Avec le Catalan, c’est comme si rien ne changeait malgré les années. A 36 ans, Joaquim Rodriguez est encore un prétendant pour décrocher un podium sur le Tour. Il y a deux ans, il l’avait fait, et depuis, il a encore terminé quatrième d’une Vuelta. Alors forcément, pour juillet, on ne peut pas vraiment l’écarter…

Pourquoi il faut y croire

Il brille encore une fois par an. Dire que les années ne pèsent pas sur Rodriguez serait mentir, au moins lorsqu’on évoque les grands tours. Alors qu’il y a quelques années, il était capable de jouer le podium voire la victoire plusieurs fois dans la même saison (grossièrement, de 2010 à 2013), il ne semble avoir désormais plus qu’une cartouche par an. En 2014 par exemple, il s’est raté sur le Giro puis sur le Tour, ce qui lui a permis d’arriver plutôt frais à la Vuelta, et de terminer juste derrière un incroyable trio. Compte tenu de l’impasse qu’il a intelligemment faite sur le Tour d’Italie, Purito a donc toutes les raisons d’être optimiste pour juillet. Si tout ça ne garantit pas de le voir sur le podium ou même dans le top 5, il devrait au moins être physiquement en pleine possession de ses moyens – ceux d’un homme de 36 ans en tout cas.

Ses points de passages sont bons. Après un début de saison logiquement discret vu qu’il ne faisait pas le Giro, Joaquim Rodriguez a réalisé un joli printemps même si vierge de tout succès sur les ardennaises, avant une reprise elle aussi rassurante sur le Dauphiné. Après ses deux bouquets et sa victoire finale décrochés sur le Tour du Pays-Basque, Purito est monté crescendo sur l’épreuve savoyarde. Gagnant des places au général chaque jour, il a finalement terminé huitième, et pointé le bout de son nez lors de l’ultime étape, en attaquant dans les plus forts pourcentages de la montée vers Valfréjus. Si la victoire n’a pas récompensé l’Espagnol, il a fait étalage de qualités toujours présentes malgré les années, et tenu à se montrer optimiste après la course : « Je finis cette épreuve avec un sentiment très positif. Je me suis amélioré chaque jour, je n’ai pas chuté et j’ai gagné des places au classement général. »

Pourquoi on ne peut pas y croire

Les quatre fantastiques sont trop au-dessus de lui. Malgré ses accessits sur les grands tours depuis quelques années, il y a une constante pour Rodriguez : il ne bat presque jamais Quintana, Contador, Froome ou Nibali lorsqu’ils jouent les premiers rôles. Il y a à ça deux exceptions : la Vuelta 2012, où il bat un Froome totalement hors du coup après un incroyable mois de juillet ; et le Tour 2013, où il termine devant un Contador méconnaissable. Mais ça n’a jamais suffit à lui offrir la victoire. Alors bien sûr, parmi les quatre favoris, il n’est pas à exclure qu’un voire plusieurs connaissent des chutes ou des défaillances, mais sur le papier, c’est davantage avec les outsiders Pinot, Bardet ou van Garderen que Joaquim Rodriguez devra faire face, sans doute pour une place dans le top 5 plutôt que pour un podium.

Il n’est pas assez efficace. Des courses qui correspondent à Rodriguez et qu’il n’a pas gagné, on pourrait sans doute en citer des dizaines. Mais le Catalan a une carrière atypique, longtemps passée dans l’ombre d’un leader qu’il titille désormais en tant qu’adversaire. S’il a pu avoir un complexe d’infériorité durant ses années chez Caisse d’Epargne, Purito souffre aujourd’hui d’un terrible manque d’efficacité. Si ça lui a par exemple coûté des succès sur Liège-Bastogne-Liège, c’est aussi criant sur les épreuves de trois semaines. On a tous en tête son année 2012 notamment, avec le Giro et la Vuelta qu’il termine chaque fois sur le podium, alors qu’il était clairement en mesure de remporter les deux épreuves. Comme si à chaque fois, dans le money time, l’Espagnol craquait sans pouvoir opposer quelque résistance que ce soit à la perte d’un grand tour qui enrichirait considérablement son palmarès…

C’est statistique : il est (presque) trop vieux. Des vainqueurs de grands tours de plus de 36 ans, ils se comptent sur les doigts d’une main. En fait, il n’y en a même que deux : Chris Horner, sacré à 41 ans sur la Vuelta en 2013, et Firmin Lambot, vainqueur du Tour 1922 à 36 ans. S’il venait à gagner à Paris, Rodriguez entrerait donc dans les records, même s’il ne battrait pas Lambot – le Belge avait 36 ans et 131 jours au moment de sa victoire, alors que l’Espagnol aura « seulement » 36 ans et 74 jours à la fin du prochain Tour. On a donc du mal à y croire…  Toutefois, pour que Purito garde espoir, il peut se dire qu’en terme de podium, pas plus tard que l’an dernier, Péraud y est monté malgré ses 37 ans. Mais on ne va pas se mentir, les années jouent contre lui, et malgré une longévité incroyable, on sent petit à petit que le grand Rodriguez s’éloigne.

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