Des envies d’ailleurs pour Chris Froome ? C’est le sens, en tout cas, des révélations de L’Equipe ce jeudi. Triple vainqueur du Tour sous les couleurs de l’équipe Sky, le Britannique envisagerait un transfert, éventuellement chez BMC. Mais Sky ne peut pas se permettre de laisser filer sa tête de gondole.

Quand Froome pâtit de l’image de Sky

Au départ de la cinquième étape du Dauphiné, ce matin, « Froomey » tenait à démentir. « C’est des conneries (« complete rubbish » dans le texte). Je ne sais pas d’où cela vient, a-t-il assuré à Cyclingnews. Je n’ai pas l’intention de partir, je n’y ai même pas pensé. Il n’y a pas eu de discussion avec Jim Ochowicz (manager de l’équipe BMC, ndlr). » On entend son explication. Mais on n’est pas obligé de le croire. A 32 ans et avec trois victoires dans le Tour de France, difficile d’imaginer que le garçon cherche un nouveau défi. Lui n’a qu’un objectif, inscrire le plus de fois possible son nom au palmarès de la Grande Boucle, quelle que soit son équipe. Et jusqu’à maintenant, c’est sous la coupe de l’équipe Sky que tout cela était possible. Mais les affaires de l’intersaison auraient changé la donne. D’après L’Equipe, les révélations des Fancy Bears et l’affaire du mystérieux colis livré sur le Dauphiné 2011 seraient à l’origine de tout.

L’image de la Sky est écornée, celle de Dave Brailsford, son manager, encore plus. C’est lui qui, semaine après semaine, s’est justifié face à la presse. C’est donc lui qui, petit à petit, a changé ses versions des faits pour coller aux nouvelles révélations. Et c’est lui qui a perdu une grande partie de sa crédibilité. Mais forcément, l’épidémie s’est propagée. « La crédibilité de Sky et de la Fédération britannique de cyclisme est en lambeaux », confiait récemment un des membres de la commission d’enquête de la Chambre des communes – celle qui planche sur l’affaire du colis. Logique, dès lors, que le plus grand champion de l’équipe anglaise se pose des questions sur son avenir. Depuis son éclosion au plus haut niveau, jamais une année n’est passée sans qu’il ne soit au cœur des suspicions. Toujours irréprochable, il a toujours dû se justifier davantage que les autres. En partie parce sa formation intriguait tout particulièrement. Alors les affaires qui viennent s’ajouter ne sont donc pas pour l’arranger.

Sans Froome, plus de Sky ?

Il pourrait aussi être question de loyauté, dirons certains. Sky a tout donné à Froome. Sans les méthodes et la confiance du staff, il ne serait sans doute pas un triple vainqueur du Tour. Mais la loyauté est un concept abstrait dans le cyclisme, où les sponsors viennent puis repartent, où les équipes disparaissent ou fusionnent. L’amour du maillot n’existe pas. Pas plus que l’amour à un manager pestiféré, ce que pourrait devenir Brailsford. D’ailleurs, le bail du sponsor Sky dans les pelotons court jusqu’en 2018 – comme le contrat de Chris Froome. Après ça, compte tenu de l’atmosphère générale, rien ne dit que le partenariat sera reconduit. Bradley Wiggins a été le premier anglais à gagner le Tour. La razzia de médailles a été assurée aux Jeux de Londres et Chris Froome a même écrasé la concurrence les années suivantes sur le Tour. Le travail a été fait. Pour le sponsor, il n’y a donc plus qu’un seul intérêt à rester : accompagner « Froomey » s’il venait à rentrer dans l’histoire. Mais si le garçon file ailleurs, il n’y a plus de projet. Et peut-être plus d’équipe Sky non plus.

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