Le Slovaque s’est un peu raté sur Milan-Sanremo, dixième à l’arrivée. Qu’importe, les flandriennes sont déjà là, et il faut tirer un trait sur la Primavera. A deux semaines d’un Tour des Flandres qui s’annonce haletant, Sagan a entamé sa saison sur les pavés par une victoire sur le GP E3. Cancellara et Boonen terminent loin, le challenger marque son territoire.

Un succès mentalement important

Les qualités de Peter Sagan, on les connaît bien, et clairement, le GP E3 est une course taillée pour lui. L’an dernier, il avait terminé deuxième, largement battu par un Fabian Cancellara déjà monstrueux. Cette fois, c’est bien lui qui a été le plus costaud. Physiquement d’abord, parce qu’il fallait suivre l’accélération de Geraint Thomas dans le Vieux Quaremont. Puis tactiquement, lorsqu’il a fallu gérer la supériorité numérique des Omega-Pharma Quick-Step, qui comptaient à l’avant Terpstra et Vandenbergh. Le Slovaque, qui se savait bien meilleur au sprint, a su contenir les attaques – avec l’aide d’un Thomas à la stratégie douteuse – avant d’aligner ses trois compagnons d’échappée au sprint. Une victoire de champion, en somme. Sagan n’a jamais été réellement inquiété par ses adversaires, et a semblé s’imposer presque logiquement. Pourtant au départ, le doute aurait pu subsister dans la tête du leader de Cannondale, moins d’une semaine après la déception de Milan-Sanremo.

En effet, ce vendredi matin, le Slovaque la jouait modeste, affichant ses objectifs mais refusant de trop s’avancer. « Si je peux répéter ma performance de l’an dernier, je serai heureux. Je ne vais pas prédire un résultat ou promettre quoi que ce soit. Les flandriennes sont des courses difficiles avec des adversaires talentueux. Je dois juste donner le meilleur de moi-même. » Le garçon rassurait même des observateurs presque inquiets d’un simple top 10 sur la Classicissima – le comble ! « Je suis très concentré et la déception de Milan-Sanremo est oubliée. » Si certains en doutaient, Sagan a mis les choses au clair pour sa rentrée sur les pavés du Nord. Un réalisme froid qui demande confirmation, mais qui tranche avec les quelques critiques qu’a pu essuyer le coureur de 24 ans, si polyvalent qu’on attend qu’il gagne partout où il court. Quoi qu’il en soit, dimanche, il sera sur Gand-Wevelgem, là où il avait décroché sa première classique World Tour il y a un an. L’occasion de réaliser un doublé significatif.

Des adversaires dispersés

Après les Trois jours de la Panne, il sera alors temps de disputer le Tour des Flandres, puis Paris-Roubaix. Deux monuments que Sagan a évidemment coché. Surtout le premier, où il avait « échoué » à la deuxième place la saison passée – derrière Cancellara, encore… Un rival coriace, qu’il faudra éliminer pour gagner. Bien entendu, comme ce vendredi, cela peut se jouer sur un coup du sort : un placement approximatif et une chute malvenue devant lui ont coûté au Suisse sa place dans le bon groupe. Mais les jambes étaient là pour Canci, qui est revenu et a remonté tout le monde comme pour montrer qu’il était bien là, le quatuor gagnant ayant déjà pris la fuite. Ce dimanche, le leader de l’équipe Trek aura sans doute un peu de mal à s’exprimer vers Wevelgem, la faute à un relief pas assez prononcé. Mais dans quinze jours, sur le Ronde, il sera sans doute le principal rival d’un Sagan qui monte en puissance au fil des semaines.

Vanmarcke aussi, a prouvé ce vendredi qu’il faudrait compter sur lui. Il faisait certes partie des perdants du jour, mais est sorti dans les derniers kilomètres pour rattraper Tony Gallopin et lui chiper la cinquième place. La performance peut paraître anecdotique sur le papier, mais le Belge a pu tester ses jambes. Et elles ont plutôt bien répondu. Reste une énigme : Tom Boonen. Son profil ressemble légèrement à celui de Sagan, et parmi les principaux favoris du Ronde et de Roubaix (on citera Sagan, Cancellara, Vanmarcke et Boonen), il est sans doute le seul à pouvoir battre le natif de Zilina au sprint. Mais encore faut-il qu’il soit en forme. Quatorzième d’A travers la Flandre, onzième de ce GP E3, Tommeke est encore loin d’être au top. Et on parle même d’une fracture au pouce qui pourrait venir gâcher ses prochaines semaines. A 24 ans et après un début de saison discret, Sagan s’annonce donc comme le principal favori de ces flandriennes. Pour peut-être enfin décrocher les succès attendus. Parce qu’avec lui, on en veut toujours plus.

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