf improbable, puisque seulement 1’05” le sépare de Gianluca Brambilla. Le meilleur rouleur en lice sortirait alors vainqueur de la première semaine et prendrait déjà une option avant les Dolomites.

Nibali doit passer la vitesse supérieure

Manquant de lucidité pour la première arrivée au sommet de ce Tour d’Italie, Vincenzo Nibali n’a pas frappé de grand coup comme il en est capable en première semaine. S’il ne s’est pas fait surprendre, il n’a pas témoigné d’un coup de pédale aérien comme cela était déjà le cas en 2013, ou sur les pavés du Nord de la France il y a deux ans. Sur le plan comptable, le bilan demeure cependant satisfaisant. À neuf secondes d’Alejandro Valverde et vingt-deux d’Ilnur Zakarin, le Squale avait déclaré vouloir lancer les grandes manœuvres ce week-end. Devancé par le Murcian dans le col non goudronné, il s’est testé dans la descente, étirant le groupe des favoris. Mais c’est bel et bien sur les routes du Chianti qu’il compte piéger ses rivaux. Quand tout le monde attendait Wiggins, c’est bien Nibali qui s’emparait du maillot rose après 55 kilomètres d’effort, il y a trois ans à Saltara. Sur un tracé encore plus corsé, où la moindre faute devrait se payer cash, son expérience devrait faire la différence. Brillant sur les cronoscalata, l’Italien est toujours affûté sur les épreuves en solitaire en milieu ou fin de grand tour.

Rester sur la défensive, une stratégie difficile

Mikel Landa, Esteban Chaves, Domenico Pozzovivo, mais aussi Rafal Majka, sont restés extrêmement attentistes depuis le départ. À leur décharge, la haute montagne n’est pas encore pour tout de suite, mais une cartouche importante a déjà été grillée lors de la sixième étape. Et difficile pour eux d’invoquer l’argument d’un contre-la-montre leur permettant de rattraper leur retard. Car à la première journée de repos, combien d’entre eux seront encore parmi les dix premiers du général ? Derrière Tom Dumoulin, onzième, de bons rouleurs sont en embuscade, comme Amador, Jungels, sans oublier Ulissi, deuxième derrière Uran en 2014, et l’énigmatique Firsanov, dont on ne connaît pas vraiment ses qualités sur le vélo de chrono. À la vue du débours régulier concédé par les trois premier nommés, il n’y a pas tant de quoi se réjouir. Si le Transalpin d’AG2R la Mondiale a fait des progrès depuis son transfert en France, les autres, eux, corrigent péniblement leurs lacunes. Sur les 42 kilomètres reliant Barbaresco à Barolo, pour un parcours pratiquement similaire, Mikel Landa avait terminé à plus de neuf minutes de Rigoberto Uran ! Plus récemment, il avait perdu 4’15” sur Kiryienka en 2015, et quasiment 5′ sur Dumoulin en Espagne. Rédhibitoire pour la gagne ? Il est même prévu que la pluie se mêle aux débats. Alors pas question de regarder les paysages, c’est pour un marathon que les coureurs s’élanceront aux alentours de midi. Et rien d’autre.

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