Trop longtemps, on a démesurément attendu de Romain Sicard qu’il devienne un grand. La faute à un titre mondial chez les espoirs trop lourd à porter. Chez Euskaltel, le Bayonnais a donc erré, quatre saisons durant, avant de signer chez Europcar suite à l’arrêt de l’équipe basque. Mis en confiance et désigné leader pour la Vuelta, Sicard repart de zéro. A 26 ans, c’est peut-être ce qu’il lui fallait.

« Un nouveau départ »

C’est le principal intéressé qui le dit. En signant pour l’équipe vendéenne à l’intersaison, Sicard a choisi de revenir en France pour tenter de relancer une carrière très clairement en stand-by de l’autre côté des Pyrénées. Celui qui devait être un leader tricolore n’aura finalement jamais quitté son rôle d’équipier au sein de la structure basque, et en disant oui à Jean-René Bernaudeau, l’idée était alors d’évoluer. Rester en World Tour, mais découvrir autre chose, et même s’il semble en avoir peur, se voir confier quelques responsabilités. Fini l’excuse – réelle malgré tout – des pépins physiques, désormais Romain Sicard n’a plus le choix : il faut être performant. Parce que dans son nouveau rôle, Europcar compte sur lui pour accumuler les bons résultats et espérer demeurer en World Tour l’an prochain. Et après un début de saison discret, où il a été un précieux lieutenant pour Pierre Rolland sur le Giro, le Basque est attendu pour prendre les choses en main sur le Tour d’Espagne.

Parce qu’Europcar n’a pas vraiment un effectif de formation World Tour, l’ultime grand tour de l’année sera l’occasion de tester certains coureurs comme Berhane, Craven et surtout Sicard, donc. A 26 ans, Bernaudeau juge que le Français est dans ses meilleures années, et qu’il est temps pour lui de « découvrir le haut niveau avec quelques responsabilités. » Sur une course qu’il n’a disputé qu’une seule fois, en 2012, celui qui avait démarré en amateurs au VC Tarnos aurait donc de quoi appréhender. Mais il prend cette situation avec ambition plus qu’avec peur. « Je serai au départ avec la mentalité d’être au charbon tous les jours », confiait-il au journal L’Equipe. On n’en attendait pas moins de lui  tellement on a hâte de voir ce qu’il peut réaliser à la pédale et en pleine possession de ses moyens. Et surtout, avec un statut de leader, car c’est bien la première fois que le natif de Bayonne prendra le départ d’une course – et en plus d’un grand tour – avec un tel rôle.

Conscient mais libéré

Sicard, après trois saisons très compliquées, ne cherche pas à se cacher. « Je reviens de loin, je suis conscient que ça fait longtemps que je n’ai pas de résultat à l’échelon supérieur. Je reprends du physique, je me sens de mieux en mieux. A la Vuelta, j’irai chercher de la confiance pour l’avenir. Je me suis entraîné dans les Pyrénées pendant dix jours autour de la Mongie. » Motivé, le garçon a donc clairement une occasion à saisir, car si Europcar retrouve sa place en deuxième division l’an prochain, l’ancien champion du monde espoir peut sans doute faire une croix sur un statut de leader pour les grands tours compte tenu de la concurrence interne de Pierre Rolland. Ces trois semaines dans le pays qui l’a accueilli pendant quatre ans représentent donc un virage décisif dans sa carrière. C’est quand on ne l’attend plus vraiment qu’il doit définitivement franchir le pas, devenir celui que l’on a bien trop annoncé, certains qu’il finirait par y arriver.

Et il faut dire qu’il y a de quoi être plutôt confiant. Ou du moins un peu plus que ces dernières années, quand Sicard errait dans l’anonymat du peloton. Depuis les Championnats de France, fin juin, le Français a peu couru, préférant récupérer et se préparer discrètement. Après la Clasica San Sebastian, le Bayonnais a donc choisi le Tour de l’Ain comme ultime étape de sa préparation, et ça a été plutôt rassurant. Dans le coup sur les deux grosses étapes (onzième à Mont Jura et sixième à Arbent), il a terminé les quatre jours de course septième du classement général. Alors forcément, à quelques jours du départ de Jérez, l’espoir est permis. Sans pression, car Europcar ne souhaite pas inhiber son coureur. Mais de toute façon, selon son directeur sportif Lylian Lebreton, « la pression, il se la mettra tout seul la semaine prochaine… » Et on verra où ça mène. Peut-être très haut…

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