Après les Mondiaux florentins et juste avant le Tour de Lombardie, Gianni Savio s’est confié à la Chronique du Vélo. Il évoque évidemment les deux grosses épreuves transalpines de cette fin de saison, et nous parle aussi d’un petit jeune qu’il connaît bien pour avoir été son manager à Florence…

Costa, le plus intelligent

A Florence, on a vu une très belle course, je pense qu’il faut tirer notre chapeau à tous les coureurs, qui ont démontré encore une fois que les cyclistes sont de vrais athlètes. Ils ont été capables de faire 270 kilomètres sur un parcours très difficile qui comptait 3000 mètres de dénivelés, soit autant que les grandes étapes de montagne du Tour de France ou du Giro, le tout dans des conditions météorologiques incroyables. Alors félicitations à tous les coureurs, et encore plus à ceux qui ont été les protagonistes du final. Parmi eux il y avait Rui Costa, dont je pense que la victoire est la démonstration que le cyclisme est un sport fascinant, car imprévisible. Selon moi, dimanche ce n’est pas le plus fort qui a gagné, mais bien le plus intelligent. C’est une victoire méritée, Costa a conservé son calme et a été capable de parfaitement jouer le coup dans le final.

Malgré tout, je pense que certains coureurs ont eu beaucoup de malchance sur ce Mondial, notamment Nibali. Sans sa chute qui lui a coûté beaucoup d’énergie, il aurait sans doute eu la force nécessaire pour suivre Joaquim Rodriguez dans les derniers kilomètres. Il faut dire aussi que Purito a fait une grande course, et avec son compatriote Valverde, ils ont eu la malchance de se retrouver face à un Nibali en grande condition. Je pense que sans l’Italien, la course aurait été totalement différente. Et puis dans le groupe, il y avait Valverde, qui a eu un tout petit moment d’inattention. Moi je dis toujours à mes coureurs que dans le cyclisme, une seconde d’inattention où on se relaxe, ça peut coûter la victoire. Et c’est ce qui est arrivé à Valverde, il a été surpris par l’attaque de Costa. Alors c’est sûr que pour l’Espagne, se retrouver avec deux coureurs sur quatre dans le final, et terminer finalement deuxième et troisième, c’est une grande déception.

Une fin de saison marquée par le Tour de Lombardie

Je pense que le Tour de Lombardie pourrait être une revanche du Mondial. Mais Rui Costa, au Portugal, représente la nouvelle idole après sa victoire à Florence, et après une semaine à fêter son titre, il ne sera sûrement pas au top dimanche. Il sera là, mais surtout pour montrer son maillot arc-en-ciel, pas pour être l’un des candidats à la victoire finale. Au contraire, Joaquim Rodriguez, Alejandro Valverde, Alberto Contador – que j’ai vu très bien sur Milan-Turin -, sans oublier Vincenzo Nibali, seront présents. On aura alors peut-être une nouvelle bataille entre Italiens et Espagnols, mais avec cette fois une course d’équipe et non plus de nation.

Cependant, après l’ancienne classique des feuilles mortes, ce ne sera pas complètement terminé. Maintenant il y a le Tour de Pékin en Chine, pour le business avant tout, qui a pris le pas sur la tradition. Mais moi, je reste un romantique du sport. Bien sûr, je comprends très bien que le cyclisme aille s’exporter sur les autres continents. Mais la saison devrait se terminer avec le dernier monument de l’année. Je me rappelle que par le passé, on attendait de voir Paris-Tours, puis le Tour de Lombardie, qui terminait la saison. Ce n’est plus comme ça, et c’est dommage. Ce n’est plus vraiment la classique des feuilles mortes, malheureusement…

Godoy, un garçon à fort potentiel

C’était le plus jeune des participants aux Championnats du Monde, il n’a que 20 ans ! Alors dans mon briefing à mes six coureurs (Savio était le sélectionneur du Venezuela, NDLR), j’ai demandé à deux coureurs de penser au final, Carlos Ochoa et Jackson Rodriguez, les deux leaders de l’équipe. Malheureusement, ils ont chuté tous les deux et ont été obligé d’abandonner. Mais Godoy, lui, je lui avait demandé d’être dans la toute première échappée de ces Mondiaux. Il avait besoin d’acquérir de l’expérience, et en même temps il fallait montrer le maillot du Venezuela au monde entier. Mais il n’y a pas eu un simple coup de publicité pour le pays, car dans la côte du Fiesole, on a bien vu que c’était lui le plus fort, le plus généreux et celui qui animait la course. Il a un très gros potentiel.

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