Deuxième formation au nombre de victoires avec 44 succès, Sky a fait oublier la médiocrité de son exercice précédent. En 2015, que ce soit sur les grands tours ou sur les classiques printanières, l’équipe britannique a su répondre aux attentes.

Quatre raisons d’être satisfaits

Le Tour de Chris Froome. On lui annonçait l’enfer face à Quintana, Contador et Nibali. Certains refusaient même d’en faire le favori. Mais finalement, l’Anglais n’a pas trébuché. Il a été le plus fort quasiment de bout en bout de la Grande Boucle (on accordera une légère supériorité à Quintana sur l’étape de l’Alpe d’Huez), et s’est imposé avec la facilité que ses plus grands fans attendaient. Pourtant, il y avait cette année beaucoup moins de chrono qu’en 2012 ou 2013, lorsqu’il avait déjà brillé en juillet. Qu’importe, il s’est montré intouchable en montagne, ridiculisant la concurrence dès la première arrivée en altitude à La Pierre-Saint-Martin. C’est d’ailleurs l’unique succès de Froomey sur le Tour 2015 : par la suite, il n’a eu qu’à gérer des adversaires qui ont vainement tenté de renverser la situation. Une partition parfaitement récitée, qui n’a souffert d’aucune contestation.

Le début de printemps de Geraint Thomas. On le savait rouleur, puncheur et baroudeur, et on a appris à le découvrir grimpeur sur Paris-Nice, quand il est allé chercher une deuxième place au sommet de la Croix de Chaubouret. A 29 ans, le Gallois ne cesse d’étonner et a terminé cinquième de la Course au Soleil. Mais il ne s’est pas arrêté en si bon chemin, et il a véritablement cartonné sur les premières flandriennes. Lors du GP E3, il a été étincelant et sa puissance l’a mené seul vers une victoire significative. Puis sur un désormais mythique Gand-Wevelgem, il a aussi montré qu’il était l’un des plus forts lorsqu’il s’agissait d’affronter les routes belges, même s’il s’est fait avoir par la malice de Luca Paolini, terminant troisième. Résultat, il s’est imposé comme l’un des meilleurs spécialistes des pavés.

Sergio Henao a retrouvé sa place. Les épreuves de trois semaines, définitivement, ne sont pas faites pour le Colombien. Sa 22e place au terme de la Vuelta le montre encore une fois. En revanche, sur une semaine, il a de nouveau montré qu’il savait répondre présent, et on a semblé retrouver le Henao de 2013, avant ses problèmes de passeport biologique. Deuxième au Pays-Basque en début de saison, puis troisième en Californie, onzième en Suisse et huitième en Pologne, il a su profiter de chaque occasion. Mais il s’est aussi servi de cette saison, où la pression était focalisée sur Froome et Porte, pour se lâcher un peu lors des classiques. Septième de la Flèche et de Liège, neuvième en Lombardie, il a fait étalage de ses qualités sur des courses longues et exigeantes. C’est un profil qui manquait à l’équipe britannique.

Les accessits des “autres”. Souvent, les seconds-couteaux sont au service d’un leader unique, surtout chez Sky. Mais dès que l’opportunité leur est laissée de jouer leur chance, ils ne déçoivent pas. Mikel Nieve sur la Vuelta (8e), Leopold König sur le Giro (6e), Peter Kennaugh en Andalousie ou en Californie (6e et 9e) ont démontré qu’ils étaient capables de prendre la relève en montagne. De son côté, Vasil Kiriyenka a réalisé une saison tout à fait classique, mais sublimée par quelques chronos. Vainqueur de son championnat national du contre-la-montre, puis des Championnats d’Europe et enfin des Championnats du Monde – le point d’orgue de sa saison -, il a franchi et cap et laissé derrière lui ce statut d’éternel gregario.

Deux raisons d’être déçus

L’échec de Richie Porte sur le Giro. Son équipe a voulu lui faire confiance, mais il a trébuché. Et cette fois, pas d’excuse. Si sur le Tour 2014, il avait hérité du leadership sans y être préparé suite à l’abandon de Froome, cette fois, il avait lui-même axé sa saison sur le Giro. Du Tour Down Under (2e) à celui du Trentin (1er) en passant par l’Algarve (1er), Paris-Nice (1er) et la Catalogne (1er), l’Australien n’avait laissé que des miettes à ses concurrents. Parce que sur une semaine, on l’a compris, il est l’un des meilleurs coureurs que compte le peloton. Mais sur la course rose, il s’est complètement raté. Entre un changement de roue interdit avec son compatriote Simon Clarke et des défaillances inattendues sur le chrono de Valdobbiadene puis vers Madonna di Campiglio, Richie Porte a même fini par abandonner, alors qu’il pointait à plus de 35 minutes du leader Alberto Contador. Un échec significatif.

La fin de printemps de Geraint Thomas. On en revient donc au Gallois. Après un début de campagne de haute volée, on attendait de le voir à l’oeuvre sur les deux Monuments pavés de la saison, le Tour des Flandres et Paris-Roubaix. Et la déception fut au niveau des espoirs placés en lui. Encore très costaud sur le Ronde, il a tenté revenir sur la tête de course dans le Vieux Quaremont, en vain. Et comme on n’a généralement qu’une seule cartouche sur une course d’une telle envergure, il est ensuite rentré dans le rang pour terminer 14e, sans avoir eu la possibilité de jouer la gagne. Une semaine plus tard dans l’Enfer du Nord, ce fut encore plus tragique pour lui puisqu’une chute l’empêcha de montrer qu’il avait bel et bien les qualités pour briller sur l’une des courses les plus difficiles qui existe. Ce n’est sans doute que partie remise, mais cela n’enlève pas ce sentiment d’inachèvement.

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