Victorieux dès sa reprise sur les routes gabonaises de la Tropicale Amissa Bongo, le jeune belge Roy Jans a accepté de se confier à la Chronique du Vélo au sujet de ses perspectives pour 2014. Au sein de la nouvelle équipe Wanty – Groupe Gobert, le jeune homme qui ne se prend pas la tête, et il nous l’explique avec une étonnante simplicité. Entretien.

« Je me suis progressivement habitué »

Son histoire est somme toute, assez simple. C’est celle d’un jeune belge de 10 ans, fasciné par les courses professionnelles que réalise son père. Né à Bilzen, celui qui est désormais âgé de 23 ans a connu ses premières expériences à cette période. « J’ai eu mon premier vélo à 10 ans. Mais au début, c’était juste pour le fun, rouler pour le plaisir… » Avant tout un garçon qui ne se prend visiblement pas la tête, Roy Jans va au fur et à mesure prendre conscience des difficultés qui l’attendent. « J’ai finalement pris ma première licence à l’âge de 13 ans, puis j’ai disputé ma première course. C’était très difficile, cela n’avait vraiment rien à voir avec ce que j’avais pu imaginer. Mais, je m’y suis progressivement habitué. » Montant crescendo dans la hiérarchie du système complexe des espoirs en Belgique, sa première opportunité afin de montrer ce dont quoi il est capable intervient début 2012. Jans décroche un semi-contrat de stagiaire au sein de l’équipe AnPost – Sean Kelly, et son début est triomphal. « Mes premiers mois étaient fantastiques, j’ai rapidement gagné une 1.2, la Kattenkoers, une semi-classique belge du mois de mars qui est loin d’être facile. » Malgré ça, Roy Jans ne bénéficie pas encore d’un avenir certain dans l’équipe, et doute encore sur sa capacité à atteindre son rêve : devenir pro. Sa fin de saison le rassurera ! « J’ai rapidement eu de bonnes sensations durant cette année 2012, et ma fin de saison était encourageante, j’ai réalisé de bonnes performances sur le Tour de l’Eurométropole et sur le Slutijingprijs Putte-Kapellen (où il termine 10e, ndlr). »

Un apprentissage réussi dont le garçon n’est pas peu fier. Il a su « saisir les opportunités quand il le fallait” pour “réaliser [s]on rêve. » Mais si cette première année fut ponctuée de satisfactions, la deuxième, qui consistait plus ou moins à un second baptême du feu au rythme d’une Continentale Pro comme Accent Jobs – Wanty, le sera nettement moins. Le lancement très chaotique, dû à des conditions météorologiques excessivement mauvaises pendant les premiers mois. D’autant que Jans tombe malade. « Disons que la saison passée ne fut pas très bonne pour moi, je me suis surtout concentré afin de travailler au mieux pour mes leaders, et la chance n’était pas de mon côté. J’ai vraiment souffert du mauvais temps, puis en fin d’année alors que je me sentais beaucoup mieux, j’ai été victime d’une vilaine chute. » Mais pas de quoi dramatiser, puisque le coureur du Plat Pays « possédait toujours un contrat, et la confiance du staff. »

« La mise en action fut rapide »

Puis, l’équipe Accents Jobs a disparu, et une nouvelle ère a fait son apparition dans la carrière, déjà intense, de l’intéressé. Place à l’équipe Wanty – Groupe Gobert, reprenant les bases de l’ancienne structure de Jean-François Bourlard, mais au sein de laquelle on ne peut dénombrer que huit coureurs du collectif de 2013. Malgré tout, la mayonnaise a tout de suite pris, comme Jans le raconte, remarquant que tout le monde « essaye vraiment de franchir un niveau supplémentaire ; à l’entraînement, les gars roulent à fond et on sent la différence.” Et d’ajouter : “Entre coéquipiers, nous nous entendons tous à la perfection. » Le changement est aussi de taille dans les ambitions, puisque cette nouvelle équipe a de sacrés objectifs, et n’hésite pour cela pas à mettre en oeuvre les moyens nécessaires. « Tout a été amélioré, le matériel est bien meilleur, l’encadrement s’est renforcé, et l’ambiance est tout aussi excellente ! La mise en action ne fut pas trop compliquée, le stage de Benidorm nous a soudé, et on a fondé nos bases lors de la Tropicale Amissa Bongo. »

Cette course de rentrée aura donc été l’un des actes fondateurs de la nouvelle épopée des courageux belges en 2014, et si aucun objectif particulier n’était fixé, l’épreuve s’est vite transformée en un festival des hommes d’Outre-Quiévrain, remportant quatre étapes, par l’intermédiaire de Jérôme Baugnies, Frédérique Robert par deux fois, et… Roy Jans ! Notre homme a eu son mot à dire durant le festin gabonais, s’offrant la troisième étape et le scalp des Luis Leon Sanchez et autres Linus Gerdemann, ramenant en prime le classement par points à la maison, combiné au maillot blanc de l’excellent Marco Minnaard. « On ne pouvait pas rêver mieux, franchement on avait tous hâte de montrer le nouveau maillot, de faire plaisir aux nouveaux sponsors… Quant à la course en elle même, elle fut plaisante à disputer. Grégory Habeaux était très bien placé au général et on a pu contrôler le scénario de la plupart des étapes. C’est de très bon augure et cela montre que cet hiver s’est simplement très bien déroulé, comme prévu. »

Et pour la suite ? Il visera « les classiques de fin de saison.” “Je me sens toujours au mieux lors des tout premiers mois et pendant les courses de fin d’année. Je sais que si cela se finit au sprint, je serais protégé », confie-t-il. Jans espère aussi pouvoir bénéficier de l’élan de sa nouvelle équipe, désireuse d’un calendrier de très haut niveau. « On aimerait beaucoup participer à la Vuelta, en effet, mais on dépend des invitations des organisateurs. On sait déjà qu’on accédera aux plus belles courses du calendrier belge, on ira donc au Tour des Flandres, au Grand Prix de l’Escaut, à l’Eneco Tour. C’est le principal. » D’autant plus que celui qui est encore considéré comme un espoir en son pays bénéficiera d’un apprentissage accru sous la houlette de Björn Leukemans, qu’il considère comme un « vrai spécialiste des classiques flandriennes.” Car son rêve se situe bien ici. “Je rêve naturellement de pouvoir m’illustrer sur les pavés, mais je dois encore emmagasiner de l’expérience pour pouvoir avoir ma chance. Le mot d’ordre est de se motiver mutuellement à chaque courses pour nos leaders. Björn est un élément clé pour le sponsor et le futur de notre équipe, on se doit de l’épauler correctement. » Cependant, les classiques sont encore loin, et en attendant, Roy Jans pense – un peu – à lui. Alors, en cet hiver 2014 qui sourit aux belges, encore plus sur les routes françaises, il n’est pas dit qu’on ne revoit pas son nom en haut de l’affiche.

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